Nouvelle année, nouvelle identité, nouveaux projets. Pour cette premiÚre newsletter de 2020, laissez-moi vous souhaiter tout le meilleur dans vos écrits et dans votre vie.
Jâai le sentiment que 2020 sera une annĂ©e haute en couleur. Et ça commence par un nouveau logo signĂ© Reine-Marie Meuriot. Je suis trĂšs heureux de notre collaboration qui a donnĂ© vie Ă cette belle crĂ©ation. Rendez-vous en fin dâe-mail pour avoir un meilleur aperçu du rĂ©sultat â sans sortir votre loupe.
Mais janvier a surtout dĂ©butĂ© par une rencontre que je nâaurais jamais imaginĂ© arriver si tĂŽt, voire arriver tout court. Jâai eu la grande surprise et lâimmense plaisir dâavoir Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© Ă Hamish McKenzie, co-fondateur de Substack.
Un grand merci Ă Nicolas pour avoir rendu cette dicussion possible. MĂȘme que celle-ci devrait aboutir Ă un beau rĂ©sultat. Mais cette histoire sera pour une prochaine fois.
Excellente lecture Ă toutes et Ă tous,
Benjamin
Plumes With Attitude est une newsletter sur lâĂ©criture sous toutes ses formes. Si vous avez envie de suivre cette publication, abonnez-vous pour recevoir les prochaines Ă©ditions.
đ INTERVIEW⊠Basile Samel, crĂ©ateur de 200 Words a Day
Ă chaque newsletter, je vous propose de dĂ©couvrir le portrait et les idĂ©es dâune vĂ©ritable plume âWith Attitudeâ. Pour cette nouvelle Ă©dition, jâai invitĂ© Basile Samel. Avec une double casquette de dĂ©veloppeur et plume, celui-ci a de grands pouvoirs qui impliquent âcomme toujoursâ de grandes responsabilitĂ©s. Chaque jour depuis plus de 400 jours (!), Basile Ă©crit en public sur la plateforme de publication quâil a lui-mĂȘme dĂ©veloppĂ© : 200 Words A Day. PlutĂŽt solide, nâest-ce pas ? Allez, on y va : la sagesse nâattend pas.
Hello Basile et merci dâavoir rĂ©pondu Ă lâinvitation ! Ce nâest pas tous les jours que je rencontre des dĂ©veloppeurs qui Ă©crivent avec autant de rĂ©gularitĂ©. Alors je vais commencer par te poser une question qui mâa toujours intriguĂ©e. Au-delĂ de lâaspect technique, quelles similitudes et diffĂ©rences fondamentales fais-tu entre Ă©crire des mots et Ă©crire du code ?Â
Pour moi, une Ă©criture vraiment efficace est une Ă©criture modulaire. Elle doit ĂȘtre claire et comprĂ©hensible par les personnes qui vont te lire ensuite, comme pour du code. MĂȘme dans le processus, je trouve que lâapproche classique de la programmation est assez facilement transposable Ă lâĂ©criture en elle-mĂȘme.
Dâailleurs, tu as une prĂ©fĂ©rence entre les deux ? Entre Ă©crire des mots et du code, le plaisir est le mĂȘme pour toi ?
Dans le processus, je dirais que le plaisir est globalement le mĂȘme. Lâouvrage qui en rĂ©sulte est assez diffĂ©rent. Et dans ce qui en ressort, je prĂ©fĂšre voir des interactions avec mon code quâavec mes textes. Quand jâĂ©cris, je le fais avant tout pour moi et non pour les autres. Je vois ça comme une façon de rĂ©soudre des problĂšmes auxquels je suis moi-mĂȘme confrontĂ©. Câest totalement diffĂ©rent pour le code, oĂč tu dois dĂšs le dĂ©but ĂȘtre utile Ă une autre personne qui est derriĂšre son Ă©cran.
Je te rejoins totalement sur lâimportance dâĂ©crire pour soi avant de penser Ă son audience. Je pense quâil ne faut pas nĂ©cessairement donner aux autres ce quâils attendent. Câest trĂšs contre-intuitif dans lâenvironnement start-up actuel oĂč on ne jure que par la satisfaction du client. Mais je suis persuadĂ© quâon ne peut vraiment se distinguer quâen allant lĂ oĂč on ne nous attend pas.
