Dans Le Bon, la Brute et le Truand, le réalisateur Sergio Leone divise le monde en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. J’ai toujours eu une préférence pour ces derniers. Et à l’heure où les discours dominants donnent souvent raison à ceux qui tirent à bout portant, il me semble d’autant plus important de creuser sur les sujets qui nous concernent, nous intéressent ou nous échappent.
Je ne répéterai jamais assez que l’interview est un format idéal pour ça. On creuse seul avant une rencontre, on creuse ensemble pendant une conversation, et le résultat donne (je l’espère) matière à creuser. J’aime d’ailleurs comparer le travail de sélection des invités et thématiques de ma publication à la programmation d’un festival ou à la composition d’un DJ set — dont je vous partage mon expérience en fin de newsletter.
Et quelle joie de parler de ces deux éléments de comparaison dans une même édition ! Aujourd’hui, il va être question de cultures underground ou non, de petites et grandes échelles, du sens de la fête et des lendemains dans l’urne. Ça me fera toujours plaisir de parler avec quelqu’un de la joie des petites découvertes et grandes révélations du quotidien. C’est le programme du jour et je suis ravi de le partager avec vous.
Bonne lecture,
Benjamin
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🎙 INTERVIEW… Jean-Paul Deniaud
À chaque newsletter, je vous propose de découvrir le portrait et les idées de véritables plumes “With Attitude”. Aujourd’hui, j’ai le plaisir de recevoir Jean-Paul Deniaud, ancien rédacteur en chef puis directeur des rédactions de Trax [sur les musiques électroniques] et co-fondateur de Pioche! : un média sur les nouveaux récits de l’écologie par le prisme de la culture. Autant dire qu’entre tous ces atomes crochus et sujets de conversation à aborder, je suis très heureux de le voir rejoindre ma chère programmation.
Hello Jean-Paul et merci d’avoir répondu à l’invitation ! J’ai envie de commencer notre interview par une question rituelle quand je reçois un créateur de média dans la newsletter. C’est à propos du nom de ta publication : Pioche!. Peux-tu m’en dire plus sur les réflexions qui t’ont menées vers ce choix ? Pour ne rien te cacher, j’ai ma petite théorie sur le sujet. Et j’ai hâte de savoir si elle va se vérifier (rires).
Notre idée de départ avec mon ami Calixte de Procé, c’était de créer un média sur l'écologie qui parle à tout le monde. On voulait s’adresser à des gens qui ont une certaine sensibilité voire une curiosité pour le sujet, mais qui ne vont pas forcément lire des médias dont c’est la spécialité. On s’est alors mis à chercher un nom qui soit à la fois simple et évocateur, sans pour autant être trop connoté ou réducteur.
Je fais partie de cette génération de journalistes qui a grandi avec les titres de So Press [groupe de presse qui édite entre autres So Foot et Society]. J’adore les noms qu’ils ont trouvés pour leurs médias sur le sport : Tampon pour le rugby, Pédale pour le vélo, ou encore Dada pour l’équitation. C’est avec ces envies et inspirations en tête qu’on s’est mis à considérer “Pioche”.
On a tout de suite beaucoup aimé ce nom qui a plein de sens différents. Déjà, la pioche c’est le premier outil manufacturé du monde. Ça représente un travail simple et à la portée de tous : creuser. Et c’est précisément notre ambition sur le sujet de l’écologie. Et puis, il y a cette idée sous-jacente de recherche et de sélection. Ayant fait mes armes chez Trax, ça m’évoque forcément le digging propre aux DJs.
Bingo ! La référence au digging, c’était ça ma théorie (rires). D’ailleurs, ton passage d’une revue de référence sur la musique électronique à la création d’un média sur l’écologie m’intéresse beaucoup. Comment t’est venue l’envie d’écrire sur le sujet ?
À vrai dire, ce n’est pas tout à fait nouveau pour moi. Les sujets de société ont toujours eu leur place chez Trax. C’était déjà valable avant mon arrivée et c’est une direction que j’ai continué à creuser en tant que rédac’ chef puis directeur des rédactions. Et pour cause : de nombreux courants de musiques électroniques ont porté des enjeux politiques et sociétaux.
