Il y a un vrai plaisir à trouver son rythme quand on se lance dans un nouveau projet. À peine un mois après le lancement de Black Swans Collection, l’extension payante de Plumes With Attitude, je suis heureux de ce petit rituel de jongler entre mes deux publications.
Et après un lancement en demi-teinte, je suis très fier de la deuxième édition. Les retours des premiers lecteurs et la progression du nombre d’abonnés sont autant de raisons qui renforcent mon optimisme et accroissent ma motivation.
Et alors que Plumes With Attitude vient de gagner une centaine d’abonnés en un mois (!), je suis d’autant plus déterminé à vous surprendre dans le choix de mes invités. Aujourd’hui, je suis très enthousiaste à l’idée de creuser un sujet clé, qui s’inscrit dans le prolongement de la dernière édition : la santé.
En vous souhaitant une excellente lecture,
Benjamin
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🎙 INTERVIEW… Dr Lavinia Ionita, médecin et fondatrice d’Akesio
À chaque newsletter, je vous propose de découvrir le portrait et les idées d’une véritable plume “With Attitude”. Aujourd’hui, c’est au tour de Lavinia Ionita qui a la double-casquette de médecin et entrepreneure. Basée à Londres, celle-ci jongle entre ses patients et sa start-up Akesio, qui propose un programme personnalisé de médecine préventive pour aider les individus et les entreprises à mieux approcher leurs problèmes de stress et d’anxiété. Lavinia participe aussi à l’effort collectif des professionnels de santé avec une application en développement pour lutter contre le coronavirus.
Hello Lavinia et merci beaucoup d’avoir accepté l’invitation malgré un emploi du temps que j’imagine très chargé en ce moment. Aujourd’hui, tu es médecin et entrepreneure, ce qui est plutôt rare. Comment jongles-tu entre ces deux activités au jour le jour?
La gestion de mon temps n’est pas la partie de mon travail la plus facile, mais il y a beaucoup de sujets qui se croisent entre mes deux activités. En tant qu’entrepreneure, je suis dans une configuration un peu spéciale étant donné que je suis la seule à plein temps sur Akesio et que je n’ai pas encore levé d’argent. J'ai la chance d’avoir des personnes qui se portent volontaires pour me donner des coups de main à côté de leurs activités respectives. Mais je n’ai pas encore la situation financière adéquate pour avoir une équipe qui tourne à plein temps. Comme tout repose sur moi, j’ai tendance à être davantage tournée vers Akesio en ce moment. La médecine préventive est un sujet important, mais moins urgent que les besoins actuels de certains patients. Il m’arrive donc très fréquemment de passer d’une activité à l’autre dans une même journée.
Comment s’est faite cette transition entre médecine et entrepreneuriat ?
Assez naturellement. Tout est parti d’une envie que j’ai eue autour de 2008 : aider plus de gens à prendre soin d’eux dans un autre lieu qu'un cabinet médical. Le problème avec la santé, c’est qu’on associe souvent la démarche de se soigner à un cadre austère comme celui de l’hôpital. Je rêve de créer une structure avec une ambiance accueillante et paisible, une sorte de spa médical revisité où on se soigne à court et long terme dans un cadre accueillant et chaleureux. L’idée, c’est de donner une image de la médecine comme une façon de prendre soin de soi et non uniquement de guérir d’une maladie.
Au fond, c’est une façon de scaler ton activité de médecin. Mais je ne m’attendais pas à cette approche de l’expérience appliquée à la santé. En préparant l’interview, j’ai vu que tu avais des diplômes dans des disciplines allant de la génétique aux psychopathologies, en passant par l’addictologie. Pourquoi avoir choisi de traiter le sujet de la santé mentale, et en particulier la gestion du stress, avec Akesio ?
Je pense que l’analyse du stress reste encore très subjective aujourd’hui, même au sein de la médecine. Entre un médecin généraliste et un spécialiste, les diagnostics peuvent être très différents. J’ai la conviction qu’on avancera mieux sur le sujet en développant une approche du stress à 360° qui inclut la biologie, la clinique (à savoir les manifestations du stress), mais aussi l'aspect psychologique et les changements de comportements. Le stress de chacun est unique et une même personne n’aura pas la même réaction à des déclencheurs de stress selon le contexte. Par exemple, notre alimentation a une grande influence sur notre cerveau, et donc sur le stress. J’ai choisi de m’intéresser aux entrepreneurs étant donné que ceux-ci évoluent dans un environnement qui est stressant par définition. J’admire ces personnes prêts à braver les obstacles pour changer le monde à leur échelle. C’est aussi un milieu où il y a deux types de stress. D’un côté, il y a le bon stress qui est source de motivation, d’enthousiasme et d’énergie. De l’autre, il y a cette gestion constante de l’incertitude, de la fatigue et de la solitude de l’entrepreneur. En tant que fondatrice de ma start-up, ce sont des chocs émotionnels auxquels je suis moi-même confrontée. Et c’est difficile de parler de ses problèmes d’entrepreneur à ses amis quand ceux-ci ne le sont pas. Du coup, je me suis dit que j’allais aider moi-même ces gens qui veulent changer le monde à mieux gérer leur stress et à prendre soin de leur santé mentale.
