Rares sont les mois aussi mouvementés que celui que nous venons de passer. Et après le déconfinement, mon autre bonne nouvelle de mai se trouve du côté du nombre d’abonnés. Plumes With Attitude vient de passer la barre des 1200 lecteurs ! 🎉
Mon autre newsletter Black Swans Collection n’est pas en reste, avec une quarantaine d’abonnés deux mois après son lancement. La quatrième édition vient de sortir aujourd’hui — mois mouvementé oblige — et j’en suis très content.
J’y parle de l’évolution des réseaux sociaux vers le “metaverse”, de mon interprétation très personnelle du modèle X for Y, et de l’importance de définir ses ennemis. Pour lire ces essais, accéder aux éditions passées et me soutenir au passage (😊), n’hésitez pas à rejoindre le club.
D’ailleurs, il va être question de club dans cette publication. Et alors qu’émergent chaque jour de nouvelles communautés pas forcément destinées à durer, le collectif d’entrepreneurs de notre nouvelle invitée m’impressionne par sa longévité. De nombreux passages de notre interview m’ont donné de très belles illustrations du concept d’antifragilité.
Bonne lecture à vous,
Benjamin
Plumes With Attitude est une newsletter sur l’écriture sous toutes ses formes. Si vous avez envie de suivre cette publication, abonnez-vous pour recevoir les prochaines éditions.
🎙 INTERVIEW… Agathe Wautier (The Galion Project)
À chaque newsletter, je vous propose de découvrir le portrait et les idées d’une véritable plume “With Attitude”. Aujourd’hui, j’ai la chance de recevoir Agathe Wautier, qui est la co-fondatrice et CEO du think-tank pour entrepreneurs The Galion Project. Pour vous donner une idée de sa communauté, dites-vous que plus de 300 dirigeants des plus belles start-ups françaises ont pris leur carte de membre pour échanger entre pairs, lancer des initiatives bénéfiques à tout l’écosystème, ou encore faire du kitesurf ensemble. Je ne peux pas vous garantir que le Galion n’aura plus de secret pour vous à la fin de l’interview, mais vous êtes invités à en découvrir les coulisses. Alors bienvenue au club !
Hello Agathe et merci d’avoir répondu à l’invitation ! Je voudrais commencer par la façon dont tu décris le Galion Project, à savoir un “think tank” d’entrepreneurs. C’est un terme assez abstrait souvent associé à des bureaux d’études ou des organismes de recherche plus ou moins opaques. Je trouve que c’est un choix plutôt étonnant pour vous décrire dans le sens où c’est un univers très éloigné du monde de l’entrepreneuriat. Alors ce qu’est un think tank d’entrepreneurs au sens du Galion ?
En fait, le Galion a deux piliers. Le premier, c’est la communauté d'entrepreneurs qui se stimulent les uns les autres pour apprendre et se développer entre pairs. C’est notre raison d’être. Puis, à force de se retrouver, d’échanger sur nos expériences, nous nous sommes rendus compte qu’il y avait une vraie intelligence collective au Galion. Tout ce savoir ne pouvait pas rester entre nous : nous avions envie de transmettre au plus grand nombre. C’est ainsi qu’est né le deuxième pilier : le think tank. Alors c’est vrai qu’il y a une dimension très lobby, très politique derrière le terme, mais c’est un rôle qu’on laisse à d'autres acteurs de l'écosystème. Nous réalisons des outils et des publications créés par les entrepreneurs pour les entrepreneurs. Donc oui, il est bien question d’un think tank avec pour seule différence que notre dimension politique est égale à zéro. J’aime bien aussi nous imaginer comme un collectif d’entrepreneurs.
Pour moi, le Galion répond vraiment à une logique de “club”. On retrouve les deux axes centraux de ce type d’organisations. Il y a tout d’abord la recherche de sens, qui motive des inconnus à se réunir pour échanger autour de centres d’intérêts communs. Et aussi, il y a tout le volet identitaire, qui fait qu’une personne va se développer au travers d’interactions et d’un sentiment d’appartenance à un groupe donné. J’ai tendance à penser que les entrepreneurs trouvent déjà beaucoup de sens et en apprennent beaucoup sur eux-mêmes au travers de leur activité. Alors qu'est-ce que ceux-ci viennent véritablement chercher au Galion ?
