Il y a cinq ans, je m’ennuyais. Écrire était déjà mon métier, mais c’est tout ce que j’en faisais. Reste que j’avais la chance d’être payé pour m’intéresser à des sujets qui allaient bientôt me concerner, soit personnellement soit au même titre qu’une partie croissante de la société. Je pense à des mouvements de fond comme l’économie des plateformes, l’émergence du télétravail (avant vous savez quoi), ou encore l’essor du travail indépendant. Mais il y avait surtout plein de sujets qui m’intéressaient sur lesquels je n’écrivais pas. Et ça m’ennuyait.
De cet ennui est née une idée, puis un projet. Celui d’aller chaque mois à la rencontre de personnes que je ne connais pas afin de partager nos conversations dans un petit média à moi. Tout a commencé en septembre 2019, avec une première édition dont le titre allait donner le ton : “Les plumes comptent pas pour des prunes”. Le mois suivant j’ai recommencé, celui d’après aussi, et ainsi de suite jusqu’à encore aujourd’hui. Les années ont défilé, plus de quatre-vingt invités se sont succédés. Bien sûr, ça m’arrive toujours de m’ennuyer, mais beaucoup moins quand j’écris.
Et aujourd’hui…
Plumes With Attitude fête son 5ème anniversaire ! 🎈
Et maintenant ?
Comment résumer ces cinq années côté coulisses ? Et à quoi va ressembler la suite ? C’est la mission que je me suis donné en me lançant dans cette newsletter hors-série. Chose promise, chose due : je vais aussi lever le voile sur quelques surprises évoquées dans les dernières éditions. Mais avant ça, je vais commencer par un rappel. Si vous êtes à Paris ce jeudi 26 septembre, j’ai le plaisir de vous convier au bar Le Motel (11e) pour fêter ensemble — pour la première fois en cinq ans — l’anniversaire de PWA.
Rendez-vous à partir de 19h pour :
une table ronde sur l’écriture
des DJ sets avec les amis de La Gabegie
des lecteurs et invités à rencontrer
Par où commencer ?
Si j’ai choisi de parler d’ennui dès les premières lignes de cette édition, c’est parce que je lui accorde souvent beaucoup de crédit pour décider quoi faire de ma vie. D’ailleurs, on dit souvent que se lancer dans un nouveau projet est une bonne idée pour le chasser. Mais quand on veut inscrire cette recherche de nouveauté dans la durée, ne devrait-on pas plutôt se demander : sur quoi ai-je justement envie de m’ennuyer au cours des prochaines années ?
Courir après les invités toujours, après le temps souvent, après la fin du mois parfois : ce sont les ennuis que j’ai choisi avec PWA. Reste qu’écrire et publier ma newsletter depuis maintenant cinq ans est avant tout une source de joie. Et ça me semble déjà une belle fin en soi. Au fil du temps, je pense avoir identifié la recette qui fait que je ne me lasse pas de recommencer chaque mois :
🎙️ le format interview — avec ses plaisirs distincts, entre la sélection des invités, la préparation d’une trame, le moment de la conversation, et enfin sa retranscription.
🪭 la diversité des sujets — avec des choix de thèmes et d’invités guidés par la recherche de parité, le fruit du hasard, et d’autres grilles de lecture de l’actualité.
⌛ le choix du temps long — avec un parti pris de sortir à mon rythme des publications long format, quitte à prendre le contrepied de nombreux médias.
La joie et ses aléas
En théorie, PWA m’apporte beaucoup de joie. En pratique, ça ne peut pas toujours être aussi évident que ça. Une partie de l’explication réside dans la solitude inhérente à mon projet d’écriture. Malgré de nombreuses interactions avec les invités, les lecteurs et d’autres créateurs, PWA reste une newsletter dont je m’occupe de A à Z. Alors quand la charge de travail, l’indécision, ou encore les doutes s’ajoutent à la gestion de ma vie perso et pro, mieux vaut tenir la route sur le volet santé mentale.
En cinq ans, PWA aura d’ailleurs battu de l’aile à plusieurs reprises en raison de fragilités sur ce dernier point. Je pense notamment à l’été 2022, qui m’a vu passer de deux éditions par mois à une seule pour retrouver un rythme plus adapté. Mais la plus grande menace ayant plané sur PWA à ce jour remonte à cette même période l’an dernier, alors qu’une dépression me faisait perdre jusqu’au plaisir même de l’écriture. Alors média de joie, oui. Mais pas sans certains arbitrages et combats.