C’est vrai pour la house de Chicago, qui a commencé dans les clubs gays et a été à la pointe des luttes LGBTQIA+ et antiracistes. L’histoire de la techno est indissociable de la chute du mur de Berlin. Enfin, la naissance des rave parties en Angleterre a été une réponse directe à la politique de Margaret Thatcher — qui imposait en 1987 la fermeture des clubs à deux heures du matin.
L’histoire des musiques électroniques est associée à la confrontation politique, à la libération des mœurs, à la transformation du réel. Ça a toujours fait partie de son ADN et ça continue encore aujourd’hui. Le féminisme, la culture queer, la banlieue, l’altérité, et bien sûr la planète ont toute leur place dans la redéfinition actuelle de ce que veut dire “faire la fête”. Et sur ce point, l’écologie est davantage prise au sérieux par des acteurs de plus en plus nombreux au sein de l’industrie culturelle.
On a eu un exemple assez médiatisé la semaine dernière, avec le festival marseillais Le Bon Air qui a décidé de déprogrammer le DJ star I Hate Models censé venir en jet privé. Je pense également à l’influence d’un grand festival comme We Love Green, qui met de nombreuses voix et bonnes pratiques sous les projecteurs — pour l’industrie comme pour le grand public.
Mais surtout, il y a plein d’initiatives géniales à découvrir du côté des amateurs et des indépendants, que ce soit chez des organisateurs de free parties ou au sein de petits labels. C’est ce qui m’a passionné chez Trax et c’est ce qui me stimule dans le développement de Pioche! : découvrir les zones d’expérimentations qui forment une sorte d’avant-garde de la pensée sur les sujets écologiques et sociétaux.
Et c’est justement là que se trouve le lien entre les deux médias. Chez Trax, on a toujours eu cette envie de faire connaître les cultures underground au plus grand nombre. On avait plus d’un million de visiteurs par mois sur notre site alors qu’on écrivait sur des artistes et genres musicaux parfois obscurs. On avait cette volonté de transmettre notre passion et je suis hyper fier d’y avoir contribué au sein du média.
C’est une recette que j’ai voulu infuser dans Pioche! : partager des initiatives niches ou pointues en matière d’écologie au plus grand nombre. Et quoi de plus fédérateur que notre patrimoine culturel pour y arriver ? C’est comme ça que s’est dessinée la ligne éditoriale de Pioche!. On a également voulu se distinguer par la plume, avec une forme de journalisme culturel porteuse d’enthousiasme. Ce qui nous intéresse, c’est de parler d’écologie comme on parlerait d’une fête ou d’une sortie d’album.
La ligne éditoriale de Pioche! fait la part belle à des initiatives locales souvent issues de petits acteurs régionaux. Comment s'est décidé ce prisme spécifique ?
J’ai beau avoir vécu longtemps à Paris, je reste un gars de la campagne. J'ai grandi dans une petite commune de huit-cents habitants dans le bocage vendéen. J’en garde plein de souvenirs de jeunesse qui m’ont marqué, entre le ramassage de bottes de foin après l’école puis mes premiers boulots à l’usine du coin en attendant d’obtenir un équivalent du Bac — que je n’avais pas eu. Aujourd’hui encore, je reste très attaché à la campagne ouvrière dans laquelle j’ai grandi.
L’autre élément qui a nourri mon approche journalistique, c’est d’avoir fait mes premiers pas dans la presse quotidienne régionale. J’ai commencé par des CDD d’été à Ouest-France, à la Voix du Nord, à la Provence, ou encore au Télégramme. C’est d’ailleurs par la presse régionale que j’ai pris l’habitude de lire le journal. Et c’est aussi pour ça qu’on retrouve dans mon approche du métier une appétence naturelle pour le journalisme de proximité.
Je pense toujours à mes proches quand j’écris. En tant que journalistes, on a pour mission de rendre des papiers intéressants pour tout le monde — y compris pour celles et ceux qui ne connaissent rien au sujet en question. Et puis, ça me va aussi de m’affranchir de certains discours très parisiens sur ce que doit être la fête, la culture ou l’écologie.