C’est vrai que les entrepreneurs sont toujours très occupés et en contact permanent avec leurs co-fondateurs, salariés et investisseurs. Ce sont des personnes qui ont une intensité assez forte dans leur vie, mais qui peuvent aussi se retrouver assez seules au quotidien. Les gens qui les entourent ne sont pas forcément ceux avec qui ils vont pouvoir partager leurs doutes, leurs inquiétudes. Et cela les empêche d’avancer. Alors c’est justement ça qu’ils viennent chercher au Galion : se retrouver entre pairs pour briser leurs plafonds de verre. En effet, ils vont à la fois trouver de l'écho en partageant ouvertement ce qu’ils vivent eux-mêmes, mais aussi en écoutant ce que vivent d’autres entrepreneurs. Plusieurs membres m’ont déjà dit que cela permettait de mettre des mots sur des choses qu'il peuvent ressentir sans forcément être capables de l’expliquer. Ainsi, il y a un côté “thérapie collective” pour des individus qui se remettent constamment en question. C’est aussi un endroit où ils n’ont pas à se vendre en permanence auprès de leurs clients, de leurs employés ou de leurs investisseurs. Ils ont beau être passionnés par ce qu’ils font et avoir une vie épanouissante, le rôle de fondateur dirigeant est épuisant psychologiquement. Le Galion, c’est donc leur poumon de respiration qui leur permet de pouvoir souffler.
C’est quoi les premiers pas d'un entrepreneur qui arrive au Galion ?
Déjà, on n’arrive pas au Galion par hasard dans la mesure où il faut avoir été parrainé par deux membres. L’étape suivante est un café avec moi ou quelqu'un de l'équipe pour en savoir plus sur l’entrepreneur et lui parler de notre ADN. La personne est ensuite ajoutée sur notre groupe Telegram et sera invitée à un dîner d'onboarding où deux anciens accueillent quatre nouveaux. On aime beaucoup se réunir en petit comité et c’est très souvent que les entrepreneurs s'invitent à dîner les uns chez les autres. Il y a aussi différents formats d’événements avec plus de monde, comme les Galion Breaks. Le principe, c’est de partir sur 3 à 5 jours avec un groupe de 10 et 30 entrepreneurs pour faire du ski, du kitesurf ou de la méditation selon l’endroit et la saison. L'idée, c'est vraiment de pouvoir se donner du temps pour échanger et prendre du recul loin de notre lieu de vie. La magie des Galion Breaks, c’est que les gens peuvent déconnecter du quotidien, vivre l’instant présent et se lâcher. C'est un vrai cadeau que l'entrepreneur se fait à lui-même, avec des moments inoubliables dans lesquels se tissent de véritables liens d’amitié.
Comment veilles-tu à maintenir l’intérêt et l’engagement au sein de la communauté avec des membres par définition très occupés ?