Face aux difficultés, j’ai moins ressenti le besoin de repenser PWA que celui de me retrouver dans mon rapport au média. Et quel soulagement d’avoir regagné cette flamme sans laquelle la newsletter n’aurait jamais passé le cap des cinq ans ! D’autant plus que cette énergie retrouvée m’a permis de publier certaines des interviews les plus marquantes qu’il m’ait été donné de réaliser [exemples ici et là].
La suite de l’histoire
Si ça fait un certain temps que vous me lisez, la suite vous la connaissez. PWA restera un projet passion que je continuerai à faire vivre sur mon temps libre, et donc a priori sans essayer d’en faire le cœur de mon activité. Si j’ai pu être attaché à l’idée de “vivre de ma plume” au lancement du projet, les années qui ont suivi m’auront appris que je préfère garder ce projet perso à côté de ma vie pro. J’ai plus envie de me creuser la tête sur l’écriture et la recherche de longévité que sur des stratégies de monétisation communes à de nombreux médias — soit le trio croissance, influence et publicité.
Ce qui ne m’empêche pas de vouloir écrire la suite de l’histoire de PWA…
🎟️ ... en solo : Rien ne me fait plus plaisir que choisir moi-même mes invités, préparer les interviews, les retranscrire, puis écrire chaque édition de A à Z. Si je n’aspire pas à une équipe ou un comité de rédaction, c'est avant tout parce que je ne déléguerais ce travail pour rien au monde.
🐢 ... à mon rythme : Quoique pas forcément fan du terme, je reconnais que PWA peut être qualifié de slow media. Ayant trouvé un rythme de publication qui me correspond, mon plus grand enjeu est de m’y tenir, mais certainement pas d’accélérer. C'est aussi bien valable pour la production de newsletters que pour leur diffusion sur les réseaux.
🪞 ... en accord avec mes valeurs : Au fil des années, la ligne éditoriale de PWA a grandi avec moi. Ça s'est traduit par plus de sujets tantôt sensibles tantôt tabous, souvent politiques et jamais neutres. Et je tiens trop à cette indépendance pour laisser quiconque l'influencer dans une autre direction que celle de ma curiosité.
Pour autant, cela veut-t-il dire que je ne dois compter sur aucune perspective de revenus avec PWA ? L’avenir proche me le dira.
Le coût de la passion
Derrière l’étendard du projet passion, il y a une réalité avec laquelle je dois composer : PWA a un coût. Au-delà d’outils à payer et de livres à acheter, mon plus grand poste de dépenses est tout simplement... le temps. J'ai estimé que j'y passe au moins 3 jours par mois, toutes tâches confondues, soit pas moins de 180 jours en 5 ans.
(C'est sans doute même une estimation à la baisse quand on considère que mon rythme de croisière a longtemps été de deux éditions publiées par mois. Encore aujourd’hui, je ne sais pas comment j’ai fait pour tenir cette cadence pendant la moitié de l’existence du média…)
Pour vous donner un ordre d’idées, le travail sur une édition de PWA comprend :
🕵️♂️ la recherche d'invités, qui implique une veille permanente, la participation à divers événements, et parfois une véritable course contre la montre pour les plus médiatisés.
🧶 la préparation de l'interview, entre lecture de livres, analyse des interviews passées et construction d’une trame pour environ 45 min de conversation en moyenne.
🏗️ la retranscription de l'entretien, soit l’exercice d’écriture qui me permet de passer d’un échange enregistré à un texte de 15 min de lecture — relu et corrigé par l’invité.
🪶 la rédaction du reste de la newsletter, soit le moment où je partage mes réflexions persos entre l’édito et les recos, tout en relayant les actus des lecteurs et invités passés.
🎷 la promotion sur les réseaux sociaux, jadis sur feu-Twitter, toujours sur LinkedIn, et depuis peu sur Instagram — pas ce que je préfère mais un mal nécessaire.
📬 les échanges avec les lecteurs, sachant que je ne dis jamais non à un appel ou un café, une demande de conseils sur un sujet, ou encore un coup de main sur un projet.