J’ai l’impression qu’il y a une sorte de tabou autour de la santé mentale en France, à commencer par la façon d’en parler. On va plutôt dire “bien-être” quand ça va et associer “santé mentale” à un problème. Ça m’a l’air très différent dans la culture anglo-saxonne où le terme “mental health” est très présent dans la littérature entrepreneuriale par exemple.
J'ai été moi-même surprise quand je suis arrivée à Londres et que j’entendais les gens parler ouvertement de leur “mental health”. Ayant vécu en France, j’avais ce biais culturel qui m’empêchait de comprendre comment ils pouvaient utiliser ce terme avec autant de légéreté. En tant que médecin, ça a bien sûr été une agréable surprise. Le terme de “mental health at work” est d’ailleurs un sujet à part entière dans la culture anglo-saxonne.
Et tu arrives aujourd’hui à expliquer cette différence entre la France et le monde anglo-saxon ?
Je pense que ça vient du fait que la psychiatrie n’a pas eu bonne réputation pendant longtemps en France. Et la santé mentale est beaucoup trop associé à des maladies qui font peur comme la depression. Au-delà de la maladie en soi, il y a aussi cette crainte d’être jugé comme quelqu’un qui a un véritable “trouble” au cerveau alors que c’est un état temporaire. Ces tabous se défont progressivement, mais il y a encore du chemin à faire. Dans une société de la performance où tout le monde veut se montrer sans failles, assumer sa vulnérabilité reste plutôt une exception que la norme — alors que c'est le signe d’une grande force mentale. Donc pour moi, il est plus que jamais nécessaire d’utiliser ce terme pour mieux l’expliquer par la suite. En anglais, on parle également de “mental well-being” mais il n’y a pas vraiment d’équivalent utilisé en France.
Parler de “santé mentale” est très connoté aujourd’hui, mais je trouve que parler pudiquement de “bien-être” est trop réducteur. À la rigueur, on pourrait parler d’équilibre psychique ou émotionnel mais ça reste encore assez rare. En tout cas, le fait qu’il n’y ait pas d’équivalent en français est très révélateur.
Je pense qu'il ne faut pas avoir peur des mots. Les utiliser et les expliciter, c’est aussi comme ça qu’on réussit à lever des tabous et changer les mentalités. Alors que si on reste bloqués, on ne risque pas d’avancer.
Par contre, s’il y a bien un sujet assez lié dont on parle énormément, c’est le développement personnel. Sur LinkedIn ou Medium, les pseudo-secrets de productivité et autres “life hacks” sont partout. Je trouve d’ailleurs que le terme de “startup p*rn” illustre parfaitement cette saturation. Quel est selon toi l’impact de cette tendance sur la santé mentale et son tabou ?
Je suis assez agacée par ça. D’une part parce qu’il y en a beaucoup trop, et de l’autre parce qu’il y a vraiment tout et n’importe quoi. Je ne vois ni le besoin ni l’intérêt à inciter les gens à être performant et heureux en permanence. Ça peut même s’avérer dangereux dans le sens où la plupart de ces conseils ne viennent ni de la science ni de la médecine. Et pour des gens qui ont des fragilités, ça aura tendance à les exacerber plutôt qu’à les résoudre. J'ai par exemple entendu parler de talks à la Tony Robins dans lesquels le speaker demandait à des personnes du public de raconter une expérience traumatisante devant des milliers de personnes. J’ai été choquée dans la mesure où la configuration n’était pas du tout adaptée, mais surtout parce que la résolution de problèmes ne peut pas être si simple lorsqu’on ne connaît ni le contexte ni la vie de son interlocuteur dans les détails. Ce qui est compliqué avec ces sujets, c’est qu’on a d’un côté des gourous du coaching qui excellent dans le storytelling, et de l’autre des médecins et scientifiques qui ne savent souvent pas bien communiquer ou vendre leurs idées. Bien sûr, c’est aussi à eux de faire des efforts et apprendre. Et heureusement, il y a des coach très talentueux qui ne viennent pas de la médecine et font un travail remarquable. Mais j’ai l’impression que ceux-ci représentent plutôt une exception que la norme. Ce que je trouve frustrant, c’est de voir que le développement personnel privilégie aujourd’hui plus la forme du message que son fond.