Je dirais que c’est beaucoup de sur-mesure. Ce sont des personnalités qui ont des attentes et des exigences très fortes. Les entrepreneurs ont toujours des problématiques et sujets à partager avec leurs pairs. D’où l’enjeu de rester à l’écoute et de créer des liens avec chacun pour savoir qui présenter à qui ou quelles prochaines thématiques aborder ensemble. C’est d’ailleurs mon rôle : je passe énormément de temps à apprendre à connaître tous ces entrepreneurs et leurs spécificités. Tu as bien sûr des membres qui vont décrocher parce qu’ils ne sont pas venus aux événements et n’ont pas rencontré les bonnes personnes. Mais vu qu’on a tous des sujets récurrents comme la gestion de son board ou l’alignement de sa roadmap stratégique avec ses équipes commerciales et tech, ce ne sont pas les raisons qui manquent pour suivre ce qui se dit au Galion. Et bien sûr, l’autre enjeu est de les faire rêver. D’où l’importance de choisir les bonnes activités et destinations. Avant le confinement, on est partis à Holbox au Mexique : on a fait du kitesurf dans des conditions incroyables. Ça a permis à nos membres basés aux États-Unis ou au Canada de rencontrer notre communauté de Paris. Et pour des entrepreneurs dont le temps est précieux, c’est en vivant des moments comme ça qu’ils auront envie de rester engagés. Je m’inspire beaucoup de Fany Péchiodat, fondatrice de My Little Paris, qui dit que quand elle organise un événement c’est une expérience en soi. Elle veut que les gens s’en souviennent au moins pour les six prochains mois. Reste que les Galion Breaks sont tous les 18 mois, donc il y a aussi un vrai travail à faire sur les points de contact hors événements. Pendant le confinement, on a fait ce qu’on a appelé des Galion Lives sur Zoom, avec des retours d’expériences par des entrepreneurs qui ont vécu l’éclatement de la bulle en 2000 ou la crise de 2008. C’est vraiment l’ADN du Galion : de l’échange entre pairs en toute humilité autour d’enjeux majeurs dans la vie des entrepreneurs. Beaucoup de membres ont trouvé ça extraordinaire d’entendre des personnalités comme Jean-Baptiste Rudelle (Criteo), Bertrand Diard (Talend) ou Pierre Kosciusko-Morizet (PriceMinister) les éclairer sur ces sujets. C’est dans ce genre de moments qu’ils réalisent qu’en ayant accès à ces personnes et conversations, ils ont un vrai coup d’avance sur les autres.
En parlant du confinement, j’avais une question pour toi à ce sujet. Quelle a été la réaction des entrepreneurs du Galion suite au coronavirus ? Avez-vous été plus sollicités que d’habitude ou y a-t-il eu une sorte de repli individuel généralisé face à tous les problèmes à gérer ?
On a justement publié une étude sur la gestion de crise par les entrepreneurs. Au début du confinement, on a eu des records de participation à nos événements Zoom avec jusqu’à 180 membres connectés — soit plus de la moitié du Galion. J’ai senti un vrai besoin d’échanger, et pour certains de se sentir accompagnés. En même temps, tu as des entrepreneurs qui ont dû faire leur premier plan de restructuration à même pas 30 ans. D’autres ont eu des problème plus spécifiques avec leurs bailleurs ou le PGE (Prêt Garanti par l’État). Il y a aussi eu pas mal de conversations entre les membres basés à Paris, Londres, New York ou San Francisco pour savoir comment évoluait la situation dans chaque pays. Moi-même, j’ai découvert des entrepreneurs que je connaissais très peu avant le coronavirus. Ça a été un moment très particulier dans lequel les membres ont pu développer de nouvelles relations interpersonnelles très fortes.
Tu as mentionné une étude du Galion et ça me permet d’enchaîner sur l’un de vos signes distinctifs : le contenu. Vous avez pris le parti de produire des publications plutôt long format et souvent assez techniques. Elles ont d’ailleurs souvent été relayées par la presse. Je me souviens notamment de votre Gender Agreement sur la diversité et de vos guides sur la levée de fonds ou les BSPCE. Comment avez-vous défini votre ligne éditoriale ?
Le Galion est une véritable démonstration de la fameuse “intelligence collective”. Depuis le début du think tank, nous avons souhaité que les entrepreneurs choisissent les sujets et les co-construisent. La publication qui nous a fait connaître, c’est notre modèle de “term sheet” (le contrat qui lie l’entrepreneur et l’investisseur). C’est vraiment le squelette d’une boîte, ce qui va guider sa progression. Si tu ne la fais pas correctement dès le début, ça peut avoir des conséquences irréversibles. Avec Jean-Baptiste [Rudelle], président et cofondateur du Galion, nous avons décidé de prendre l’avis de chacun des membres (60 à l’époque) sur sa construction, ses clauses, etc. Et ça a beau être un document juridique hyper ennuyant, on a eu des débats passionnés en mettant tout le monde autour d’une table à Paris, puis New York et San Francisco. Jean-Baptiste s’était porté garant du projet et notait tout, prenait les remarques de chacun et ajustait jusqu’à ce qu’on arrive à un document final prêt à être diffusé au plus grand nombre. Et là on s’est dits que c’était ça l’ambition du Galion : créer ensemble des outils et publications destinées à devenir des références dans l’écosystème entrepreneurial. Mais surtout, on voulait ce soit le fruit de l’expérience de chacun et non les idées de quelques personnes seulement.
