Drôle de mois que celui qui vient de s’écouler pour moi. Après un certain état d’alerte autour du cinquième anniversaire de PWA en septembre, octobre aura marqué pour moi un vrai temps mort. J’ai l’impression d’avoir vécu un épisode de calme après la tempête, avec le sentiment qu’il ne s’est pas passé tant de choses dans ma vie que dans ma tête. J’ai rarement autant lu, je suis retourné au théâtre, je reprends en main ma vie pro, j’ai suivi une formation pour m’impliquer dans une asso, et j’ai fait honneur à ma dernière newsletter avec de beaux moments d’amitié.
Tout cela m’a inspiré une nouvelle édition sur le collectif, le tout appliqué à un thème que j’aime particulièrement : les médias indépendants. C’est l’occasion de mettre à l’honneur un tout nouvel acteur du secteur, mais aussi de revenir avec mon invitée sur certains des (mé)faits qui m’ont le plus interpellé cette année. La conversation qui suit est une bonne occasion de réfléchir à notre propre rapport à l’information, entre ce qui nous fait ouvrir grand les oreilles et ce sur quoi on a tendance à fermer les yeux.
Bonne lecture à vous,
Benjamin
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🎙 INTERVIEW… Lucie Anizon
À chaque newsletter, je vous propose de découvrir le portrait et les idées de véritables plumes “With Attitude”. Aujourd’hui, j’ai le plaisir de recevoir Lucie Anizon, qui est secrétaire générale d’Enercoop et depuis peu directrice de Coop-médias, une coopérative citoyenne autour des médias indépendants. Et comme le projet vient tout juste d’être lancé, je suis heureux de faire partie des premiers à la recevoir en interview sur le sujet.
Hello Lucie et un grand merci à toi d’avoir accepté l’invitation ! Je suis ravi de te recevoir en ce mois de lancement de Coop-médias. Comme c’est un enjeu qui a l’air de nous tenir à cœur à tous les deux, je voudrais qu’on revienne ensemble sur cette notion d’indépendance appliquée aux médias. C’est une interprétation qui peut varier d’une personne à l’autre voire d’une rédaction à l’autre. Alors j’ai envie de commencer cette interview en te demandant : quelle est la définition que vous avez retenue dans le cadre du projet ?
C’est une question qui a très vite été tranchée, étant donné qu’il y a eu de nombreux travaux sur le sujet. On a retenu la définition du Spiil [syndicat de la presse indépendante d'information en ligne], à savoir qu’une entreprise indépendante est au service d'elle-même, et non d'intérêts industriels, commerciaux ou politiques tiers.
On a également inscrit dans notre charte qu’un média indépendant, national ou local, se caractérise par son engagement dans le journalisme d'investigation, son intégrité éditoriale et son choix de traiter des sujets souvent délaissés par les médias traditionnels. Pour ce qui est des formats, on n’a ni une vision restrictive, ni une position arrêtée.
Parmi nos premiers sociétaires, il y a par exemple Tënk, une plateforme documentaire. De la même façon, on considère que des influenceurs qui font un travail d’information et de vulgarisation peuvent eux aussi être qualifiés de médias à part entière. Cette question de l’indépendance va bientôt se poser pour nous de façon très concrète.
On s’attend à recevoir des dossiers de financement de la part d’acteurs pour qui la réponse relèvera plus de l’entre-deux que de l’évidence. C’est pourquoi on a prévu un conseil d’administration et un comité d’engagement qui nous permettront de prendre des décisions de façon collective et transparente.
En préparant cette interview, j’ai lu que le projet Coop-médias a démarré dans l'ombre il y a un peu plus d'un an. C’était donc avant que le travail des médias indépendants soit plus que jamais associé à la lutte contre la montée de l’extrême-droite — en particulier autour des dernières élections. Peux-tu m’en dire plus sur le contexte dans lequel le projet a vu le jour ?
L’idée de Coop-médias est née au sein du Collectif pour une Transition Citoyenne. Celui-ci regroupe des associations, des coopératives et des mouvements citoyens qui œuvrent depuis une dizaine d’années pour nous aider à réinvestir des domaines essentiels de nos vies sur lesquels nous avons de moins en moins de prise : de la démocratie au territoire, en passant par l’économie.
