Quatre-vingt éditions de PWA : ça ne rigole pas. C’est avec cette belle étape en tête que j’ai envie de commencer cette newsletter… et avec un autre cap à partager que j’ai choisi de la conclure. Mais qu’on se le dise, ce qui nous intéresse le plus se trouve entre les deux. Alors pour fêter ça, on va parler d’écriture… sans vraiment en parler.
Vous pourriez me répondre que c’est souvent le cas avec PWA. Au fil des éditions, l’écriture est plutôt devenue le fil rouge de mes interviews que leur véritable sujet. C’est même un bon prétexte pour parler de certains mots, certains parcours, certains langages, certains discours — et souvent pour voir ce qu’il peut y avoir au-delà.
Enfin, il y a des interviews qui s’imposent à moi. Soit parce que j’y trouve un certain sens, soit parce que ça me semble une évidence, soit parce que ça me procure de la joie. Parfois, c’est même les trois à la fois. Mais ce que je trouve encore plus cocasse, c’est quand l’écriture apparaît là où on ne l’attend pas. Et c’est justement le programme qui vous attend dans cette quatre-vingtième édition de PWA.
Bonne lecture à vous,
Benjamin
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🎙 INTERVIEW… Laura Daniel
À chaque newsletter, je vous propose de découvrir le portrait et les idées de véritables plumes “With Attitude”. Aujourd’hui, j’ai le plaisir de recevoir Laura Daniel, qui est une dessinatrice aussi bien inspirée par le rêve que par le rire. Au-delà du dessin, elle est aussi l’une des deux têtes pensantes à l’origine des portraits tirés d’un drôle de projet en famille, Les Caractères. Notre interview illustre à merveille ces éditions qui prennent le contrepied de l’écriture en parlant d’autres disciplines voisines — souvent pour mieux y revenir dans la conversation.
Hello Laura et un grand merci à toi pour avoir répondu à l’invitation ! Ça me fait vraiment plaisir de te recevoir aujourd’hui pour parler d’art par le prisme de celles et ceux qui le font. Dans la dernière édition de la newsletter [cf. PWA #79], mon invité Lloyd Chéry évoquait le passage assez récent du terme d'univers dans le langage courant. Aujourd’hui, on l’utilise de plus en plus souvent pour décrire le travail d’une artiste ou d’un créateur. Et je trouve que ça s'applique particulièrement bien au tien, que je trouve très distinct. Alors dis-moi, comment décrirais-tu ton univers à quelqu’un qui ne te connaît pas ?
C'est marrant, je me suis récemment demandée comment il pouvait être perçu par les autres. Quand on est dans le dessin, la question du style est très importante dans le sens où c'est comme ça qu'on nous reconnaît — idéalement au premier regard. Mais si j’aime décrire celui des autres, j’ai plus de mal à parler du mien. Je le trouve assez composite, avec des écarts parfois importants d’un dessin à l’autre ou selon le sujet.
J’aurais tendance à dire que mon univers est la somme de toutes ces nuances de style. J’aime dessiner des choses figuratives — plutôt concrètes qu’abstraites — mais pas forcément réalistes. Ce qui m’inspire et que je cherche à retranscrire, c’est l’onirisme, l’imaginaire, le merveilleux. Ce sont des mots que j’aime associer à mes dessins.
Tu évoques le terme de style et ça m’amène à me demander : dirais-tu que tu l’as trouvé ou que tu le cherches encore ?
Je dirais que je ne l’ai jamais cherché et que je ne le cherche toujours pas. Parler avec d’autres artistes m’amène forcément à réfléchir et à mettre des mots sur ma démarche artistique. Mais la question du style me semble plutôt rhétorique. Et surtout, je pense que ça viendrait brider ma créativité que de me demander, à chaque dessin, si telle envie est compatible avec mon style ou non.