LâĂ©crivain qui mâĂ©voque le plus cette approche, câest Bukowski. CâĂ©tait un auteur hors-norme qui ne tenait pas compte de ce que les autres pouvaient dire ou penser. Câest ce qui a rendu son style trĂšs authentique, et aussi ce qui fait le gĂ©nie de son Ćuvre.
Tu nâes pas la premiĂšre personne Ă me le citer en modĂšle. En tout cas, ton authenticitĂ© vient notamment de ta double-casquette de plume/dĂ©veloppeur. Câest ce qui tâa permis de crĂ©er des plateformes comme 200 Words A Day et Sipreads. Quels liens fais-tu entre ces deux crĂ©ations ?
La crĂ©ation de 200WaD a rĂ©pondu Ă mon besoin dâĂ©crire de façon rĂ©guliĂšre. Je savais que ça avait Ă©normĂ©ment de bĂ©nĂ©fices sur le bien-ĂȘtre et le dĂ©veloppement personnel. 200WaD a Ă©tĂ© construit autour dâune frustration personnelle quand : celle de ne pas avoir le temps dâĂ©crire malgrĂ© mon penchant pour le sujet. Ă ce moment, jâĂ©tais co-fondateur et CTO de ma premiĂšre start-up. Jâadorais le bootstrapping propre au mouvement des makers, alors que mes deux associĂ©s Ă©taient dans une optique dâenchaĂźner les levĂ©es de fonds. On a fini par rĂ©aliser quâon nâĂ©tait plus alignĂ©s sur la façon dont nous voulions financer notre start-up. On a donc dĂ©cidĂ© dâarrĂȘter.
Et tu as lancé 200WaD juste aprÚs ?
Pas tout Ă fait. Disons que lâidĂ©e dâĂ©crire 200 mots par jour en public est venu avant la plateforme. Au dĂ©but, je faisais ça sur Twitter et Medium mais je trouvais que ni lâun ni lâautre ne rĂ©pondait exactement Ă mon besoin. Je voulais dĂ©velopper une nouvelle routine autour de lâĂ©criture, mais aussi mâamĂ©liorer grĂące aux retours dâune audience engagĂ©e. Je me suis vite rendu compte que je nâĂ©tais pas le seul Ă vouloir me lancer. Comme lâĂ©dition 2018 du Product Hunt Maker Festival [une compĂ©tition de crĂ©ation de Minimum Viable Products] Ă©tait en cours, jâai profitĂ© de cette opportunitĂ© pour crĂ©er quelque chose de nouveau et me lancer. Jâai codĂ© un MVP en deux jours, que jâai pu retravailler grĂące aux retours de mes dix premiers utilisateurs. Au final, jâai pu finir mon produit Ă temps et remporter le hackathon.
Et pour Sipreads du coup ?
Encore une fois, je dirais que le processus Ă©tait assez similaire Ă 200WaD mais pas lâorigine de sa crĂ©ation. LâidĂ©e ne venait pas de moi mais dâun maker rencontrĂ© sur Twitter qui sâappelle Ali Salah. On considĂ©rait tous les deux que la prise dâhabitudes de lecture et dâĂ©criture sont insĂ©parables. Dans On Writing, Stephen King affirme quâun Ă©crivain qui ne lit pas ne peut ni progresser ni exceller. Comme avec 200WaD, mon enjeu en crĂ©ant ce nouveau produit Ă©tait de continuer Ă apprendre Ă mieux Ă©crire. Nous nous sommes donc engagĂ©s auprĂšs dâune audience Ă publier deux rĂ©sumĂ©s de livres par mois.Â
Ă quand remonte cette propension Ă accumuler les habitudes vertueuses ?
Câest vraiment liĂ© Ă mon histoire personnelle. Quand jâĂ©tais Ă©tudiant, jâĂ©tais plutĂŽt bon Ă©lĂšve, avec un certain esprit de synthĂšse. Je voulais aussi devenir ingĂ©nieur depuis mes douze ans. La rigueur de la formation mâa donc elle aussi attirĂ© vers ce processus dâoptimisation. LâĂ©criture nâa fait quâamplifier cet aspect de ma personnalitĂ©.