Mes potes qui vont en free parties, ils connaissent Laurent Garnier et Carl Cox, mais pas forcément les derniers artistes et labels qui montent. Chez Trax, on avait pris le parti de savoir parler des deux. Car pour donner à des gens l’envie de creuser sur un sujet, il faut d’abord leur montrer qu’on a des choses intéressantes à dire sur ce qu’ils connaissent déjà.
Au fond, c’est pareil pour l'écologie. Quand on est journaliste, on doit se montrer capables de faire comprendre ses enjeux à tous types de publics. Rien qu’à mon échelle, ça me tient à cœur qu’un article de Pioche! puisse être lu par ma mère ou ma sœur et que ça puisse créer des conversations à la maison.
Moi-même, j’ai longtemps eu du mal à me sentir véritablement concerné par les initiatives écologiques qui ont lieu à l’autre bout du monde. Alors que quand il y a une belle idée dans le coin, c’est tout de suite plus concret. D’où l’importance de parler du prochain ciné-débat dans la ville d’à côté ou du nouvel éco-festival organisé par une asso locale. C’est comme ça que de plus en plus de personnes franchissent le premier pas et cultivent l’envie de creuser.
Enfin, l’ancrage régional de Pioche vient aussi de nos choix de vie respectifs au sein de la rédaction. Aujourd’hui, l’équipe est répartie entre Montpellier, Rennes, les Côtes d’Armor, sur la côte près de Perpignan, dans les vignes lyonnaises, ou encore dans une ferme tiers-lieu près de Roanne. Alors la question si chère au Ministère de la Culture de désurbaniser les prismes culturels et de revaloriser ce qui se passe en région, c’est quelque chose qu’on fait déjà naturellement à la rédaction.
En septembre, ce sera le quatrième anniversaire de Pioche!. Avez-vous opéré des changements de ligne éditoriale depuis sa création ?
Au départ, on était plutôt sur l’écologie du quotidien sur le fond, avec du journalisme culturel de proximité sur la forme. Notre priorité, c’était l’accessibilité. Ce n’est qu’au bout d’un an qu’on a mis la culture au premier plan. Entre-temps, de nombreux médias indépendants sur l’écologie ont gagné en maturité, ce qui nous a invités à resserrer la focale sur nos sujets de prédilection.
On s’est alors réorientés vers la culture au sens large, entre les arts, le sport, ou encore la gastronomie. On a eu envie de couvrir les acteurs, les (tiers-)lieux et les événements à l’avant-garde de la transition écologique du secteur. Forcément, on parle aussi beaucoup de musique vu que c’est de là qu’on vient. Reste qu’aujourd’hui, je sens qu’on arrive à la fin d’un nouveau cycle.
Notre grand questionnement actuel, c’est de savoir si on continue de parler de culture et d’écologie à travers un média destiné au grand public. Par expérience, je sais ce que ça implique de construire une large audience : une cadence à tenir de cinq à sept papiers par jour, une priorité à donner aux réseaux sociaux, le tout avec son lot de stress et de tensions à gérer. J’ai connu ça chez Trax et je ne suis pas sûr d’être prêt à voir ça de retour dans ma vie.
Et au-delà de couvrir les mutations du secteur, on peut aller plus loin en matière de sensibilisation et d’éducation. C’est pourquoi on envisage d’ajuster à nouveau notre ligne éditoriale, cette fois-ci pour s’adresser davantage aux professionnels des arts et du spectacle vivant. Ça nous permettrait non seulement de continuer à creuser sur les domaines concernés, mais aussi d’avoir l’opportunité de contribuer à les transformer.
J’imagine qu’un de vos enjeux éditoriaux doit être de veiller à tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à du greenwashing. Et même au-delà de ça, les événements et initiatives vertueuses peuvent avoir leur lot de contradictions — que ce soit dans leur programmation ou les sponsors qui les financent. Comment vous y prenez-vous pour choisir les acteurs que vous mettez en avant dans Pioche ?