D’autant plus qu’un style est changeant par définition. Et ça s’applique à la grande majorité d’artistes étudiés dans l'histoire de l’art. Ceci dit, la question de l’univers me semble plus intéressante sur le long terme. Je trouve ça fascinant de considérer l’évolution d’un corpus d’œuvres, que l’on enrichit année après année, et sur lequel on peut poser une nouvelle réflexion a posteriori.
De mon côté, j’ai l’impression que l’écrit occupe une certaine place dans ton univers. Et c’est aussi ça qui m’a motivé à t’inviter aujourd’hui. Je pense notamment à ton Bestiaire Imaginaire, à ton Herbier Magique et à tes Outils Inouïs, dans lesquels tu inventes des mots pour nommer les sujets de tes dessins. Forcément, ça m’amène à m’interroger sur ton rapport à l’écriture. Et surtout, en quoi cela vient-il nourrir ton approche du dessin ?
À vrai dire, je ne m’en suis rendue compte qu’après coup. C’est d’ailleurs un bon exemple de réflexion a posteriori sur mes dessins. Les trois séries de l’imaginaire auxquelles tu fais référence, je les ai créées en l’espace de trois ans. Elles représentent mes trois participations à l’Inktober, un événement annuel qui amène des artistes du monde entier à publier un dessin par jour sur tout le mois d’octobre.
Ces trois séries sont venues d’une envie de pasticher les planches anatomiques et encyclopédiques — qui ont un style très reconnaissable. Ça a commencé avec l’herbier, pour lequel j’ai inventé des noms de plantes en (faux) latin, ainsi que des propriétés farfelues. Sans textes, ces dessins auraient eu beaucoup moins d’intérêt.
À savoir aussi que j’ai beaucoup dessiné dans ma vie, mais également beaucoup lu. Ça a commencé dès l’enfance, ça a continué pendant mes études littéraires et c’est encore valable aujourd’hui. J’ai toujours aimé la fantaisie et l’irrévérence des mots. J’adore faire des calembours et des contrepèteries. Ça fait partie de mon humour, donc ce n’est probablement pas un hasard si on en retrouve jusque dans mes dessins.
J’avais justement été interpellé par ce choix délibéré de mettre l’humour parmi les premiers mots de ton site — aux côtés de l’imaginaire et du merveilleux.
Oui, c’est très important pour moi. L’idée, ce n’est pas que chacun de mes dessins soit une vaste blague ou fasse rire aux éclats. Je préfère faire des jeux de mots ou des clins d’œil qui prêtent à sourire. J’aime dire que j’ai une créativité joyeuse. Je ne fais pas partie de ces artistes dont le travail est nourri par la noirceur. Quand je n’ai pas le moral, je n’ai pas envie de dessiner pour moi. C’est quand je suis en pleine forme que j’ai le plus d’idées et d’enthousiasme pour créer. Je vais donc plutôt chercher l’éclaircie qu’un ciel orageux.
Reste que je sais apprécier les œuvres qui ont été créées dans la noirceur. Et quand on y réfléchit, c’est le cas d’un grand nombre de réalisations qui occupent une place centrale dans notre patrimoine culturel. Je serais d’ailleurs curieuse de savoir, par comparaison, la part des œuvres drôles, fantaisistes et pétillantes qui ont marqué l’Histoire à leurs côtés. Mon intuition me dit qu’il n’y en a pas tant que ça et qu’elles sont largement en minorité.
Ça me semble être un bon sujet à creuser avec ChatGPT (rires). Et j’avais justement prévu de parler d’IA avec toi. Mais avant ça, je te propose de revenir sur le sujet de l’onirisme : un autre terme qui semble te tenir à cœur pour parler de tes créations. D’autant plus que ça fait plusieurs années que tu t’es lancée dans un projet que je trouve génial : dessiner les rêves que de parfaits inconnus t’envoient sur Instagram. C’est d’ailleurs une idée qui a fini par payer, puisque tu fais maintenant ça dans le cadre d’événements ou en collaboration avec le magazine Beau. Comment t’est venue cette initiative et qu’est-ce qu’elle t’apporte au quotidien ?