Au fond, ça me semble assez logique dans la mesure oĂč Ă©crire aide Ă prendre de la hauteur sur ses pensĂ©es. Jâai dâailleurs lu que tu avais toi aussi fait tes armes ado, en Ă©crivant des histoires sur des forums de jeux de rĂŽle. Me voilĂ rassurĂ© : je ne suis donc pas le seul ancien nerd de la communautĂ©. (rires) Ceci dit, je pense que ça permet dâaffĂ»ter ses qualitĂ©s rĂ©dactionnelles trĂšs jeune.
Oui, il y avait tous les ingrĂ©dients que jâadorais dĂ©jĂ quand jâĂ©tais ado et qui sont trĂšs utiles aujourdâhui : lâĂ©criture bien sĂ»r, mais aussi le recours Ă lâimagination, Ă la rĂ©solution de problĂšme, mais aussi la dimension communautaire.
Tu me fais penser Ă celui dâAnne-Laure [Le Cunff], premiĂšre invitĂ©e de PWA. Câest dâailleurs elle qui mâavait recommandĂ© de tâinterviewer. Je vois en effet beaucoup de similitudes. Vous avez tous les deux pleinement intĂ©grĂ© lâĂ©criture Ă votre vie, vous ĂȘtes sensibles Ă toutes les dimensions du bien-ĂȘtre, et vous sortez du lot chacun Ă votre façon de toute cette foule de crĂ©ateurs de contenus sur le dĂ©veloppement personnel et professionnel. Je vais donc te demander, Ă ton tour, tes meilleurs conseils. Par exemple, peux-tu me dire comment dĂ©terminer la bonne habitude par laquelle commencer ?
Question piĂšge ! (rires) Pour moi, le point de dĂ©part a Ă©tĂ© la diĂ©tĂ©tique. Câest quand jâai eu cette matiĂšre au collĂšge que jâai pris conscience que les habitudes alimentaires ont une influence dĂ©terminante sur tous les aspects de notre vie. En fait, ça a agi comme un dĂ©clic et ça sâest transfĂ©rĂ© Ă dâautres domaines comme le sport. Jâai donc continuĂ© Ă me renseigner jusquâau lycĂ©e sur les composantes dâune bonne hygiĂšne de vie. Et puis, je me suis fait virer de ma fac en premiĂšre annĂ©e pour mauvais rĂ©sultats.
Wow, je ne me serais jamais attendu à ça. (rires)
Eh oui, je nâai pas toujours tenu mes bonnes habitudes. (rires) En tout cas, ça mâa amenĂ© Ă lire Ă©normĂ©ment sur le dĂ©veloppement personnel, notamment lâoptimisation de mon sommeil. JâĂ©tais dĂ©terminĂ© Ă dĂ©velopper un rythme de vie plus sain pour atteindre mes objectifs.
Ce que je trouve marrant, câest que tu as aussi une propension Ă lâexpĂ©rimentation. Au-delĂ de ta longue sĂ©rie en cours dâun article par jour, jâai lu que tu avais notamment rĂ©ussi Ă ne pas consommer de contenu audio ou vidĂ©o sur Internet pendant un mois. Ăa mâa amenĂ© Ă me demander : tu penses que câest plus facile de prendre de nouvelles habitudes quand on en a dĂ©jĂ un certain nombre ?
Pour moi, dĂ©velopper une nouvelle habitude ne se rĂ©sume pas Ă ajouter une tĂąche de plus Ă sa to-do list. Je vois plutĂŽt un groupe dâhabitude comme les Ă©lĂ©ments dâun engrenage ou comme une suite de dominos. Une habitude, câest un point dans ta vie qui va avoir de lâimpact sur tous les autres. Lâenjeu est dâidentifier lesquels sont les plus efficaces pour toi par lâexpĂ©rimentation, et quelle est la suite de dominos que tu veux avoir.