C'est une question qu’on se pose au quotidien. Et la réponse est rarement binaire. Certaines initiatives sont vertueuses sur leurs sujets de prédilection, mais pas forcément sur le reste. Je pense par exemple à des gros festivals qui peuvent avoir des retombées économiques et sociales sur toute une région, mais vont pêcher au niveau de leur bilan carbone.
Pour autant, ça me semble essentiel d’avoir des lieux et moments où se réunir, se mélanger, se rencontrer et faire la fête ensemble. Si ça peut éviter à des gens de mettre un bulletin dans l’urne pour l’extrême-droite, alors ça me semble déjà une bonne chose. Mais tu as raison : la question des sponsors en particulier nous donne souvent matière à débattre au sein de la rédaction. Et les arbitrages ne sont jamais simples.
Notre approche, ce n’est pas de dégommer un festival qui fait un super travail pour sa région mais qui est financé par un sponsor très polluant. Ce n’est pas non plus de dire que tout va bien quand ce n’est pas entièrement le cas. Ça nous semble plus pertinent de pointer les bonnes pratiques desquelles s’inspirer, ainsi que les axes sur lesquels des acteurs de la culture font de réels efforts et progrès.
C’est un sujet qui me semble d'autant plus épineux que, dans la culture comme dans les médias, il est difficile de se passer de financements privés pour tenir son budget. Accepter ou non l’argent de tel ou tel sponsor est souvent une question de vie ou de mort pour un festival.
C’est aussi une question qu’on se pose aussi en tant que média. Aujourd’hui, Pioche! n’est pas financé par son lectorat mais par des partenariats. C’est un choix qui nous donne plus d’équilibre et de souplesse en matière de production éditoriale, dans le sens où ça ne nous impose pas une certaine quantité d’articles à publier et une cadence de travail effréné pour s’y tenir.
Mais ça pose évidemment la question de notre indépendance vis-à-vis de nos partenaires. Et c’est d’autant plus délicat quand on a une ligne éditoriale engagée autour de l’écologie et de l’impact au global. Pour tout dire, ce sont des questions qui nous traversent avec l’équipe en ce moment. C’est aussi pour ça qu’on envisage de passer d’une audience grand public à une cible professionnelle plus niche, à qui on pourrait par exemple proposer des abonnements payants spécifiques.
J’imagine que tu as aussi dû faire face à de tels enjeux en tant que co-organisateur du 2030 Festival [à Montpellier]. Et comme de plus en plus de médias se mettent à ce format, j’aimerais que tu me dises à quoi il faut faire particulièrement attention quand on se lance dans un projet comme ça.
Pour moi, tout part de l’envie de faire avec les gens qui sont déjà sur place. Quand tu découvres un nouvel environnement, la mauvaise approche c’est de débarquer avec l’idée qu’on vient apporter quelque chose de nouveau qui n’a jamais été essayé. Notre premier réflexe, ça a été de demander autour de nous s’il y a un moment dans l’année où les acteurs locaux de l’engagement se réunissent pour réfléchir ensemble autour de l’avenir de la ville.
On a vu qu’il y a un écosystème entrepreneurial et associatif très actif, mais aussi qu’il y avait quelque chose à faire ensemble. À partir de là, ça a été une collaboration basée sur les compétences, les envies et le réseau des acteurs qui ont souhaité embarquer dans le projet. À l’origine du 2030 Festival, il y a l’agence Patte Blanche côté conception et communication, la société Pléiade côté production, et nous avec Pioche! côté éditorial et programmation.
Pour tout dire, le festival a un budget proche de zéro : c’est que de la co-construction. Et c’est assez incroyable de voir tout ce qu’on peut faire avec l’agrégation des compétences de chacun. C’est ce qui fait la force de notre projet commun, qui est d’ouvrir un dialogue sur les transformations possibles et souhaitables pour la ville de Montpellier à horizon 2030.
Je voudrais revenir avec toi sur la question du retour au local. Au niveau politique, je pense que c’est une excellente chose de faire confiance et de donner plus de pouvoir aux acteurs du terrain. Mais à l’échelon individuel, on peut aussi voir cette tendance s’inscrire dans une époque caractérisée par un certain repli — sur soi, sur la sphère privée, sur ce qu’on connaît. Et comme les élections européennes arrivent, je voulais te demander : comment concilier revalorisation du local et mobilisation autour d’enjeux à plus grande échelle ?