C'est un projet qui est né il y a bientôt cinq ans, et qui a grandi au fil de l'eau, de la plume et du crayon. Tout a commencé par une matinée de décembre 2019. Je venais de recevoir deux messages de la part d’amis proches, qui me disaient chacun que j’étais apparue dans leurs rêves respectifs — qu’ils m’ont ensuite racontés. J’étais en vacances à ce moment-là et j’ai alors eu envie de les dessiner. Puis je les ai publiés sur Instagram pour rigoler, en disant à mes abonnés de me raconter leurs rêves à leur tour.
Une troisième copine m’a envoyé le sien, que j’ai dessiné et publié. Et ainsi de suite, ça a fait un petit effet boule de neige. Ça m’a d’ailleurs bien occupée pendant le premier confinement. Je pense que les gens avaient plus de temps pour rêver et étaient plus à même de les raconter. Et puis, il y avait une certaine atmosphère qui se prêtait au partage de ces drôles d’initiatives qu’on pouvait avoir les uns les autres. Ça a donc été une période particulièrement féconde pour cette idée devenue projet.
À ce jour, j’ai dû recevoir pas loin de mille rêves de la part d’inconnus. Forcément, je n’ai pas pu tous les dessiner mais je continue à en publier de temps à autre sur Instagram. Je trouve que ça donne un véritable sens au fait de montrer son travail sur les réseaux sociaux. Et puis, ça vient créer un lien intime et saugrenu avec de parfaits inconnus. Il y a d’ailleurs eu de belles conversations qui sont parties de là.
Côté dessin, ça m’a aussi beaucoup apporté. Dessiner des rêves m’a amenée à m’immerger dans des mondes, des scènes ou des sujets que je n’aurais jamais pu imaginer. Et c’est devenue une routine précieuse, dans le sens où ça me sort de mon petit bocal de création. Quand j’ai du temps entre deux commandes ou que j’ai le syndrome de la page blanche, il me suffit de chercher dans mon stock de rêves, d’en choisir un et de le dessiner. Pour finir, c’est un projet joyeux qui peut toujours durer. Et je compte bien continuer aussi longtemps que j’en aurai envie.
C'est marrant, j'ai un ami qui s’est mis à faire ça pour ses propres rêves… mais à l’aide d’une IA. Alors chose promise, chose due : on va en parler. En tant qu’artiste, que t’évoque l’émergence d’outils d’art génératif comme Dall-e ou Midjourney ?
Je n’ai pas cette peur terrorisante voire paralysante que peuvent avoir certains artistes vis-à-vis du sujet. Bien sûr, c’est quelque chose que je conçois et comprends. Après tout, ça reste un grand bouleversement. En tant qu’artiste, je pense qu’il faut évoluer — et créer — avec son temps. Personnellement, j’ai un abonnement à Midjourney dont je me sers comme d’une banque d’images améliorée. Si je dois par exemple dessiner un lampadaire à Londres mais que je ne vois pas du tout à quoi ils peuvent ressembler, ça me permet de m’en faire une idée. En soi, c’est très similaire à ce que je pouvais demander à Google auparavant — et dont je continue à me servir très souvent.
Après, j’ai aussi fait mes petites expériences. J’ai par exemple demandé à l’IA de dessiner des rêves que j’avais moi-même illustrés, à partir du même texte de départ. Verdict : je n’ai pas été convaincue. Disons que ça sentait — et même puait — l’ordinateur à plein nez, avec ce style très photoréaliste désormais associé aux IA. L’autre chose que j’ai demandé à Midjourney, c’est de rêver. Là encore, j’ai été déçue.