Comment s’organise le choix des sujets et la production de contenus au sein du Galion ?
La ligne éditoriale du Galion est créée par les discussions entre les entrepreneurs. On repère les idées de sujets sur le groupe Telegram et on les ajoute au quotidien sur notre Notion. À partir de là, on se donne une direction éditoriale pour les six prochains mois. Au-delà c’est compliqué vu que les sujets ne sont plus forcément d’actualité ou ont très bien été traités ailleurs. On essaie d'être hyper agiles à ce niveau. Après avoir choisi un sujet, il y a l’étape du questionnaire pour les entrepreneurs. On est très attachés à appuyer notre contenu par des données quantitatives. La construction des questionnaires et la restitution de leur analyse sont assurés par Margot et Laurence dans notre équipe, qui vont toujours travailler avec un ou plusieurs entrepreneurs qui apportent leur expertise sur un sujet donné. Pour les publications plus conséquentes (ce qu’on appelle les “outils”), il peut y avoir jusqu’à quatre ou cinq parrains et marraines qui vont donner un coup de main soit dans l’écriture, soit dans sa diffusion — notamment à la presse. On profite aussi de chaque Galion Break pour récupérer de la matière sur place auprès des entrepreneurs. J’ai aussi la chance d’avoir avec moi Jean-Baptiste, qui adore écrire et avait d’ailleurs publié On m'avait dit que c'était impossible, qui raconte son histoire avec Criteo. C’est quelqu’un qui a des connaissances très poussées sur de nombreux sujets liés à l’entrepreneuriat. Il va donc être très méticuleux sur le volet technique et data, et peut produire des articles hyper-pointus sur des thématiques comme la répartition des parts entre co-fondateurs ou la clause d’earn-out (article à venir). C’est aussi lui qui maîtrise parfaitement le ton assez cash du Galion, qui parle beaucoup aux entrepreneurs.
Et il y a du volontariat chez les membres du Galion ou c’est systématiquement votre équipe qui a la main sur la création de contenu ?
Honnêtement, il y a beaucoup de volontariat. Sur le dernier outils, je pense par exemple à Eva Sadoun, co-fondatrice et CEO de Lita.co, Jean Moreau, cofondateur et CEO de Phenix, Frédéric Bardeau, co-fondateur et Président de Simplon qui se sont beaucoup impliqués sur la Galion Impact Solutions. L’objectif était de proposer 40 solutions à mettre en place pour maximiser l’impact au sein de sa start-up. Après, on va aussi aller chercher nous-mêmes les entrepreneurs pour les faire intervenir sur certains sujets. Par exemple, je ne voulais pas que notre Gender Agreement soit uniquement porté par des femmes. Ce n’est pas un sujet de femmes, c’est un sujet de société. Alors je suis consciente que ce n’est pas naturel pour les hommes d’aller sur ce terrain, notamment parce qu’ils sont intimidés et ont peur de mal faire. Mais être au Galion, c’est aussi adhérer à une certaine vision de l’entrepreneuriat portée par des valeurs comme la diversité et le partage du capital au sein de sa boîte. Les entrepreneurs savent qu’on va venir les chercher sur ces enjeux.
As-tu pu observer une corrélation entre vos publications et le recrutement de nouveaux membres ?
Disons que c’est vraiment le contenu qui va nous donner une crédibilité en tant que réseau qui fait bouger les lignes dans l’entrepreneuriat. La qualité de nos publications fait aussi que nos membres sont fiers d’appartenir au Galion et de contribuer à produire de la valeur pour l’écosystème. Et c’est essentiel dans la mesure où l’arrivée de nouveaux entrepreneurs se fait par un système de parrainage.