Au tout début, on avait cette idée de créer une structure qui permettrait à des acteurs de l'économie sociale et solidaire (ESS) de financer des initiatives comme le film Demain, de Cyril Dion et Mélanie Laurent. Mais ces dernières années, c’est surtout le constat de la dégradation du paysage médiatique et du danger que cela représente pour la démocratie qui nous a beaucoup guidés dans nos réflexions.
La question de l’extrême-droite s’est posée plus spécifiquement au moment où le projet est devenu plus concret, il y a un peu plus d’un an. On avait l’échéance de 2027 en ligne de mire — évidemment sans pouvoir anticiper les événements de cette année. Ce qu’on se dit, c’est que plus il y aura de gens qui suivent les enquêtes de StreetPress, les articles de Reporterre, les documentaires de Tënk, et bien d’autres productions de médias indépendants, moins il y aura de votes pour le Rassemblement National.
Dirais-tu que les événements de cette année ont marqué un tournant pour le projet ?
Je dirais que ça a surtout été un tournant pour les médias au global — en particulier les indépendants. Bien sûr, les journalistes n’ont pas attendu 2024 pour prendre conscience des liens étroits entre la bollosphère et l'extrême-droite. Mais je dirais que ça a pu renforcer ce besoin d’ouvrir davantage le dialogue entre différentes rédactions, de se réunir plus souvent et de lutter ensemble.
Cette année a d’ailleurs été ponctuée de rapprochements sans précédent entre médias indépendants. Il y a notamment eu ces deux rassemblements massifs organisés en quelques jours sur la place de la République [à Paris] et retransmis en direct sur YouTube avant les deux scrutins des législatives. Le mois dernier, c’était aussi la première fois qu’il y avait un village des médias indépendants à la Fête de l’Huma. Autant dire que dans ce contexte, notre projet de coopérative a pris tout son sens.
Reste que 2024 est une année sombre pour l’écosystème des médias, notamment en raison de pratiques du groupe Bolloré jamais vues auparavant. Pendant l’entre-deux tours, on se souviendra de Cyril Hanouna placé en dernière minute sur Europe 1 pour une quotidienne de propagande à peine dissimulée pour l’extrême-droite, le tout à une heure de grande écoute. On aura eu de nombreuses illustrations de la puissance du rouleau compresseur médiatique favorable au Rassemblement National, ainsi que de sa capacité à s’organiser — y compris dans la panique.
L’actualité brûlante autour du livre de Jordan Bardella à venir chez Fayard [propriété du groupe Bolloré], avec un premier tirage à 150 000 exemplaires, me semble elle aussi très éloquente sur ce sujet. Mais revenons-en plutôt aux médias indépendants. Quels sont vos périmètres d’action dans les mois à venir avec Coop-médias ?
On a quatre axes majeurs. Le premier, c’est le financement des médias indépendants. Coop-médias est une société coopérative d’intérêts collectifs (SCIC) dans laquelle des personnes physiques et des structures morales peuvent prendre des parts sociales et devenir sociétaires. C’est ce qui nous permet de lever des fonds, puis de les réinvestir sur un modèle d’appels à projets avec un jury qui étudie chaque dossier.
Notre deuxième enjeu, c’est celui de la diffusion et du rayonnement des médias indépendants. L’idée, c’est de les rapprocher des acteurs de l’ESS, des collectivités et des institutions pour trouver ensemble de nouvelles façons de les faire connaître du grand public. En ce moment, il y a par exemple un petit groupement de médias (dont Arrêt sur images, Politis et Médiacités) qui étudient la possibilité de proposer des abonnements groupés.
Notre troisième axe de travail, c’est la mutualisation des ressources. Ça va plutôt s’adresser aux petits médias indépendants — mais pas seulement — qui ont tout intérêt à partager des outils et bonnes pratiques pour mieux se développer et faire des économies sur leurs coûts. Cela concerne surtout des fonctions dites “support” comme la paie, l’administratif, la compatibilité, ou encore le suivi budgétaire.
