J’ai toujours eu une relation particulière avec le journalisme. Enfant, c’était mon métier rêvé. Et pourtant, je m’en suis (trop ?) rapidement écarté. Mais si mon appétence pour la presse est vite passée, mon goût pour l’écriture est resté.
Reste qu’aujourd’hui, je connais un certain regain d’intérêt pour la discipline. Tenir mon petit média à moi n’y est probablement pas pour rien. D’autant plus que ces derniers mois, j’ai eu la chance de rencontrer un certain nombre de journalistes.
De Kyle Chayka à Annabelle Perrin, en passant par Nicolas Rogès et Vincent Cocquebert, chacun de ces invités récents m’a inspiré à sa façon. Mais si leurs interviews ont fait la part belle à leurs projets respectifs, les questions sur leur métier ont souvent été reléguées au second plan. Jusqu’à maintenant.
Car aujourd’hui, le journalisme se retrouve au cœur de toute une édition. Pas sous son meilleur jour certes, mais pour une bonne raison. Notre nouvel invité est allé à la rencontre de celles et ceux qui se sont heurtés trop vite, trop souvent ou trop longtemps aux faces sombres de l’industrie. Jusqu’à faire table rase d’un métier passion et quitter la profession.
J’ai toujours eu une relation particulière avec le journalisme. Et mon petit doigt me dit que ce n’est pas fini. Aujourd’hui, on part ensemble dans les coulisses d’un métier qui a plus que jamais besoin d’être repensé. De l’intérieur comme de l’extérieur, en attendant des jours meilleurs.
Bonne lecture,
Benjamin
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🎙 INTERVIEW… Jean-Marie Charon
À chaque newsletter, je vous propose de découvrir le portrait d’une véritable plume “With Attitude”. Aujourd’hui, j’ai le plaisir de recevoir Jean-Marie Charon, sociologue et chercheur spécialisé dans l’univers des médias. En septembre 2021, il a publié Hier, journalistes : ils ont quitté la profession (Entremises Éditions), une enquête en collaboration avec Adénora Pigeolat sur la crise aux multiples visages que connaît la discipline.
Bonjour Jean-Marie et merci d’avoir accepté l’invitation ! J’ai entendu parler de vos travaux pour la première fois en 2021, autour de la sortie de votre livre. Quels étaient vos rapports avec le monde du journalisme avant de démarrer cette enquête ?
C’est une vieille histoire qui remonte à la fin des années 80. À l’époque, j'étais déjà chercheur dans le domaine des médias et on m'avait proposé de devenir le rédacteur en chef de Médias Pouvoirs, une revue trimestrielle éditée par le groupe Bayard. C’était une publication [arrêtée en 1998] qui faisait le lien entre des journalistes et des chercheurs autour du sujet de l’évolution des médias.
C’est dans ce contexte que j'ai écrit Cartes de presse en 1994. C’était un livre d’enquête sur l’évolution du journalisme à la demande d’un certain Edwy Plenel, qui était à l’époque directeur de collection chez Gallimard. Et en parallèle de mes activités de recherche au CNRS et à l’EHESS, j’ai eu l’opportunité d’enseigner à Sciences Po et au Centre de Formation des Journalistes.
J’ai un peu plus tard rejoint le cabinet de Catherine Trautmann entre 1997 et 1998, au sein du Ministère de la Culture et de la Communication. Je m’occupais de la presse écrite, de la radio et du journalisme au global. C’était d’ailleurs une époque assez mouvementée pour la profession. On accusait notamment les photographes de presse d’avoir tué la Princesse Diana. Je me suis donc retrouvé sur certains dossiers sensibles. J’ai également été à l’origine d’initiatives comme la création de la fonction de médiateur au sein des rédactions de l’audiovisuel public.
J’ai donc beaucoup travaillé sur la déontologie dans le journalisme, mais aussi sur la question de la modernisation de l’industrie — notamment vis-à-vis du numérique. Hier journalistes est donc plutôt un livre à contre-emploi, dans la mesure où il ne s’inscrit pas dans mes approches précédentes.
C’est également un livre écrit à quatre mains, avec pour co-autrice Adénora Pigeolat. Comment s’est décidée cette collaboration ?