Même quand j’ai cherché à obtenir des rêves qui sortent de l’ordinaire, je me suis retrouvée avec des poncifs du genre qui ne volaient pas bien haut. D’autant plus que j’ai beaucoup d’éléments de comparaison dans mes messages. Et je peux te dire que ce que je reçois de la part d’inconnus est mille fois plus intéressant que ce que j’ai obtenu avec l’IA. Je trouve que ça rassure sur le fait que la magie, la beauté et la poésie du cerveau humain ne sont pas prêtes d’être dépassées.
Il y a un autre type de technologie dont je voulais absolument te parler. Car je sais que nous avons une passion commune pour un outil qui a une place centrale dans nos vies : les carnets (rires). Pour ma part, ça fait plus de deux ans que j’y consigne chacune de mes journées. C’est une habitude dont je ne pourrais plus me passer et je crois que c’est aussi un sujet dont tu adores parler. Alors dis-moi, comment ça fonctionne pour toi en tant que dessinatrice ?
Je pense qu'on va devoir reprogrammer une interview tant j’ai de choses à dire sur le sujet (rires). Je trouve un immense plaisir dans mon utilisation de carnets autant que je les aime en tant qu’objets. Si bien que je les classe et les archive minutieusement dans mon atelier. J’en ai toujours deux sur moi, que j'emmène absolument partout.
Le premier et le plus important, c’est mon carnet de dessin. C’est celui qui me sert à dessiner ce qui m’inspire au quotidien. Je le sors dès que j’ai un moment : soit dès que j’ai un moment d’attente, soit quand je me pose délibérément dans un café pour dessiner ce qu’il y a autour de moi. C’est comme si je faisais des gammes quotidiennes.
À savoir que j’associe souvent cette pratique à un peu d’écriture, dans le sens où j’annote toujours mes dessins pour planter le contexte. Ça peut être une bribe de conversation entendue à la volée, un événement qui vient de se passer dans ma vie, ou une formule qui me vient pour décrire la scène en elle-même. Il n’y a pas de règles : j’écris tout simplement ce qui me passe par la tête. Et comme je date tout ce que je fais, c’est aussi une sorte de chronologie de ma vie.
Mon deuxième carnet n’a rien à voir avec le dessin. C’est là où je note tout ce dont j'ai besoin : un numéro de téléphone, une inspiration soudaine, le billet d’entrée d’une expo… Encore une fois, tout est daté. C’est donc un carnet de souvenirs et d’idées. J'en ai aussi d’autres à la maison dont je me sers pour mon travail et mes différents projets. Enfin, j’ai un carnet dans lequel j’écris uniquement à certaines périodes données. C’est très épisodique : je m’en sers dans les moments très heureux, ou à l’inverse, quand je traverse une certaine période de mélancolie. C’est donc plutôt un recueil de mes pensées. Voilà, ça fait déjà pas mal de carnets (rires).
Je n’en attendais pas moins (rires). Tout ça me laisse penser que tu as développé, au fil des années, une vraie capacité d’observation de ton environnement au quotidien. J’imagine que c’est d’ailleurs une qualité essentielle quand on fait du dessin. Ce qui m’amène à te demander : en quoi cette pratique a pu changer ta lecture du monde ?
Tout d’abord, c’est tout à fait vrai que dessin et observation sont indissociables. Savoir dessiner, c'est avant tout savoir regarder. D’ailleurs, quand on observe quelqu'un à l’œuvre, on le voit lever les yeux en permanence. C’est comme un ballet de hochements de tête assez déroutant entre le modèle et son dessin.
Reste que beaucoup de personnes me disent qu’elles n’ont pas de talent pour ça. Mais je considère qu'à partir du moment où on sait tenir un crayon, on sait potentiellement dessiner. Après c’est sûr que si on n’essaie pas, on aura probablement un résultat de piètre qualité. Car le seul problème, c’est que la main n'est pas exercée. D’où l’importance de pratiquer — à condition d’en avoir vraiment envie.