Enfin, notre dernière activité regroupe nos initiatives à venir en matière de plaidoyer. C’est à la fois destiné aux institutions politiques et au grand public, à travers des initiatives de lobbying et d’éducation populaire sur des enjeux comme le pluralisme politique dans les médias et les problèmes liés à la concentration dans le secteur.
Tu évoques l’importance de rapprocher les médias indépendants des acteurs de l’ESS. Quels sont les enseignements que ces derniers peuvent leur apporter ?
La dernière génération d’acteurs de l’ESS — avec laquelle je suis plus familière — ont des points communs avec le milieu militant. Chez Enercoop par exemple, on est actifs dans un certain nombre de collectifs qui évoluent dans l’écosystème. On a plutôt le réflexe de construire avec les acteurs existants que d’avancer dans notre coin. Cela se traduit également en interne, avec une certaine expérience de l’horizontalité, de la gouvernance partagée, ainsi que de pratiques d’intelligence collective.
J’ai d’ailleurs l’impression qu’on est assez attendus sur ces sujets. Quand on a commencé à se faire connaître dans l’écosystème des médias indépendants, de nombreux journalistes nous ont dit que c’était une initiative qui tombait à pic. En même temps, ce sont des structures qui n’ont jamais le temps, la disponibilité, voire les compétences en interne pour avancer sur ces sujets de fond.
À noter que les acteurs de l’ESS partagent également un certain nombre de points communs avec les médias indépendants. Nos structures sont elles aussi considérées comme des “alternatives” à la marge, le tout dans des secteurs dominés par un certain nombre d’acteurs puissants (énergie, banque, e-commerce, etc). Et c’est la raison pour laquelle notre écosystème s’organise pour se développer et changer d’échelle.
On voit d’ailleurs de plus en plus de levées de fonds dans l’ESS via la mobilisation citoyenne. Avec Enercoop, on lève 3 à 4 millions d'euros par an grâce à nos sociétaires. La NEF a levé 23 millions d'euros en un an et demi. Ce sont des réussites que l’on veut voir émerger chez des médias qui partagent nos approches et valeurs.
Le nom “Coop-médias” m’évoque naturellement le modèle de la coopérative, mais aussi celui de la coopération. Quelles initiatives comptez-vous mettre en place pour favoriser cette pratique au sein de l’écosystème des médias indépendants ?
Tout d’abord, il faut savoir que les collaborations entre médias existent déjà à plein de niveaux. C’est le cas dans la pratique journalistique, à travers des enquêtes croisées et autres travaux d’investigation entre plusieurs rédactions. Si bien qu’on n’a rien de nouveau à leur apporter sur ce point, tant c’est leur sujet de prédilection.
Ça nous semble plus pertinent de les mettre autour de la table avec des acteurs de la société civile, de l’ESS et du monde associatif. Pour le lancement de Coop-médias, on avait par exemple organisé une rencontre entre journalistes et influenceurs sur le thème : comment donner plus d'écho à la lutte pour l'indépendance des médias ? C’est un bon exemple de rapprochement souhaité pour permettre à leur cause de prendre plus de poids dans le débat public.
Dans la vidéo de présentation de Coop-medias, vous citez un rapport de l'ONG Reporters Sans Frontières qui dénonce la concentration des médias, mais aussi “la dégradation de la qualité des contenus”. Autant le premier point me semble très factuel, autant le second peut paraître plus subjectif d’une personne à l’autre. Je vais me faire l'avocat du diable, mais comment peut-on observer objectivement cette dégradation de la qualité des contenus ?
De nombreuses associations comme Acrimed, Un bout des médias, le Fonds pour une Presse Libre (FPL), ou encore Quota Climat font un travail remarquable d’observation critique du paysage médiatique en France. Le milieu de la recherche s’est lui aussi penché sur le sujet, avec par exemple les travaux de Pierre Rimbert et Julia Cagé. Enfin, les mises en demeure de l’Arcom constituent un autre indicateur à considérer.
Il y a un gros sujet autour des fake news, et donc de la véracité et de la précision des informations diffusées dans les médias. Cela recoupe plusieurs problèmes. Le plus évident est hélas de plus en plus fréquent : c’est quand des médias diffusent sciemment des contenus aberrants — car complotistes, climatosceptiques ou autres.