D’ailleurs, comment approches-tu un entrepreneur pour qu’il rejoigne le Galion ? Dans une édition de Black Swans Collection, je parlais des clubs comme “des communautés qui, par défaut, ne veulent pas de toi”. Et si le Galion est maintenant connu dans l’écosystème entrepreneurial français, vous avez mis en place de hautes barrières à l’entrée (avoir levé 3 millions d’euros minimum + être parrainé par deux membres) en guise de filtre.
Je ne suis pas d'accord avec toi sur la définition de club comme une communauté qui ne te veut pas. Moi par exemple, je rêve d’avoir ma carte au Racing. Et ce que je me dis, c’est que j’attendrai d’avoir les moyens, non-seulement pour appartenir à ce club mais aussi et surtout pour m’y sentir bien. À quoi bon aller jusqu’à faire un crédit pour payer sa carte de membre et ne pas pouvoir se permettre d’offrir un verre là-bas ? Si tu ne te sens pas toi-même ou à l’aise dans un club, c’est que l’expérience n’en vaut pas la peine. Ce n’est pas par snobisme qu’on a choisi comme critère d’avoir levé plus de trois millions d’euros. L’objectif, c’est que les membres puissent échanger avec des pairs qui ont choisi une voie similaire. Il y a déjà tout un monde entre des entrepreneurs qui ont levé une Série A et d’autres qui ont leur entreprise cotée en bourse. Je pense qu’il n’y aurait d’intérêt pour personne de faire entrer des entrepreneurs qui ne sont pas dans une logique d’hypercroissance ou préfèrent rester en dehors du venture capital. Pour en revenir à ta question, mon objectif c’est de faire en sorte que les membres trouvent le Galion tellement génial qu’ils auront naturellement envie d’inviter leurs amis. Je ne prospecte jamais de manière pro-active, même si j’avoue avoir ma petite liste d’entrepreneurs que je rêve de voir intégrer le Galion. Rien ne vaut la recommandation par les membres : c’est comme ça que tu as les plus belles surprises. Des entrepreneurs comme Jean-David Blanc (Allociné, Molotov) ou Lucie Basch (Too Good To Go) nous ont rejoint comme ça du jour au lendemain alors qu’on ne savait pas comment attirer leur attention. C’est d’ailleurs encore plus compliqué avec les femmes, qui ont une image du Galion comme un club d’hommes alors que pas du tout. J’ai plus de 20% de femmes au Galion : elles me challengent sur les formats mais s’y sentent bien. Alors je le dis à toutes les femmes entrepreneures : venez !
Justement, c’est une question que je voulais te poser. Comment vous y prenez-vous pour faire le juste équilibre entre sélectivité et inclusion dans un milieu inégalitaire par définition ?
Honnêtement, on n’y arrive pas et c’est un gros sujet. La grande majorité des membres du Galion, ce sont des hommes blancs qui ont fait des grandes écoles. Cela reflète sans surprise les profils qui ont plus facilement accès au venture capital. Sur le volet diversité, on est encore plus en difficulté. Donc j'ai beaucoup d'humilité sur le sujet parce qu'on a encore beaucoup de chemin à faire. Et je sais que les femmes m’attendent au tournant sur ce sujet. Elles n’ont pas envie d’entrer dans un “boys’ club” et ont besoin d’avoir une place pour s’exprimer.
C’est toujours un sujet très délicat et une pratique souvent polémique, mais avez-vous envisagé de baisser le prix de l’adhésion ou le seuil des trois millions d’euros levés pour attirer plus de femmes au Galion ?