Et tu nâas pas peur que ce besoin dâoptimisation permanente tâenlĂšve ce petit charme de la vie quâest la surprise, lâimprĂ©vu ?Â
Câest marrant que tu me demandes ça parce que câest prĂ©cisĂ©ment le sujet de mon premier article de blog : la routine du chaos. Câest adopter une routine saine qui me permet de garder la tĂȘte hors de lâeau et ne pas me noyer dans le chaos que peut ĂȘtre la vie. Mais je ne veux pas non-plus que cette routine devienne un dogme, câest pourquoi je laisse de la place Ă la flexibilitĂ©, au hasard. Par exemple, jâĂ©cris tous les jours depuis plus dâun an mais ce nâest jamais Ă heure fixe.Â
Certaines personnes dĂ©veloppent des bonnes habitudes qui deviennent de vĂ©ritables âaddictions vertueusesâ. Jâai souvent entendu ça pour le sport par exemple. Câest le cas pour ton rapport Ă lâĂ©criture ?
Pour moi, il y a une diffĂ©rence majeure entre une addiction et une habitude. La premiĂšre est focalisĂ©e sur le rĂ©sultat, la seconde sur le processus. Câest dâailleurs ce que je prĂ©fĂšre dans lâĂ©criture : dĂ©velopper une dĂ©marche crĂ©ative, entrer dans la âzoneâ, etc. Je rappelle souvent aux membres de la communautĂ© 200WaD de ne pas ĂȘtre obsĂ©dĂ© par leur sĂ©rie de jours consĂ©cutifs dâĂ©criture (âstreakâ), mais sur le processus quâils rĂ©ussissent Ă mettre en place.
Y-a-t-il des habitudes reconnues comme Ă©tant sources de bien-ĂȘtre que tu as abandonnĂ©es ?
Jâai essayĂ© dâintĂ©grer la mĂ©ditation (assise) Ă ma routine plusieurs fois. AprĂšs, je trouve que ça dĂ©pend ce quâon met derriĂšre le terme de âmĂ©ditationâ. Pour moi, tenir un journal câest dĂ©jĂ mĂ©diter.
Tu tâes aussi lancĂ© trĂšs tĂŽt dans plusieurs tendances dâavant-garde. Le freelancing et le nomadisme tout dâabord, puis lâindĂ©pendance financiĂšre. Quâest-ce qui tâa attirĂ© dans ces mouvements ?
Pour le nomadisme, je dirais quâune partie est directement liĂ©e Ă mon Ă©ducation. Je viens dâune famille modeste oĂč on Ă©tait deux enfants. Ma mĂšre travaillait et mon pĂšre sâoccupait de nous. Quand on partait en vacances, câĂ©tait en camping car. CâĂ©tait un mode de vie assez frugal. Cela dit, jâai toujours aimĂ© voyager de façon itinĂ©rante, comme de vrais nomades modernes. Le freelancing et le mouvement FIRE (âFinancial Independence, Retire Earlyâ) sont venus suite Ă des lectures et par mes frĂ©quentations Ă lâuniversitĂ©. Jâai notamment vĂ©cu une relation Ă distance quand jâavais 22 ans. Mon intĂ©rĂȘt pour ces tendances vient donc aussi de cette frustration de ne pas me sentir libre, aussi bien financiĂšrement que gĂ©ographiquement.
Justement, jâai vu que tu parlais dâindĂ©pendance gĂ©ographique dans tes Ă©crits. Jâaime beaucoup ce terme. Je trouve que câest une belle façon de dĂ©crire ce nouveau mouvement qui englobe Ă la fois le tĂ©lĂ©travail et le nomadisme. Pour en revenir Ă lâindĂ©pendance financiĂšre, comment lâappliques-tu aujourdâhui Ă ta propre vie ?
Jâai beaucoup lu sur le mouvement FIRE et ai appliquĂ© plusieurs de ses principes. Jâai par exemple dĂ©jĂ atteint un taux dâĂ©conomie mensuel de 80% de mes revenus quand je travaillais en tant que dĂ©veloppeur en agence. Câest dâailleurs ce qui mâa permis de financer la crĂ©ation de ma premiĂšre boĂźte.