D’où cette idée — longtemps évitée, souvent refoulée — de donner “un jour” la possibilité à celles et ceux qui me lisent de soutenir financièrement PWA. Et alors que le projet fête ses cinq ans, je me suis dit que c’était maintenant ou jamais.
Le soutien par le don
Si j’ai longtemps été réticent vis-à-vis du financement participatif, c’est parce que plusieurs de ses codes ne correspondent pas à ce que je souhaite faire avec PWA. Je n’ai ni envie de me lancer dans une campagne effrénée, ni de courir après un certain objectif financier. Je voudrais simplement permettre aux personnes qui le peuvent de me soutenir avec le montant qu’elles souhaitent, de façon ponctuelle ou récurrente.
D’où cette idée du soutien par le don. Et si j’ai prévu certaines contreparties en récompenses pour marquer le coup, la vraie promesse me semble avant tout de continuer à vous proposer PWA avec plus de sérénité dans les prochaines années.
Selon le montant et la récurrence des dons reçus, cela me permettra...
💰 ... d'avoir un complément de revenus pour financer certaines dépenses pour PWA (outils, livres, formations) et pallier d'éventuelles périodes creuses dans mon activité.
💗 ... de me donner du baume au cœur, ce qui est très important dans les aléas d'énergie et de santé mentale dans la vie d'un créateur.
💅 ... de pouvoir passer plus de temps sur la newsletter, ainsi que sur son développement (réseaux sociaux, événements, collaborations avec d'autres médias).
🪩 ... d'expérimenter plus souvent, en ayant l'énergie et les ressources pour prendre de la hauteur au-delà du rythme habituel de la newsletter.
Et en parlant d’expérimentations, il est temps que je lève le voile sur cette petite fantaisie que je réserve aux premiers soutiens qui se manifesteront.
L’appel du pied
Pour marquer les cinq ans du média, j'ai eu envie de faire quelque chose de son logo très apprécié [le Choixpaon] au-delà des écrans. Alors je me suis dit : et si on pouvait soutenir le projet en le portant… littéralement ?
Ça m’a amené à vouloir le décliner sur des goodies, que je pourrais proposer en contreparties de dons ponctuels ou récurrents. Reste que je ne voulais pas partir du mauvais pied en venant un énième tote-bag ou des stylos personnalisés.
L'idée m'est alors venue de proposer un objet du quotidien que j'aime beaucoup et qui aura toujours une utilité : des chaussettes !
Le résultat est le fruit d'une collaboration avec mon ami designer et photographe Cédric Guillemin, ainsi qu’avec Label Chaussette, qui produit en Europe et fait partie du réseau 1% for the Planet. À noter que toutes les matières premières utilisées sont certifiées par le Label OEKO-Tex® Standard 100, c'est-à-dire qu'elles ne contiennent aucune substance nocive pour la santé humaine et l'environnement.
À noter pour celles et ceux qui viennent à la soirée des 5 ans de PWA jeudi que… je croise les doigts pour les recevoir d’ici là — ce qui devrait être le cas. Et si vous avez la moindre question sur les différents modes de soutien, les contreparties ou la livraison, vous savez où me trouver : benjamin.perrin.pro[a]gmail.com.
Dernière chose…
Enfin, je ne pourrais conclure une édition sur les cinq ans de la newsletter sans une pensée pour mes chers lecteurs. Certaines personnes me lisent depuis le début, beaucoup m’ont rejoint en cours de route, et vous êtes de plus en plus nombreux à avoir découvert la newsletter cette année — peut-être même aujourd’hui.
Dans tous les cas, je vous dis un grand MERCI. Après une édition hors-série entre chaussettes et emojis, il me tarde de revenir à mon format de prédilection : l’interview. D’ailleurs, je m’y remets dès cette newsletter publiée et vous retrouve lundi avec un invité spécial qu’il me tardait de recevoir dans PWA.
May the words be with you,
Benjamin
Retrouvez toutes les éditions de PWA sur ma page Substack. Et si vous aimez lire la newsletter chaque mois et que vous avez envie de me soutenir (ponctuellement ou dans la durée), maintenant vous le pouvez :
J’aime beaucoup les interviews, mais j’aime tout autant quand tu prends la plume pour parler de toi 😊
Les chaussettes m’ont tapées dans l’œil, je les veux aux pieds 😍
Longue vie à PWA !