Figure-toi que ça a été un énorme débat dans ma tête au début du Galion, quand on n’arrivait pas à recruter de femmes. Le montant de la cotisation a en effet été un sujet de discussion et on s’était mis d’accords dans l’équipe pour leur proposer à moitié prix. Et alors que j’écrivais la newsletter pour l’annoncer, je me suis arrêté en plein milieu. Ça me gênait : j’avais l’impression d’avoir un discours de boîte de nuit qui propose l’entrée gratuite pour les filles. Ce que je voulais éviter à tout prix, c’est de créer deux catégories ou de donner l’impression qu’on est moins sélectifs avec les femmes. L’autre risque, c’était qu’elles ne se sentent pas légitimes au sein du Galion. Donc non, je n’étais pas du tout à l’aise avec cette idée et n’ai finalement jamais envoyé cet e-mail. Avec le temps, elle nous ont rejoint. Nous avons aussi noué un partenariat extraordinaire avec la BNP qui prenait en charge la moitié de la cotisation de dix entrepreneures sur un an. J’ai d’ailleurs insisté pour que ce ne soit pas la totalité de l’adhésion, dans la mesure où celles-ci n’auraient pas perçu la valeur du Galion de la même façon si ça avait été gratuit. Car l’idée, c’est aussi qu’elles restent membres et soient prêtes à renouveler leur cotisation au même prix que tout le monde les années suivantes.
J'ai l'impression que les initiatives destinées aux entrepreneurs se multiplient, mais qu’il y en a relativement peu pour les employés de start-ups. Sais-tu si vos membres partagent leur expérience du Galion à leurs équipes et encouragent leurs salariés à rejoindre ou former eux-mêmes des groupes de pairs ?
En fait, ils sont souvent frustrés dans la mesure où ils veulent faire venir des salariés à nos événements. Rémi Aubert, co-fondateur d’AB Tasty a lancé une initiative au sein du Galion pour encourager leurs employés à se rencontrer entre pairs. Je n’ai pas tellement suivi mais c’est un axe sur lequel on pourrait se développer.
Et au delà de ta volonté d'expansion européenne et mondiale, dans quelle direction veux-tu emmener le Galion ?
Notre ambition, c’est vraiment de continuer à apporter des services aux entrepreneurs. Le coronavirus nous a fait nous recentrer sur l’entraide, qui est au cœur de l’ADN du Galion. On est en train d’explorer plusieurs pistes de développement avec Jean-Baptiste. La première, ce serait de créer une école pour se former entre pairs sur des sujets-clés comme scaler sa boîte ou développer son leadership. Sinon, il y a volonté de créer des formats d’événements récurrents pour permettre aux membres de se voir plus souvent. L’idée, c'est de développer des rituels qui aideront un entrepreneur à amener sa boîte au niveau supérieur. Pour finir, ça fait un moment qu’on cherche à créer un club d’investissement au sein du Galion — avec notamment la possibilité d’investir chez les finalistes de notre prix Galion Booster. Ce qui nous ralentit sur ce sujet, c’est qu’il n'y a jamais eu d'intérêts économiques entre nos membres auparavant. Il s’agira de bien veiller à garder la magie du Galion et de conserver ses valeurs. Et ce qui tombe bien, c’est que je suis une vraie ayatollah de la culture (rires).
Et ce sera le mot de la fin (rires). Ça a été un plaisir de te recevoir et d’avoir ton regard sur tous ces sujets de communautés plus que jamais d’actualité. Alors un grand merci Agathe !
Les 5 entrepreneures qu’elle admire le plus :
Fany Péchiodat — Co-fondatrice de My Little Paris et Seasonly
« Parce qu’elle est l’opposé de moi et que ça m’attire. Elle est la première a m’avoir fait confiance. Je l’admire pour sa passion, sa créativité, sa poésie, sa générosité, et sa capacité à toujours se ré-enchanter. À noter qu’elle boit du rhum sec comme les mecs et qu’elle assume. J’adore ! »
Alix de Sagazan — Co-fondatrice & CEO de AB Tasty
« Parce que c’est sûrement la deuxième à m’avoir fait confiance (rires) mais surtout parce qu’elle allie ambition, vie de famille et fiesta à la perfection. »
Roxane Varza — Directrice de Station F
« Ai-je besoin d’expliquer pourquoi ? Je ne la connais pas personnellement, mais quelle femme ! Son parcours, sa vie, ses combats et tout ce qu’elle a créé avec Station F… Ça me donne des frissons. »
Alice Zagury — Co-fondatrice et directrice de The Family
« Parce que c’est une artiste. Pour moi, Alice c’est la créative dans un monde de geeks. Et mon Dieu, que ça fait du bien ! »
Eva Sadoun — Co-fondatrice et CEO de Lita.co
« Elle est partout sur les enjeux les plus fondamentaux de notre société. Elle n’a jamais sa langue dans sa poche et est capable de claquer le beignet à n’importe qui, n’importe où. »
🎡 SPONSORING… Kartel, le nouveau passeport des freelances
De retour dans la newsletter : une section annonceurs pour faire briller les produits des entrepreneurs. Pour sponsoriser une prochaine édition : benjamin.perrin.pro@gmail.com
C’est quoi ? Kartel propose aux freelances de créer leur passeport de compétences, en centralisant au même endroit les retours de leurs clients. Créé par l’un des co-fondateurs de Breaz (acquis par Hired en 2018), c’est un nouvel acteur à surveiller de près sur le marché des indépendants.