Quant à ma lecture du monde, elle se traduit avant tout par un certain émerveillement au quotidien. J’ai une vraie fascination pour les gens que je croise, que je trouve tantôt drôles — parfois malgré eux — tantôt curieux à observer. Ce qui me passionne dans le dessin, c’est que ça m’oblige à ralentir, à m’arrêter, à ouvrir les yeux. Je pense que c’est la même chose pour les photographes de rue. Ce qui compte, c’est le moment qu’on réussit à capturer, à immortaliser. La leçon principale que je retiens du dessin, c’est justement cette importance de prendre le temps et de garder en mémoire tout ce qui peut se passer autour de nous.
Et ça me semble être une habitude essentielle à intégrer dans son quotidien. En tout cas, tu as déjà exploré beaucoup de sujets, de supports et de techniques dans le dessin et les arts graphiques. Alors pour conclure cette interview en beauté, je voulais te demander : quels territoires inexplorés te donnent envie pour la suite ?
Il y en a pas mal et ça varie souvent en fonction des périodes de ma vie. En ce moment, je travaille sur un projet de livre que j’aimerais voir publié un jour. Tout part d’une histoire vraie que j’ai envie de raconter, mais pas forcément en BD. Car c’est un récit qui a une certaine iconographie qui lui est propre — et que j’aimerais conserver. Donc je suis en train de voir comment retranscrire cette histoire entre textes, visuels, photos et dessins.
À côté de ça, j’aimerais aller davantage vers l’univers jeunesse. C’est marrant parce qu’on pourrait croire que c’est déjà le cas. J’ai appris que mes affiches du bestiaire imaginaire sont beaucoup offertes en cadeau de naissance et se retrouvent souvent encadrées dans des chambres d’enfants. Je trouve ça génial ! Pourtant, je n’avais pas spécialement cet univers en tête quand je dessinais mes séries de l’imaginaire. Mais c’est vrai qu’il y a un côté libérateur de dessiner pour les enfants. Donc ça me plairait beaucoup d’avoir plus de projets d’illustration pour la littérature jeunesse.
Je viens aussi de vivre ma toute première exposition à Paris [qui se termine le 27 avril] autour de mes séries de l’imaginaire. C’est une nouvelle étape très touchante pour moi et une direction que j’ai envie de continuer à explorer. Pour finir, une autre expérience qui me plairait beaucoup, c'est la résidence artistique. Ce qui me plaît là-dedans, c’est que c’est un format où on peut tout imaginer. Et puis, ça peut impliquer de déménager pour une période donnée, et donc de créer dans un endroit que tu ne connais pas. Autant dire que ce sont des conditions de rêve pour moi qui prends plaisir à dessiner tout ce qui se passe dans mon environnement.
C’est tout le mal que je te souhaite ! Et je te propose de conclure sur ça. Encore bravo pour ton expo et un grand merci à toi, Laura ! Je suis heureux d’avoir eu cette belle conversation entre écriture et dessin — mais aussi entre fans de carnets (rires). J’ai hâte de voir où tes envies et projets vont te mener. Et je te dis à très bientôt !
4 interviews de PWA sur des sujets voisins :
PWA #56 avec Siham Jibril : sur les nombreuses qualités de l’écoute
PWA #25 avec Michel Ayçaguer : sur la photographie de rue
PWA #21 avec Kabylie Minogue : sur le DJing et la production musicale
PWA #14 avec Camille Dubreuil : sur le regard et le design
🔮 GRAND BAZAR… Dans le radar
Lecture en cours suite à la dernière édition : Le Problème à Trois Corps, de Liu Cixin.
Actu chargée : Alors que je ne suis pourtant pas un habitué, c’est déjà la deuxième fois que je cite Backseat cette année. Après le témoignage marquant de son créateur Jean Massiet, qui a osé lever le tabou sur sa propre santé mentale, j’ai beaucoup aimé le documentaire sur les coulisses de leur émission : 2023, l’année où tout s’est embrasé. Celui-ci retrace une année charnière à bien des égards, avec un parallèle entre les temps forts de l’actualité et les retour d’expériences des membres de l’équipe. Si vous ne connaissiez pas plus que ça (voire pas du tout), c’est une excellente introduction au travail remarquable de ce chouette média indépendant.