Ce qui mâĂ©tonne dans ta situation, câest que tour le concept rĂ©side dans sa capacitĂ© Ă âacheter du tempsâ pour plus tard dans sa vie. Et du coup, il nây a indĂ©pendance financiĂšre quâĂ partir du moment oĂč tu cesses de vendre ton temps. Sauf quâen crĂ©ant ta start-up, tu recules nĂ©cessairement cette dateâŠ
En fait, devenir entrepreneur Ă©tait lâobjectif initial. Je nâavais donc pas envie de repousser cet objectif en choisissant un job rĂ©munĂ©rateur qui me permettrait dâĂ©pargner au maximum. Câest plus important pour moi dâĂȘtre entrepreneur aujourdâhui que dâĂȘtre indĂ©pendant financiĂšrement au plus tĂŽt.
Et quâas-tu prĂ©vu une fois que tu auras atteint cette indĂ©pendance ? Beaucoup dâadeptes du mouvement FIRE choisissent de faire un long tour du monde ou se dĂ©dient Ă un projet qui leur est cher. Seulement, tu es dĂ©jĂ nomade et tu as aussi pas mal de projets en cours. Du coup, quelle est ton idĂ©e pour la suite ?
Je suis encore loin de lâindĂ©pendance financiĂšre pour commencer. (rires) Et puis, je ne suis pas fan des plans Ă dix ans. Aujourdâhui, jâai la vie dont jâai toujours rĂȘvĂ©, mĂȘme si je me contente de peu de choses sur le volet matĂ©riel. Et câest tout ce qui compte.
Je vois parfois le nomadisme et le mouvement FIRE comme des opposĂ©s. Un peu comme la Cigale et la Fourmi en fait. Lâun se rĂ©clame beaucoup de lâhĂ©donisme, lĂ oĂč lâautre sera plus dans le sacrifice. Pourtant, je trouve que ton Ă©quilibre entre les deux reprĂ©sente bien ton goĂ»t pour lâouvrage, lâartisanat, tout en laissant de la place Ă la surprise dans le rĂ©sultat.
Câest un style de vie que jâai depuis mes 18 ans. Pour moi, lancer son entreprise, voyager, Ă©crire, tout le monde peut le faire : câest juste une question de choix Ă faire. AprĂšs, il ne faut pas oublier que le nomadisme est un levier qui te permet aussi de faire des Ă©conomies.
Justement, jâallais y venir. Je suis prĂȘt Ă parier que les digital nomads auront bientĂŽt droit Ă leur retour de bĂąton mĂ©diatique, comme la Big Tech ces derniĂšres annĂ©es. Et je ne fais mĂȘme pas rĂ©fĂ©rence au âflygskamâ (âhonte de prendre lâavionâ en suĂ©dois) mĂȘme si je pense que ce sera un argument utilisĂ© contre eux.
Pour moi, ça a dĂ©jĂ commencĂ©. Le nomadisme ressemble aujourdâhui davantage Ă de lâescapisme quâĂ une vĂ©ritable recherche de libertĂ©. Travailler en freelance avec ses clients français depuis Bali ou Chiang Mai sur de la longue durĂ©e, ce nâest pas du tout comme ça que je me le reprĂ©sentais quand jâai commencĂ© Ă mây intĂ©resser.
En soi, le combo ârĂ©munĂ©ration française + loyer localâ peut ĂȘtre assimilĂ© Ă du dumping, qui est reprochĂ© aux multinationales depuis des annĂ©es.
Il y a aussi le problĂšme de lâĂ©vasion fiscale qui peut faire partie des motivations de certains nomades. Jâai aussi beaucoup de mal avec cette tendance Ă se regrouper en tribu et vivre dans des villas luxueuses pour pas cher, Ă lâĂ©cart de la population du pays concernĂ©. Je trouve quâon sâapproche parfois du nĂ©o-colonialisme, avec des effets nĂ©fastes sur lâenvironnement et les cultures locales. On est trĂšs loin des valeurs nomades originelles, quand les tribus vivaient simplement et se dĂ©plaçaient par nĂ©cessitĂ© pour survivre.