Dans certains cas, la diffusion d’informations erronées est due à un manque de moyens donné aux rédactions pour vérifier leurs sources et faire un vrai travail journalistique. Autant dire que la montée des chaînes d’infos en continu et tout le contexte de course effrénée à l’audience n’arrangent rien au problème.
Enfin, un autre cas de figure très fréquent est celui de la diffusion d’informations “justes”... mais incomplètes. C’est typiquement le cas lorsque des chaînes privées ou publiques font un reportage sur une catastrophe naturelle sans faire la moindre référence au changement climatique. La conséquence de tout ça, c’est qu’on se retrouve avec un sens de la preuve inversé.
C’est à nous de vérifier la véracité d’une information après sa diffusion alors que c’est censé être un travail assuré par les médias en amont. Et comme le dit la fameuse loi de Brandolini, c’est plus complexe et chronophage de prouver qu’une information est fausse que de diffuser une aberration — qui va ensuite être relayée les yeux fermés par d’autres médias et sur les réseaux sociaux.
Aujourd’hui, il y a un vrai enjeu autour de nombreux manquements à la déontologie journalistique — telle qu’elle a été prévue par la Charte de Munich en 1971. C’est pour ça qu’on a besoin de soutenir des médias qui font un travail de qualité et dont la ligne éditoriale n’est pas influencée par les intérêts économiques et idéologiques de leurs actionnaires. Et ce, d’autant plus que beaucoup de médias indépendants luttent pour leur survie, ce qui est un obstacle majeur dans la pérennité de leur activité.
Justement, je voulais y venir. Ne m’en veux pas mais je vais de nouveau me faire l’avocat du diable (rires). Vu de l’extérieur, on pourrait naïvement penser que les médias indépendants en France se portent plutôt bien. Tout d’abord parce qu’il est difficile de ne pas penser au cas d’école Médiapart ou à la longévité du Canard Enchaîné, mais aussi parce qu’il y a eu de gros succès récents. Je pense à Blast, Vert ou encore La Déferlante — qui, pour l’anecdote, n’existaient pas quand j’ai créé PWA il y a cinq ans. Ce qui m’inspire une question : au-delà de ses porte-drapeaux, quelle est la réalité de la plupart des acteurs de la sphère des médias indépendants ?
À l’inverse, beaucoup disent que les médias ont vocation à être déficitaires — et donc que ça ne sert à rien d'essayer de les sauver. Le premier point, c’est que de nombreux médias indépendants ont du mal à boucler les fins de mois. Pour ces derniers, de simples frais de fonctionnement comme payer les salaires et régler les factures représentent déjà un sujet en soi. Face à un horizon à court terme aussi menaçant, la pression économique est telle que toute leur énergie est tournée vers la survie. Dans un tel contexte, ça va sans dire que c’est plus compliqué d’investir sur du long format, sur de l’investigation, ou sur des sujets pour lesquels tu risques une procédure-bâillon.
Coop-medias ne pourra évidemment pas libérer les médias indépendants de toutes questions d'argent. Mais à travers nos actions, on a pour objectif de leur créer un cadre plus sécurisant qui les aide à se sentir moins seuls et mieux armés face aux nombreuses difficultés qu’ils peuvent rencontrer au quotidien. On veut devenir le collectif dans lequel il y aura toujours quelqu’un qui aura une réponse à leurs questions, et sur lequel ils pourront toujours compter en cas de coup dur.
D’autant plus que les médias indépendants font face à des géants. Rien que le groupe Bolloré, c’est des chaînes TV et radio (Canal+, C8, CNews, Europe 1), des titres de presse (Le JDD, Paris Match, Capital), un conglomérat de l’édition (Hachette Livre), un empire publicitaire (Havas), ou encore le réseau d’enseignes Relay. Ça revient à posséder l’ensemble de la chaîne de production et de distribution de l’information. Autant dire que ça n’a rien d’une lutte à armes égales.
À ce sujet, j’avais noté une citation de l’économiste Julia Cagé, qui parle de “l’urgence de faire sortir l’information, qui est un bien public, de la logique de marché”. Comment pourrait-on avancer dans cette direction ?