On avait déjà travaillé ensemble sur des sujets d’innovation dans le journalisme. Avant notre livre, je m’étais intéressé à la façon dont des grands médias comme Le Monde, L’Équipe ou Le Figaro se sont lancés sur des réseaux sociaux comme Snapchat et TikTok pour s’adresser à un public jeune voire adolescent. Sauf que je ne connaissais pas du tout ces plateformes, qui sont plutôt de la génération d’Adénora. On a donc réalisé une enquête et publié un certain nombre d’articles ensemble.
Et alors que je discutais sur Twitter avec des journalistes dans le cadre de nos travaux, j’ai vu qu’un certain nombre d’entre eux étaient en grande difficulté vis-à-vis de leur profession. Comme Adénora avait été en licence de psychologie, je lui ai proposé de collaborer sur ce nouveau sujet. Je suis d’ailleurs très heureux d’avoir eu cette intuition. Car à ce moment-là, je n’avais encore aucune idée de la place cruciale qu’allait occuper le volet psychologique au sein de l’enquête.
Le mot-clé de votre analyse, c'est le désenchantement. Par définition, c’est un phénomène qui se traduit par un certain décalage entre des attentes et une réalité. Comment se manifeste ce désenchantement dans le journalisme ?
La genèse de notre enquête, ce sont des journalistes qui annoncent sur Twitter qu’ils ont quitté la profession ou s’apprêtent à le faire. On a alors demandé à une cinquantaine d’entre eux de nous expliquer leur cheminement jusqu’à cette décision. Période de confinement oblige, on a rarement pu conduire ces entretiens en face-à-face. On a donc proposé une forme d’enquête qui était pour moi inédite : la conversation par e-mail. C’est un format qui s’est révélé particulièrement adapté à la situation. Cela leur a permis de s’investir davantage, de prendre le temps de détailler leurs réponses, mais aussi de se livrer.
On a pu voir émerger des éléments qu’on n’aurait probablement pas eus en face-à-face. Par exemple, un certain nombre de femmes nous ont parlé de harcèlement — et notamment de harcèlement sexuel. Au début, elles faisaient référence à des collègues qui avaient vécu ça dans leur rédaction. Et puis, certaines ont fini par nous confier qu’elles en avaient elles-mêmes été victimes. Le burn-out et le stress post-traumatique ont été des thématiques récurrentes de notre enquête. Et ça, on ne l’avait pas anticipé.
On n’avait pas prévu d’écrire sur le désenchantement. Ce sont les journalistes eux-mêmes qui l’ont mis en avant. Quand on a démarré l’enquête, on s’imaginait que nos travaux allaient s’orienter essentiellement autour des conditions de travail ou de situations de précarité. Sauf que la première chose qui revenait systématiquement dans les témoignages, c’est le désenchantement.
C’est cette rupture entre des attentes autour d’un métier rêvé — parfois depuis l’enfance — et une réalité qui ne correspond pas à ce qu’ils espéraient. D’autant plus que cela représente un investissement conséquent. On ne rentre pas comme ça dans une école de journalisme : cela demande des efforts, beaucoup de travail, ainsi qu’un certain coût financier.
Le désenchantement s’est couplé à une autre notion : la perte de sens. Là aussi, on a découvert un grand décalage entre leurs attentes autour de l’utilité du métier et leur confrontation aux sujets qui leur étaient confiés. Les premiers échanges qu'on a eus sur Twitter étaient très chargés sur le volet émotionnel. Leur déception était d’autant plus grande qu’ils étaient nombreux à considérer le journalisme comme un métier passion. D’où ce sentiment de désenchantement, qui est également une façon d’exprimer une certaine révolte.
Aujourd’hui, le journalisme est marqué par un contexte de crise économique des médias, frappés de plein fouet par la concurrence des GAFA. Et si votre enquête concerne des personnes qui quittent la profession par elles-mêmes, cela fait des années qu’on assiste à des vagues de licenciements — y compris au sein des plus grandes rédactions. Quels liens faites-vous entre ces deux crises ?