Selon moi, il y a tout de mĂȘme un nombre non-nĂ©gligeable de digital nomads qui sont dĂ©pendants du pouvoir dâachat quâils ont dans leur pays dâadoption pour âsurvivreâ. Ce qui est triste, câest quâil y a des freelances qui sont en rĂ©alitĂ© coincĂ©s dans leur paysage de carte postale. Beaucoup perdent leur indĂ©pendance au prix dâun revenu qui leur permet certes de vivre confortablement dans certains pays dâAsie du Sud-Est, mais pas de rentrer chez eux et dây exercer le mĂȘme mĂ©tier par exemple. Câest dâautant plus vrai pour des profils trĂšs rĂ©pandus comme (hĂ©las) les rĂ©dacteurs.
Tu as raison, lâescapisme a forcĂ©ment ses limites. Je suis justement en train dâĂ©crire un livre, Alter-Nomade, sur le sujet. Câest un essai pour viser Ă dĂ©finir une sorte dâĂ©thique du voyageur et imaginer un nomadisme durable, en me basant sur les 5 principes de la durabilitĂ© selon Michael Ben-Eli. Je pars de ces diffĂ©rents axes et les rapporte au nomadisme en dĂ©veloppant une analyse historique, Ă©conomique et philosophique. Mon but est de parvenir Ă essayer dâen dĂ©gager des grands principes pour un nouveau nomadisme plus vertueux. Je vais tĂącher de le publier cette annĂ©e.
Câest tout le mal que je te souhaite pour 2020. Un grand merci Ă toi pour cette conversation trĂšs dense, trĂšs riche. Je suis heureux dâĂȘtre Ă lâorigine de ta premiĂšre interview en français. Et le moins quâon puisse dire, câest que ça valait le coup !
5 articles de Basile sélectionnés pour vous :
đ MISSIONS FREELANCES⊠Quoi de prĂ©vu pour demain ?
Pelostudio (- de 10 employĂ©s) â En voilĂ une belle agence de design ! SpĂ©cialisĂ© dans le produit (UX/UI), le branding et le motion design pour start-ups, Pelostudio a accompagnĂ© des jeunes pousses devenues grandes comme Plato, comet et Unow. Et ils ont besoins de plumes adeptes dâUX Writing et de production de contenus pour sites et landing pages. PossibilitĂ© dâembauche Ă la clĂ© ! | đ© guillaume@pelostud.io
Recruzilla (- de 10 employĂ©s) â Le job dating est mort, vive le job dating ! Recruzilla est un nouveau projet tout juste créé qui veut dĂ©poussiĂ©rer le milieu des Ă©vĂ©nements de recrutement en organisant des âjob partiesâ pour start-ups et scale-ups. Votre mission si vous lâacceptez : crĂ©er une marque de 0 Ă 1 et se distinguer des dinosaures du secteur par un contenu rugissant. | đ© michael.ancher@rhsystem.fr
Ysance (100+ employĂ©s) â Les caĂŻds de la data ont un nouveau projet SaaS dans le retail. AprĂšs avoir dĂ©ployĂ© de solides ressources techniques sur le produit, lâĂ©quipe a besoin de plumes pour vendre le colis. Deux types de missions sont Ă pourvoir : stratĂ©gie de contenus et rĂ©daction (articles, livres blancs, baromĂštres) pour freelances familiers avec la lead gen et le retail. | đ© vanessa.boudin-lestienne@ysance.com
Rive (2 associĂ©s) â Des sites webs clĂ©-en-main, sĂ©curisĂ©s ET Ă©co-responsables : que demande le peuple ? Câest la promesse de Rive, start-up lyonnaise en pleine ascension. RĂ©cemment laurĂ©ate du programme French Tech Tremplin, il ne lui reste plus quâĂ Ă©crire le dĂ©but de sa belle histoire. Pour cela, ses deux associĂ©s recherchent une plume pour communiquer sur son actu (PR et social media) et les accompagner dans la crĂ©ation de contenus pour leurs clients (sites et campagnes). | đ© mehdi.sic@gmail.com
đŻÂ Pour me suggĂ©rer une mission : benjamin.perrin.pro@gmail.com
đ CDI⊠âJuste pour voirâ
Lion (- de 20 employĂ©s) â La premiĂšre start-up qui a changĂ© ma vie, câest celle-ci. Lion se prĂ©sente comme un Harvard pour former les futurs employĂ©s de start-ups. Câest mĂȘme mieux que ça. Trois ans aprĂšs avoir fait partie du premier batch en 2016, jâai vu le programme de The Family grandir et ses alumnis rejoindre â et parfois crĂ©er â les plus belles start-ups de lâĂ©cosystĂšme français. Lion, ce nâest pas Harvard : câest la mafia. Et ils ont une offre en contenu/social media que vous ne pouvez pas refuser.