Pour moi, ce type de contenu peut se révéler carrément toxique pour la santé mentale des individus. En tant que médecin, c’est quelque chose que tes patients évoquent en consultation ?
C’est assez rare chez mes patients, mais j’en entends souvent parler autour de moi. Encore une fois, je pense que le succès de ces événements est une question d’expérience. Car entre participer à une conférence sur le développement personnel et aller voir un psy, il y a tout un monde. Bien sûr, je conçois et comprends l'idée que ça attire et que la démarche soit moins déroutante que de prendre une consultation. Mais je pense qu’il y a aussi un danger pour les coachs eux-mêmes, qui ne se rendent pas compte de la responsabilité sur leurs épaules. Le développement personnel attire inévitablement des individus aux problèmes plus complexes, pour lesquels aucune formation ne remplacera un vrai diagnostic et un suivi médical. Pour moi, un bon coach doit être capable de reconnaître ses limites en toute humilité et savoir précisément où s’arrête son champ d’intervention. Seulement, c’est aussi un milieu où il y a beaucoup d’ego…
On parle souvent du storytelling comme la compétence clé du XXIème siècle. Et c’est justement là qu’on voit ses limites, avec l’approche des meilleurs communicants qui se substitue à l’avis de médecins spécialisés moins équipés sur ce volet. Et comme ces gourous sont eux-mêmes entrepreneurs, les fondateurs de start-ups se sentent aussi plus proches d’eux que de professionnels de santé. Ils auront donc tendance à être plus réceptifs à leurs messages. Alors je me demandais, on attribue souvent l’échec d’une start-up à un ou plusieurs de ces trois facteurs : l’équipe, le produit ou le marché. Je pense personnellement que ça va plus loin que ça et que la santé mentale des entrepreneurs est un facteur tout aussi important, si ce n’est plus. As-tu des données sur le pourcentage de start-ups qui échouent pour des raisons inhérentes au stress et aux problèmes émotionnels que peuvent vivre leurs fondateurs ?
J’aimerais beaucoup avoir ce chiffre, car je pense qu’il est très élevé. Reste qu’il est difficile de pointer du doigt le stress quand ce dernier est à la fois complexe, subtil et imbriqué avec d'autres facteurs. Les entrepreneurs sont souvent des individus qui ont une forte personnalité. En tant que leader, c’est un énorme atout pour inspirer et guider une équipe. Mais quand les problèmes s’accumulent et que le stress s’en mêle, ça peut vite devenir très dangereux pour la santé de l’entreprise. Bien sûr, il y a des entrepreneurs qui sont très bons pour encaisser les coups, cacher leur stress ou rebondir rapidement. Ceci dit, les frustrations et la fatigue qui en découlent peuvent déclencher des accès de colère, une chute de la productivité, voire affecter leur vision qui guide la croissance de l’entreprise. Trop de stress chronique produit également trop de cortisol, ce qui affecte la qualité de la prise de décision. C’est un ennemi invisible dont personne ne se doute quand celui-ci est bien dissimulé. Et pourtant, les répercussions sur le moral de l’équipe, les avancées produit et la pénétration du marché sont bien réelles.
Je suis tombé sur des papiers de recherche en psychologie qui mettent en avant le fait que les humains ont tendance à choisir des leaders qui ont des traits de caractère similaires à ceux... des psychopathes. Bien sûr, il y a des exemples dont on parle beaucoup comme Donald Trump ou Elizabeth Holmes, la fondatrice de Theranos. En tant que médecin, n’as-tu pas l’impression parfois de te retrouver impuissante face à ces caractéristiques de la nature humaine ?
Nos comportements ont beau être guidés en grande partie par notre patrimoine génétique, ce n’est pas le seul maître de notre destin. Ces traits psychopathologiques que l’on peut retrouver chez certains leaders sont une composante de personnalités charismatiques. Et ce leadership naturel, c’est ce qu’on va rechercher et valoriser chez un entrepreneur. C’est ce qui va les amener à faire bouger les choses et prendre des risques. Bien sûr, cela peut aller de pair avec un côté plus sombre qui va être exacerbé au contact de la prise de pouvoir et d’influence. Certains disent qu’on a les leaders qu’on mérite. Je pense qu’ils sont un miroir de notre société, et donc qu’ils reflètent aussi notre propre part d’ombre. Mais on peut toujours y travailler et combattre nos comportements les plus les plus obscurs, qui ne sont pas à la merci de notre génétique. Notre personnalité n’est pas fixe mais flexible. Avec de bons objectifs et du travail, on peut devenir la personne que l’on veut être. Par exemple, ce n’est pas parce qu’on est de nature anxieuse qu’on ne peut pas apprendre à parler en public ou à développer une âme de leader.