En effet, les géants du web ont privé les médias d’une grande partie de leurs revenus publicitaires. Leur fragilité économique s’est traduite par des conditions de travail très compliquées pour les journalistes. Aujourd’hui, de nombreux médias n’ont plus les moyens de faire un travail de rédaction approfondi. Ceux-ci vont donc employer moins de journalistes et souvent remouliner les mêmes données que toute l’industrie.
Dans nos entretiens, on a entendu à plusieurs reprises le terme de “putain de copié-collé” pour décrire cette incitation par la hiérarchie à pomper le travail des confrères. La faute à une intensification de la production de contenu à l’ère des réseaux sociaux et des médias d’informations en continu. Dans ce contexte de fragilité économique, les médias vont beaucoup faire appel à des pigistes, voire des autoentrepreneurs. Et quand ils recrutent des journalistes, c’est plutôt en CDD. La conséquence de tout cela, c’est une montée de la précarité dans la profession.
On a identifié trois types de profils concernés. La première catégorie, ce sont les moins de 35 ans qui enchaînent contrats courts, périodes de chômage et piges mal rémunérées. Si au bout de cinq ans, on ne leur propose rien de plus stable ou de plus intéressant que du journalisme “copié-collé”, ils finissent par s’en aller. Parmi à ceux qui réussissent à signer un CDI, on retrouve beaucoup de journalistes “desk” (ou journalistes assis). Leur mission consiste à traiter une information de flux, souvent de façon redondante et dans des conditions décrites comme “un travail d’usine”.
La deuxième catégorie, ce sont les journalistes autour de la quarantaine qui sont certes parvenus à entrer dans l’industrie, mais au prix de conditions de travail très difficiles, de burn-out, d’inégalités de traitements entre les genres, ou encore de harcèlement. On retrouve aussi des personnes qui ont surinvesti dans leur vie professionnelle au détriment de leurs projets personnels — et finissent par le regretter.
Enfin, la troisième catégorie correspond aux plus de 50 ans qui travaillent dans des rédactions ayant changé de propriétaires à plusieurs reprises. Ceux-ci ont pu voir leurs efforts balayés par de nombreuses réorganisations, avec à chaque fois de nouvelles règles du jeu et des changements de déontologie. Ce sont les premières victimes de ce que j’appelle dans le livre “la part d’ombre de la mutation des médias”.
On parle traditionnellement de la presse et des médias comme “le quatrième pouvoir”. Et aujourd’hui, celui-ci est de plus en plus contesté. Car si l’industrie est en situation de crise interne, elle connaît également une certaine défiance externe, de la part du grand public vis-à-vis des journalistes. Pour moi, ce n’est pas un phénomène isolé, mais plutôt une tendance globale dans un contexte de remise en question de la parole des experts. On l’a notamment vu ces dernières années avec le secteur de la santé. Alors selon vous, que dit cette défiance de notre société ?
À vrai dire, le phénomène n’est pas si nouveau que ça. En 1987, on avait créé avec Médias Pouvoirs le baromètre sur la confiance des Français dans leurs médias. Et on avait eu de grosses surprises face aux résultats de sa première édition. Une personne sur deux qui ne croit pas ce qui se dit dans les médias, deux personnes sur trois qui ne croient pas à l’indépendance du journalisme… C’était une crise de confiance qu’on n’avait pas vu venir. Contrairement aux commentaires entendus à chaque nouvelle édition du baromètre, ces données sont restées assez stables depuis les années 90. Ce qui a changé, c’est qu’aujourd’hui on ne peut plus l’ignorer. Il suffit de regarder la virulence des propos envers les journalistes sur les réseaux sociaux.
Jusqu’à la moitié du XXème siècle, la presse évoluait dans un monde où la connaissance était extrêmement resserrée socialement. Dans ce contexte, les médias représentaient un univers de savoirs. Les journalistes étaient quant à eux assimilés à des experts compétents dont la fonction était de délivrer des informations justes. Bien sûr, je grossis le trait volontairement et la réalité est beaucoup plus complexe. Mais au global, c’est une profession qui a longtemps été en surplomb du reste de la population… et qui a fini par se retrouver au même niveau que tout le monde dans sa perception par le public.