Pourquoi c’est cool ? Rien n’est plus crédible aux yeux de vos prospects que des expériences certifiées par vos clients du passé. Kartel vous évite de courir après une recommandation LinkedIn — que personne n’ira voir — et construit avec vous un personal branding et un portfolio de haut vol. Gardez votre temps et énergie pour ce que vous savez faire de mieux, la gestion client c’est pour eux. Et en plus, c’est gratuit.
OK, on signe où ? Ajoutez votre première réalisation en créant votre profil Kartel.
🔮 KNOWLEDGE IS POWER… Maintenant vous savez !
Ma section spéciale curation est de retour — et remonte au passage dans la newsletter.
Subtilité appréciée : Si vous écrivez ou travaillez de près ou de loin dans le contenu, cet essai signé Alex Danco est à lire absolument.
L’avenir du journalisme : Il est sans aucun doute du côté de Substack. Et son fondateur Hamish McKenzie nous en apporte une nouvelle fois la preuve.
Adjugé vendu : Être ou ne pas être un vendu, telle est la question qu’Anna Codrea Rado s’est posée… avec succès.
Time to build : Brianne Kimmel a identifié six voies pour les makers du futur. Alors choisissez bien vos outils et c’est parti !
Plans sur la comète : Encore un article pour nous orienter dans nos choix de carrière… Sauf que celui-ci est vraiment bon.
Mic drop :
🎣 PETITES ANNONCES… Missions freelances & CDI
Envoyez-moi les missions que vous ne pouvez pas accepter et elles seront relayées à la communauté : benjamin.perrin.pro@gmail.com
Fromyourcouch est à l’affût de guides virtuels en freelance.
Livementor recherche son/sa futur Créateur/ice de Contenus Pédagogiques.
Meilleurs Agents recrute un(e) Content Manager en CDI.
Cool Parents Make Happy Kids cherche un(e) Concepteur-Rédacteur/ice en CDI.
Shine recrute un(e) VP Marketing.
🗣 MEANWHILE… L’actu des lecteurs
Et vous, ils ressemblent à quoi vos projets du moment ? Écrivez-moi pour m’en parler et apparaître dans la prochaine édition.
Samuel a été interviewé par Thomas.
Basile (cf. PWA #9) a été interviewé par Alexis.
Clo nous partage les résultats de sa recherche utilisateurs.
Barbara a décortiqué American Psycho.
Guillaume a un petit sondage à destination des freelances.
Marie a publié un long format sur l’influence marketing.
DERNIÈRE CHOSE…
Mon interview pour le projet Sauce Secrète de Valentin Decker est en ligne. Au programme : une petite heure de voyeurisme intellectuel entre construction de newsletters, conseils d’écriture et recommandations de lecture. Je donne aussi pas mal de clés sur mon approche de la passion economy et sur Black Swans Collection.
Et oui : c’est bien la peluche du fameux Instant Gratification Monkey derrière moi. 🐒
J’espère que vous passerez un bon moment. Si vous avez des questions ou que vous souhaitez tout simplement prolonger la discussion, n’hésitez pas à m’écrire !
May the words be with you,
Benjamin
P.S : Retrouvez toutes les newsletters précédentes dans l’archive de Plumes With Attitude. Et si vous avez aimé cette édition, n’hésitez pas à la partager autour de vous, ainsi qu’à vous abonner pour recevoir les suivantes par e-mail.