Wecandoo (- de 20 employĂ©s) â VĂ©ritable zebra startup française, Wecandoo entend redonner ses lettres de noblesse Ă lâartisanat local. Son approche : la rĂ©servation dâateliers avec des pros, histoire de convertir de nouveaux adeptes ou de rĂ©galer les poteaux avec des cadeaux originaux. Ils recherchent un(e) Content Manager capable de les aider Ă sâĂ©tablir en nouveaux fers de lances de lâouvrage Made in France.
iBanFirst (100+ employĂ©s) â La start-up belge Ă la croissance impressionnante sâest imposĂ©e depuis sa crĂ©ation en 2013 comme lâune des FinTech europĂ©ennes les plus en vue. LâĂ©quipe recherche un(e) Copywriter avec lâambition de faire briller sa nouvelle technologie de pointe Ă travers le Vieux Continent.
Adopte Un Mec (50+ employĂ©s) â Personne nây a soi-disant jamais mis les pieds, mais on a tous âun(e) poteâ qui a essayĂ© â juste pour rigoler. 800 millions de mots doux Ă©changĂ©s entre 10 millions dâutilisateurs plus tard, Adopte Un Mec nâa pourtant besoin que de son logo pour faire campagne dans le mĂ©tro. Ce nâest pas pour autant quâils rejettent le langage fleuri, preuve en est avec une opportunitĂ© de rĂ©dacâ en CDI.
đĄÂ CULTURE PUB⊠Project Wren
Pour cette premiĂšre newsletter de lâannĂ©e, je dĂ©die cette section rĂ©servĂ©e au contenu sponsorisĂ© Ă une grande cause : la planĂšte. Et je vous prĂ©sente Project Wren, avec qui je me suis rĂ©cemment engagĂ© pour compenser mon empreinte carbone de lâannĂ©e.
Câest quoi ? Les trois entrepreneurs derriĂšre Project Wren ont pour vocation de nous aider Ă mieux comprendre la composition de notre propre empreinte carbone et de la compenser par un systĂšme de donation mensuelle Ă des projets bĂ©nĂ©fiques . Lâoutil se base sur les donnĂ©es issues de la Banque Mondiale et des recherches de lâUniversitĂ© de Berkeley.
Comment ça marche ? La premiĂšre Ă©tape vise Ă nous Ă©duquer sur chaque Ă©lĂ©ment de notre empreinte carbone et surtout de voir leur poids dans le calcul. Une fois lâestimation de votre empreinte carbone pour lâannĂ©e mesurĂ©e, vous pouvez compenser la totalitĂ© ou une partie de vos Ă©missions de CO2 en choisissant le projet de votre choix. Vous avez pour lâinstant le choix entre un programme de reforestation en Afrique, la production dâĂ©nergies renouvellables Ă destination de rĂ©fugiĂ©s ou le dĂ©veloppement de technologies propres pour protĂ©ger la forĂȘt Amazonienne.
GĂ©nial, on fait comment ? Tout commence ici. Mais votre mission ne sâarrĂȘtera quâaprĂšs en avoir parlĂ© Ă vos amis. Personnellement, ça ne me coĂ»te que lâĂ©quivalent dâune pinte de biĂšre (Ă prix raisonnable) offerte chaque mois. Alors si vous ne saviez pas par oĂč commencer, ne cherchez plus et payez votre tournĂ©e. đ»
đŻÂ Pour que je parle de votre produit ici : benjamin.perrin.pro@gmail.com
đ DANS LE RADAR⊠Mes petits trĂ©sors
Sans transition : culture, avec le retour dâune rubrique destinĂ©e Ă vous partager les derniĂšres dĂ©couvertes qui mâont inspirĂ©.