Je dirais qu’il y a plusieurs axes à privilégier. Le premier, ce serait tout simplement d’aller plus loin dans la réglementation de la concurrence appliquée aux médias. L’idée, ce serait de reconnaître que ce ne sont pas des entreprises comme les autres, et donc de reconsidérer quel type d’actionnaire peut posséder quoi, en quelle quantité, et avec quelles limites.
Une autre mesure-clé serait de redonner plus de pouvoir aux rédactions. Cela éviterait des situations d’impasse comme celle des journalistes du JDD au moment du rachat par le groupe Bolloré, qui n’ont pas eu d’autre choix que de démissionner en masse après la grève qui a fait suite à la nomination de Geoffroy Lejeune à la tête du média.
Enfin, il y a tout un sujet de complexité et d’opacité autour du financement des médias et de leur gouvernance — très bien résumé par cette cartographie réalisée par le Monde Diplomatique et Acrimed. Aujourd’hui, il faut s’armer de courage pour comprendre la composition de l’actionnariat des grands médias, mais aussi les forces à l’œuvre derrière des choix éditoriaux qui semblent de plus en plus déconnectés des intérêts et préoccupations des citoyens.
Je viens d’une entreprise, Enercoop, qui a pour devise “la réappropriation citoyenne de l'énergie”. On a toujours considéré l’électricité comme un bien commun. On a beaucoup travaillé sur le volet pédagogie pour que chaque personne soit capable de comprendre sa facture d’énergie — ce qui n’avait jamais été dans l’intérêt des acteurs historiques du secteur. De même, on a produit beaucoup de contenus sur le fonctionnement du marché de l’électricité. Et je pense qu’il y a urgence à adopter une démarche similaire pour les médias aujourd’hui.
Qui possède quoi ? Quels sont les différents modèles économiques existants ? Comment fonctionne une conférence de rédaction ? Combien ça coûte de distribuer un journal papier ? En quoi consistent les aides à la presse et qui y a droit ? Au-delà des journalistes et des professionnels du secteur, rares sont les personnes capables de répondre précisément à ces questions. À mes yeux, il y a un vrai besoin de clarté sur tous ces sujets.
Justement, j’ai vu qu’il y avait un volet éducation populaire dans vos actions avec Coop-médias. Peux-tu me dire en quoi cela va consister ?
Tout d’abord, c’est un enjeu inhérent au modèle de la coopérative. On a un devoir de transparence et de pédagogie auprès de nos sociétaires, qui sont détenteurs de parts sociales et sont amenés à voter lors des assemblées générales. Et on compte bien étendre cette démarche de transparence au grand public. À savoir qu’un certain nombre de médias qui nous ont rejoint en tant que sociétaires le font déjà.
L’autre initiative qui nous tient à cœur, c’est de rapprocher littéralement les gens des médias qu’ils consomment. On a déjà eu pas mal de prises de contact de la part de collectivités qui s’intéressent à nos activités. Et on voudrait organiser des journées de rencontres entre le grand public et des médias indépendants régionaux. Notre force, c’est qu’on est déjà en lien avec un certain nombre de rédactions réparties aux quatre coins de la France. Je pense par exemple à Médiacités, Rue89, Marsactu, ou encore la revue Far Ouest.
On a très envie de les aider à développer une relation de proximité avec les personnes qui vivent au même endroit. Il y a plein de choses à imaginer pour ouvrir un dialogue entre les équipes de ces médias et le grand public. Cela leur permettrait d’échanger autour du métier de journaliste, sur leurs enjeux au quotidien, leur façon d’enquêter, etc. Je suis convaincue que si on veut que les gens retrouvent confiance dans les médias, ça commence forcément par là.
Et c’est tout le mal que je te souhaite avec Coop-médias. Je te propose d’ailleurs de conclure sur ça. Ça a été un plaisir de découvrir ce nouveau projet et de revenir avec toi sur les nombreux enjeux des médias indépendants. Alors un grand merci à toi Lucie, et je te dis à bientôt !