Tout d’abord, il y a eu un premier niveau de contestation venue des experts issus d’autres classes de métiers. Cela correspond au moment où une part croissante de la société française se met à faire des études supérieures. C’est par exemple un enseignant qui va s’opposer à la façon dont une réforme est décrite dans la presse. Ce sont donc des représentants de certains corps de compétences qui vont interpeller les journalistes sur leur faible niveau de connaissance ou d’exigence sur un sujet donné.
Le second niveau de contestation correspond bien sûr à l’arrivée d’Internet, puis des réseaux sociaux. Cela a permis à tout le monde de faire ses propres recherches d’informations, mais aussi d’avoir cette possibilité d’être en communication permanente avec les journalistes. Il y a donc un nouveau rapport de force qui s’est installé — et qui s’est d’ailleurs accompagné de nouvelles formes de pression. Car le harcèlement n’a pas seulement lieu au sein des rédactions. Des journalistes peuvent recevoir de véritables menaces sous prétexte que des internautes n’ont pas aimé une de leurs idées ou formulations.
À côté de ça, il y a aussi de nouveaux médias qui émergent et gagnent en popularité. De plus en plus de journalistes créent des podcasts et newsletters indépendantes, ou investissent de nouveaux formats sur des plateformes comme Twitch ou TikTok. Mais il y a surtout beaucoup d’inconnus — dont j’estime faire partie — qui lancent leur propre média et créent du contenu qui peut se rapprocher d’une certaine forme de journalisme. Quelle est votre lecture de ce phénomène ? Peut-on parler de renouveau de la discipline ?
Je pense qu’il y a même un double renouveau. Lors de mouvements sociaux comme celui des Gilets Jaunes, on a vu un des jeunes prendre le pouls des manifestations en partageant leurs images et vidéos sur les réseaux sociaux. Plusieurs syndicats voire le Ministre de l’Intérieur se sont empressés de dire qu’il ne fallait pas confondre ces personnes avec de “vrais” journalistes. Mais il y a selon moi une certaine ironie dans cette situation.
Car dans les périodes de rupture, l’évolution des médias a toujours été la traduction d’une certaine redéfinition de la société. La période qui a suivi Mai 68 a vu apparaître de nouveaux journaux comme Libération ou des radios comme Nova. Rappelons aussi que des grands patrons de presse comme Edwy Plenel ou Serge July n’ont pas de diplôme de journalisme. Ce sont au départ des militants politiques, ce qui a d’ailleurs marqué leurs premières expériences dans les médias. Plenel a commencé avec Rouge, July avec La Cause du People. Et ça s’inscrivait pleinement dans la rupture de l’époque.
Aujourd’hui, on assiste à un certain nombre de redéfinitions fondamentales de notre société. Dans un sens, notre époque me fait penser à la rupture sociale qu’a été l’après-68. Et là encore, celle-ci s’exprime davantage par une nouvelle génération de créateurs de médias — pas forcément passés par l’école de journalisme — que par les professionnels de l’industrie. Et si en 68 on n’avait guère le choix entre lancer un journal ou un magazine, il y a aujourd’hui une multitude d’outils et de façons de s’exprimer à notre disposition. D’où ma lecture d’un double renouveau, issu d’une rupture à la fois sociale et technologique.
Enfin, rappelons au passage qu’à la création du statut de journalisme en 1935 avec la loi Brachard, il est décidé que c'est une profession ouverte. Cela veut dire qu’il n’y a pas besoin d’avoir fait telle école ou d’avoir tel diplôme. C’était une des grandes intuitions de l’époque et je pense que celle-ci doit rester.
Pour tout dire, c’était le métier dont je rêvais quand j’étais enfant. Jusqu’à ce qu’un journaliste de presse locale m’en dissuade très tôt dans ma vie pour des raisons économiques. Et je reconnais avoir une certaine satisfaction à l’idée de m’en rapprocher à ma façon par cette newsletter. De votre côté, quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui a envie d’aller vers le journalisme aujourd’hui ?
Je dirais qu’il faut avoir conscience que c'est un milieu très concurrentiel. Et tout le monde n’a pas les mêmes cartes en main pour faire face à cette réalité. Certaines personnes ont la chance de faire des rencontres décisives dès l’école, d’autres vont commencer leur vie professionnelle en enchaînant les galères.