Pour moi, le local est le grand oublié des politiques économiques et culturelles qui ont été menées ces dernières décennies. Comme je te le disais plus tôt, j’ai grandi à la campagne et j’ai passé une partie de ma vingtaine entre l’usine et le bâtiment. Si les menaces de l’extrême droite et de l’abstention planent sur ces nouvelles élections, c’est aussi parce que notre modèle économique et social est pour beaucoup un synonyme de paupérisation. Le tout, dans un contexte où les inégalités sont de plus en plus criantes et où vient s'ajouter cet enjeu crucial de l’urgence écologique.
Alors quand certains médias populistes parlent du déclin de la France, ça résonne pour beaucoup de gens avec leurs conditions de vie qui se dégradent. Dans ce contexte, il est facile pour l’extrême-droite de sortir la carte de l’écologie dite “punitive”. Car forcément, cette nouvelle injonction à devoir changer ses habitudes peut vite être assimilée à une double injustice. Non seulement les Français appartenant aux classes paupérisées sont les premières victimes du système en place, mais en plus ce serait à eux de faire les efforts face au changement climatique. Il y a là une violence économique et sociale que je trouve extrêmement forte.
D’où notre volonté avec Pioche! de parler du local et des régions autrement. Et c’est d’autant plus important de changer de discours sur ce qui se passe près de chez soi que les grands médias ont tendance à caricaturer les personnes issues des classes paupérisées comme des gens qui souffrent ou sont en colère. Mais quand on resserre la focale, on voit qu’il se passe plein de choses à petite échelle, que ce soit du côté de la culture, de l’écologie ou des solidarités.
En tant que média, ça me semble important de mettre davantage en lumière toutes ces dynamiques régionales par rapport aux gros titres sur la politique nationale. Avec Pioche!, c'est justement parce qu'on se soucie des problèmes à plus grande échelle qu'on a décidé de mettre le curseur sur le local. Pour moi, c’est en s’intéressant à ces grands oubliés qu’on refait société et qu’on renouvelle l’intérêt pour des enjeux politiques qui nous concernent tous.
Ça me rappelle un passage de mon interview avec Salomé Saqué [cf. PWA #69]. Celle-ci revenait sur un reportage de France 3 sur la sécheresse au printemps dernier dans les Pyrénées-Orientales. Dans l’extrait, on voit une personne âgée admettre qu’elle n’aurait jamais pensé que ça pouvait lui arriver à elle de ne plus avoir d’eau qui coule de son robinet. Et c’est hélas souvent quand un malheur nous arrive qu’on va s’inquiéter de la source du problème et se dire que l’heure est grave. D’où l’intérêt de prendre les devants et de sensibiliser autrement plutôt que d’attendre que l’intérêt se crée seulement après avoir payé les pots cassés.
Notre approche avec Pioche!, c’est justement de sortir des discours dominants sur l’écologie — parfois porteurs de la même idéologie qu’ils prétendent combattre — pour aller voir ce qui se passe ailleurs. Et donc, on va mettre le curseur sur des expérimentations dans le monde rural, sur des mouvements artistiques d’avant-garde, sur des milieux alternatifs et underground. L’idée, c’est de faire connaître les initiatives à la marge et les angles morts sur certains sujets.
Le 3 juin, on co-organise avec l’agence PerrineAM un événement au format similaire à la Convention Citoyenne avec soixante-dix influenceurs. L’idée, c’est de les amener à rencontrer des experts en amont des élections européennes sur des sujets comme l’écologie, l’économie, le féminisme, ou encore le droit. Côté intervenants, il y aura notamment Eva Sadoun et Timothée Parrique [cf. PWA #66] sur le volet économique, ou encore Victoire Tuaillon et Océan sur le genre et les masculinités.