Plumés : Vous savez peut-être par expérience que les métiers de l’écrit sont aussi romantisés que précarisés. Personnellement, c’est un refrain que je ne connais que trop bien. Le billet de l’auteur David Hill pour le média Dirt [cf. PWA #48] en donne une nouvelle illustration côté outre-Atlantique. Au-delà de son honnêteté sur la réalité de nombreux métiers de l’écrit, on y retrouve certaines belles anecdotes de plumes. J’ai par exemple aimé apprendre que certains des plus grands romanciers américains de leur génération ont commencé leur carrière… dans un bureau de poste.
Anxio-gêne : Si vous avez envie d’être bousculés à l’écran, ce ne sont pas les occasions qui manquent en ce moment. Malgré une communication étonnamment maladroite pour un film A24, j’ai pris une sacrée claque devant le film d’anticipation Civil War. En tant que grand fan d’Alex Garland (Ex Machina, Annihilation, Devs), ça n’a pas tant été une surprise. Mais je ne m’attendais quand même pas à sortir de la salle dans cet état. Et même si tout semble les opposer, j’ai envie de faire un lien avec un autre coup de cœur récent : la mini-série d’espionnage Citoyens Clandestins, signée Laetitia Masson. Et s’il y a bien un point commun sur lequel les deux œuvres se retrouvent, c’est dans leurs regards aiguisés et nuancés sur le métier de journaliste de terrain.
🗣 MEANWHILE… L’actu des plumes
Et vous, ils ressemblent à quoi vos projets du moment ? Écrivez-moi pour m’en parler et apparaître dans la prochaine édition : benjamin.perrin.pro[a]gmail.com
Yann a contribué à un recueil de témoignages sur l’IA au travail.
Sophie a publié son premier livre — avec une couverture signée Laura.
Gabriel et Jonathan ont sorti de nouveaux mixes ici et là pour La Gabegie.
Valentine cherche un contact en maison d’édition pour son premier roman.
Saïd a écrit une nouvelle d’anticipation pour le recueil Amazonies Spatiales.
DERNIÈRE CHOSE…
Ça y est : PWA vient enfin de passer le cap des 3 000 abonnés ! Mais la petite histoire qui m’a permis de franchir ce palier me semble encore plus intéressante à raconter. Celle-ci remonte à décembre 2019, alors que je recevais un retour très enthousiaste sur ma jeune newsletter de la part d’un certain Thibaut Labey. Un peu moins d’un an plus tard, mon cher correspondant sera à son tour reçu en invité [cf. PWA #23].
Ce n’est qu’en 2023 que je le rencontre en chair et en plumes, le temps d’une conversation dense au cours de laquelle celui-ci me parle son envie de créer une newsletter sur les nouveaux récits. Aujourd’hui, c’est désormais chose faite (félicitations !) et la première édition de GERONIMO vient tout juste de sortir. Et en recommandant PWA au moment de lancer son média, Thibaut a amené près de deux-cents lecteurs à s’inscrire à ma chère newsletter — soit un pic d’abonnements record et une surprise auxquels je n’étais pas prêt.
Un grand merci à lui pour ce geste plus rare qu’il n’y paraît — et qui compte beaucoup. Si vous lisez ces lignes grâce à Thibaut, bienvenue à vous ! Quant à celles et ceux qui voudraient m’aider à faire connaître la newsletter, vous avez ici une belle illustration de ces petits moments de bouche-à-oreille qui peuvent tout changer. Et bien sûr, je serai toujours preneur de vos retours, questions, actus et autres surprises :
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May the words be with you,
Benjamin
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