4 interviews de PWA sur des sujets voisins :
PWA #77 avec Vincent Edin : sur l’extrême-droite et les médias
PWA #73 avec Marine Doux : sur le développement des médias indépendants
PWA #64 avec Sarah Ichou : sur les relations entre médias et quartiers populaires
PWA #53 avec Jean-Marie Charon : sur les différentes crises du journalisme
🔮 GRAND BAZAR… Dans le radar
Cette année encore, je ne ferai pas le NaNoWriMo mais sachez que ça démarre vendredi.
Racine carrée du verbe être : C’est le nom de la dernière création du metteur en scène Wajdi Mouawad, que l’on peut voir en ce moment au théâtre de la Colline [à Paris]. Ce n’est pas mon art de prédilection et les six heures (!) de la pièce ont de quoi intimider. Reste que ce sera sans aucun doute l’une des œuvres les plus captivantes qu’il m’aura été donné de découvrir cette année. Coup de cœur !
Ouï-lire : Ça fait des années que j’en parle, et je m’y suis enfin mis. Je veux bien sûr parler des livres audios, qui sont maintenant disponibles sur Spotify. Et alors que je viens de finir la dense trilogie du Problème à Trois Corps et que je me relance dans un nouveau pavé avec Le Comte de Monte-Cristo, je compte bien en profiter pour varier les plaisirs et lire plus d’essais. Initiation réussie avec Retour à Reims, de Didier Eribon.
Capital sympathie : En parlant de sociologie, je suis content d’être tombé sur la chaîne de vulgarisation de Grégoire Simpson — repérée dans la newsletter du média Fracas. Passé l’effet repoussoir des codes de la course aux clics sur YouTube, j’ai découvert des essais vidéos très documentés sur des sujets de société qui ont souvent tendance à crisper. Je vous laisse juger avec son analyse d’un raccourci aussi fréquent que décourageant : “écolos = bobos” — qui n’est décidément pas un terme de socio.
🗣 MEANWHILE… L’actu des plumes
Et vous, ils ressemblent à quoi vos projets du moment ? Écrivez-moi pour m’en parler et apparaître dans la prochaine édition : benjamin.perrin.pro[a]gmail.com
Margaux a publié son nouveau livre, Ultraviolet.
Lloyd a parlé de science-fiction avec Thomas Pesquet.
Siham a répondu a une interview dans le podcast Le Plongeoir.
Mickaël a lancé un nouveau podcast sur la pédopsychiatrie.
Pauline a ouvert un café céramique à Nancy.
Thibaut a publié une newsletter sur la désinformation.
Nathalie m’a partagé son projet sur les liens intergénérationnels et interculturels.
Mathis est revenu sur l’histoire de la newsletter d’Anaïs sur la belle-maternité.
Julia et Pauline ont publié ensemble sur les dynamiques entre lecture et écriture.
DERNIÈRE CHOSE…
Je ne pouvais pas conclure une édition sur le financement des médias indépendants sans remercier celles et ceux qui ont mis la plume à la poche pour me soutenir sur Tipeee. En octobre, je n’ai pas communiqué sur le sujet et la remise à zéro du compteur m’a un peu peiné. Alors si vous avez procrastiné avec ça et/ou que vous voulez votre paire de chaussettes PWA (que je devrais enfin recevoir ce mois-ci !), sachez qu’il est encore temps.
Pour rappel, je m’occupe de cette newsletter de A à Z depuis sa création il y a cinq ans, pour un temps passé que j’estime à plus de trois jours par mois. Depuis peu, vous avez la possibilité de ✨ me faire un don ✨ — de façon ponctuelle ou récurrente — pour m’offrir l’équivalent d’un café, d’un livre ou d’un déjeuner. Ça m’aide à faire vivoter le média, mais aussi à prendre confiance avec cette idée terrifiante de demander de l’argent pour soutenir le projet. Et vu le temps que m’ont pris ces dernières lignes à écrire, il me reste encore pas mal de boulot sur le sujet.
May the words be with you,
Benjamin
Plumes With Attitude est une newsletter indépendante sur l'écriture au sens large, entre interviews de plumes de tous horizons et curation de haut vol. Si vous avez aimé cette lecture, n’hésitez pas à la partager autour de vous ou à me dire ce que vous en avez pensé par e-mail → benjamin.perrin.pro[a]gmail.com