Livre : The Subtle Art of Not Giving a F*ck â Mark Manson (đ«đ· en VF ici)
Je prĂ©fĂšre le confesser tout de suite : je ne lâai pas lu, mais lâai offert pour NoĂ«l Ă un trĂšs cher ami. Il est tout en haut de ma liste et son rĂ©sumĂ© par notre invitĂ© sur Sipreads a fini de me convaincre de lire au plus vite ce guide de lâanti-dĂ©veloppement personnel.
Musique : Thundercat â Friend Zone
âI'm your biggest fan, but I guess that's just not good enough // Is it cause I wear my hair weird or because I like to play Diablo.â
SĂ©rie : Fleabag â Phoebe Waller-Bridge
Ă force de la voir raffler tous les prix, jai fini par donner une chance Ă cette drĂŽle de sĂ©rie histoire de mâen faire mon propre avis. Entre des moments touchants et un humour dĂ©capant, jâai vite compris que jâavais affaire Ă un OVNI⊠trĂšs bien Ă©crit.
Une histoire culte, une rĂ©alisation soignĂ©e, un casting en or et⊠une plume en personnage principale : combo gagnant pour un feel good movie excellent. Par contre, ça risque de vous donner envie dâĂ©crire, Ă votre tour, votre premier roman.
đźÂ KNOWLEDGE IS POWER⊠Maintenant vous savez !
Vous retrouverez dĂ©sormais ici dans cette section les lectures et idĂ©es qui mâont le plus bluffĂ©es entre deux Ă©ditions.
Câest vous le produit : Si vous nâavez toujours pas dâidĂ©e de bonnes rĂ©solutions, la fondatrice de la communautĂ© Femstreet a son avis sur la question : monĂ©tisez-vous !
La revanche des sites : Comme notre invitĂ©, Laura Kalbag est une auteure et indie maker passionnĂ©e. Son amour des sites personnels qui dĂ©gagent une vraie personnalitĂ© mâa particuliĂšrement inspirĂ©. Et ça tombe bien, je suis en pleine construction du mien.
Tout sâexplique : Le gourou James Currier vient de livrer un article fleuve sur lâimpact dĂ©terminant dâun de mes concepts prĂ©fĂ©rĂ©s (les effets de rĂ©seau) sur lâensemble de notre vie. Et oui, il y a (forcĂ©ment) des maths au programme.
đŁÂ MEANWHILE⊠Lâactu des lecteurs
Kelly organise le prochain TEDx Belleville⊠et recherche des speakers.
Alexis pose les questions dans Tribu IndĂ©. Ă son tour dâĂȘtre interviewĂ© !
Camille enseigne maintenant lâUX/UI Writing chez Webstart.
Yoann est passé au micro de YouLoveWords pour parler stratégie de contenu.
Anaïs a lancé sa newsletter sur le storytelling : Visions in Motion.
Valentin a envoyĂ© la sauce en 6000 mots avec son article sur lâĂšre des projets.
đŻÂ Ne soyez pas timides, parlez-moi de vos projets : benjamin.perrin.pro@gmail.com
DERNIĂRE CHOSEâŠ
Chose promise, chose due : je termine cette Ă©dition avec lâillustration de Reine-Marie pour PWA. Des plumes de paon, un bonnet phrygien et ma tĂȘte en dessous : et pourquoi pas aprĂšs tout ? đ
Et pour les plumes à Paris, je ne vous oublie pas pour notre petit apéro.
Ă trĂšs bientĂŽt,
Benjamin
P.S : Retrouvez toutes les newsletters prĂ©cĂ©dentes dans lâarchive de Plumes With Attitude. Et si vous avez aimĂ© cette Ă©dition, nâhĂ©sitez pas Ă la partager autour de vous, ainsi quâĂ vous abonner pour recevoir les suivantes par e-mail.