Ceci dit, notre livre n'est pas une thèse sur la fin du journalisme. Je ne dirai jamais à quelqu’un qui se passionne pour cette profession de ne pas y aller. Il y a une critique que j’ai souvent entendue au sujet du livre, c’est qu’aujourd’hui il est assez fréquent de changer de métier au cours d’une vie. Et donc que je ne devrais pas dramatiser.
Il y a un certain nombre de conclusions du livre qui pourraient s’appliquer au monde de la recherche — que je connais bien. Combien de jeunes gens brillants font des thèses et vivent dans des conditions précaires pendant des années ? Combien d’entre eux finissent par réaliser entre 35 et 40 ans que leurs chances d’intégrer le CNRS sont de plus en plus faibles ?
Cela n’empêche qu’ils ont travaillé sur des sujets passionnants pendant des années et que leur bagage va leur permettre de rebondir. Et c’est ce qu’ils font ! Parmi les journalistes interrogés qui ont quitté la profession, il y a de nombreuses belles reconversions. On les retrouve notamment dans l’enseignement, la communication, les arts et ou encore la technologie.
Au cours de mes recherches, j’ai lu que votre livre s’inscrivait dans une démarche de lanceur d’alerte. Pouvez-vous m’en dire plus sur cette approche ?
Face à la force émotionnelle des entretiens, on a voulu avoir un autre point de vue : celui des entreprises. On est donc allés voir des rédacteurs en chef, des responsables des ressources humaines, mais aussi des syndicats et associations de journalistes. Et là, on a eu l’impression de se retrouver face à des gens dans le déni. C’est comme si ce qu’on avait entendu en entretien n’était qu’un phénomène isolé dont ils n’avaient jamais entendu parler — et qui bien sûr n’existait pas dans leurs équipes.
Alors c’est seulement à ce moment qu’on s’est dit qu’on allait en faire un livre. De cette façon, cela oblige les différentes parties prenantes à se positionner. Et même si les livres — notamment en sciences sociales — n’ont plus le même rayonnement qu’auparavant, cela reste un objet symbolique qui a beaucoup plus de force qu’une série d’articles en ligne. L’alerte que j’ai voulu lancer a pour objectif premier de reconnaître qu’il y a un certain nombre de problèmes. Je veux donc interpeller les rédactions, syndicats et autres institutions pour qu’ils posent les bonnes questions au sein de l’industrie.
Reste que je suis conscient que ce n’est pas un livre qui va enrayer la diminution structurelle du nombre de journalistes. Mais je pense qu’il peut avoir un certain impact autour des enjeux liés à la santé mentale des journalistes. C’est d’ailleurs sur ce sujet que l’apport d’Adénora a été le plus décisif. Nos recherches nous ont amenés à étudier les implications de ces burn-out et harcèlements aux côtés de psychiatres, psychologues et médecins du travail. Et je pense que tirer la sonnette d’alarme est une première étape pour apporter des solutions sur ce terrain.
Ça me semble déjà un premier pas essentiel. Je vous propose de conclure notre interview sur ce message. Un grand merci Jean-Marie pour cette conversation autour d’un sujet de société aussi important. Je vous souhaite une bonne continuation dans vos travaux et vous dis à bientôt.
4 chiffres à retenir sur le journalisme :
34 132 : « En 2020, c’est le nombre des journalistes qui exercent leur profession avec une carte de presse (contre 37 392 en 2009), ce qui représente une baisse de près de 10% en une décennie. »
27,6% : « C’est la proportion des journalistes détenteurs de carte de presse qui exercent en situation de précarité (pigistes ou demandeurs d’emploi, pour deux ans maximum en raison d’une très faible activité). »
48,5% : « C’est la proportion de femmes journalistes. On approche de la parité, mais il faut dire qu’on revient de loin. La profession a longtemps été très masculine, avec un “plafond de verre” qui continue à peser sur les carrières des femmes journalistes. »
40% : « C’est le nombre de nouveaux journalistes qui ont abandonné la profession au bout de 7 ans selon une étude du Carism (Université Paris 2). En 1998, ce chiffre s’élevait à 28%. Une tendance à mes yeux assez inquiétante. »
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