Notre objectif avec cet événement, c’est d’échanger avec les personnes qui s’adressent le mieux à cette jeunesse qui ne va plus voter et les sensibiliser au fait qu’un certain nombre de décisions se font au niveau européen. Et par conséquent, de rappeler qu’il est très important d’aller voter le 9 juin.
C’est un message que je tenais moi-même à faire passer, donc je te propose de conclure sur ça. Un grand merci à toi Jean-Paul, j’ai beaucoup aimé notre conversation entre amateurs de digging (rires). Je te dis à très bientôt !
4 interviews de PWA sur des sujets voisins :
PWA #73 avec Marine Doux : sur le développement de médias indépendants
PWA #68 avec François Gautret : sur le hip-hop et l’organisation d’événements
PWA #64 avec Sarah Ichou : sur le traitement médiatique des quartiers populaires
PWA #55 avec François Piccione : sur les nouveaux récits autour de la ruralité
🔮 GRAND BAZAR… Dans le radar
Je me permets d’ajouter ici le fameux lien pour voter par procuration en cas d’absence le 9 juin.
Sur le vif : Alors que l’auteur Alain Damasio multiplie les interviews suite à la sortie de son essai La Vallée du Silicium, j’ai adoré découvrir l’histoire de La Volte : la maison d’édition indépendante qui a publié ses trois romans — et fête cette année ses vingt ans. C’était à l’occasion du deux-centième épisode (!) du podcast C’est plus que de la SF, avec une conversation pleine de révélations entre l’éditeur Mathias Echenay et Lloyd Chéry [cf. PWA #79]. Spoiler alert : j’y ai notamment appris que La Horde du Contrevent est censée avoir une suite.
Ça se soigne : Dans mon autre vie de freelance à côté de cette newsletter, j’ai eu le plaisir de travailler à nouveau avec la start-up Chance [cf. PWA #19]. Ma mission consistait à assurer le volet rédaction d’un programme sur le syndrome de l’imposteur. Et pour avoir vu le contenu pédagogique de très près, je le recommande à toute personne concernée par le sujet.
Schadenfreude : J’ai été à la fois déconcerté et bluffé par la série satirique The Curse signée Nathan Fielder et Benny Safdie, avec Emma Stone. Celle-ci suit les (més)aventures d’un couple en plein tournage d’une émission de télé-réalité visant à “redynamiser” un quartier de la petite ville d’Española (Nouveau-Mexique) grâce à un programme immobilier plus que douteux. La tournure tantôt absurde tantôt cynique de la série peut se résumer en une expression : « L’enfer est pavé de bonnes intentions ».
🗣 MEANWHILE… L’actu des plumes
Et vous, ils ressemblent à quoi vos projets du moment ? Écrivez-moi pour m’en parler et apparaître dans la prochaine édition : benjamin.perrin.pro[a]gmail.com
Charlotte a lancé les précommandes d’un ouvrage collectif sur les luttes.
Adrien nous partage son étude d’un passage des Trois Mousquetaires.
Jeanne vient de lancer une newsletter d’aventures pour enfants et parents.
Olivier a été invité dans un podcast sur les imaginaires politiques.
Noémie a interviewé Dan sur le sujet des médias communautaires.
Jean-Baptiste est en pleine campagne de crowdfunding.
Mathilde m’a partagé sa newsletter de recommandations culturelles.
Kevin a publié un article sur son rapport à son prénom.
Attaa organise un afterwork spécial IA au travail.
Julien a sorti son premier podcast sur l’exposition aux écrans.
Louise a écrit sur la construction de son imaginaire érotique.
DERNIÈRE CHOSE…
Une publication peut en cacher une autre. Et quoi de mieux qu’une édition qui parle de musiques électroniques pour vous partager mon tout premier set enregistré ?
J’aurai d’ailleurs le plaisir de mixer avec mes chers acolytes du collectif La Gabegie à l’occasion de la soirée d’été de la résidence Creatis. Alors si vous êtes à Paris le jeudi 27 juin, je vous invite à noter la date dans votre agenda et à vous inscrire ici.
Pensez à m’écrire pour me dire si vous voulez passer : benjamin.perrin.pro[a]gmail.com
May the words be with you,
Benjamin
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