Tu prônes une forme préventive de la médecine, par opposition à l’approche traditionnelle qui est plutôt réactive à un événement ou une maladie. Tu inclus toute une part d’auto-analyse, avec la mise en place de métriques et d’outils de tracking. Est-ce que tu penses que la crise sanitaire actuelle va accélérer le développement de la médecine préventive ?
Figure-toi que tu n’es pas le premier à m’avoir posé cette question. En médecine, on voit déjà que le coronavirus a accéléré en quelques semaines des avancées qu'on n'avait pas réussi à mettre en place en dix ans. C’est notamment le cas de la télémédecine, et ça ne fait que commencer. Donc j’ai beaucoup d’espoir à ce niveau. Je pense que la société va réaliser que la santé doit être notre première priorité et que c’est l’investissement le plus précieux à l’échelle de nos vies.
Et effectivement, ça passe par toute une série de nouvelles habitudes à adopter et de données à suivre. Comment fais-tu en sorte que cette démarche de s’auto-analyser en permanence ne devienne pas elle-même une source additionnelle de stress ?
Mon rêve, c'est vraiment aider les gens à construire une base de données personnelles pour leur santé, et idéalement à y ajouter le plus d’éléments possibles sur les volets biologiques et psychologiques. Ceci dit, je ne suis pas obsédée par le tracking et j’adapte mon approche à la personnalité de chacun. Et effectivement, il y a des patients que j’identifie comme “à risque” vis-à-vis de ces pratiques. J’attire leur attention sur le fait que, si on va trop loin, ça peut leur faire plus de mal que de bien. Car il ne faut pas que cela les empêche de vivre non-plus. C’est comme quand tu filmes un concert. Si tu concentres ton attention sur ton téléphone, tu vas stresser sur le rendu de la vidéo au lieu de profiter du show — ce qui est absurde en soi vu que tu es là pour ça. Il faut aussi faire attention à ce que les comportements liés au tracking ne deviennent pas des prophéties auto-réalisatrices. Certaines études sur le sommeil soulignent que si tu vois sur ton application que tu n’as pas dormi assez d’heures, tu te dis en avance que tu vas être fatigué et ça te conditionne à passer une mauvaise journée. Donc l’enjeu est de trouver un juste milieu entre l'information et ce que l’on en fait.
Cette approche “data-driven” est particulièrement présente dans le domaine de l’entreprise. Avec le confinement et la crise actuelle, je suis personnellement convaincu que la santé mentale des employés a encore plus de bonnes raisons de devenir un enjeu central. Mais si les métriques et outils d’analyse sont personnalisables et adaptés à chaque type d’entreprise, l’approche de la performance des employés est uniformisée et ne tient pas compte des spécificité de chacun. Penses-tu que sa mesure devrait changer pour mieux s’adapter aux différentes personnalités des individus ?
En fait, je pense qu’il faut surtout revenir aux basiques : connaître ses employés, accepter leurs limites et moduler ses attentes en fonction. Encore une fois, c’est essentiel de regarder le résultat mais il faut aussi se demander pourquoi et comment c’est arrivé. Quand on recrute quelqu’un, c’est pour ses capacités et son potentiel. Et je suis convaincue qu’il faut veiller à ce que la personne puisse travailler et exprimer sa créativité dans les meilleures conditions.
D’ailleurs, tu t’es intéressée assez tôt aux questions du stress et de la santé mentale au travail, bien avant que de nombreuses entreprises jouent la carte du bien-être dans leurs politiques RH. Quelles sont selon toi les bonnes et mauvaises pratiques à ce niveau ?
C'est une question assez délicate dans le sens où le stress et la santé mentale au travail restent encore aujourd’hui des sujets assez tabous, même s’il y a des ouvertures. Par exemple, peu d’employés se sentiront suffisamment en confiance pour dire qu’ils ont fait une dépression — sauf dans le cas où ils ne peuvent pas faire autrement. Pour moi, les bonnes pratiques se trouvent du côté des cultures d’entreprises où règne la bienveillance et dans lesquelles les individus sont encouragés à dire comment ils se sentent en toute transparence. Et cela commence par ne pas occulter voire punir des comportements qui laissent entrevoir des débuts de burn-out ou de dépression. Il faut aussi que les entreprises ne laissent pas tout le poids sur l’individu. Car si un employé prend soin de lui et fait tous les efforts du monde pour être performant dans son travail, cela ne le protègera pas d’une culture toxique en interne. C’est donc aux entreprises de prendre leurs responsabilités vis-à-vis de la santé mentale de leurs salariés. En parler c’est important, mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi aider les individus à mieux se défendre contre le stress, créer un environnement stimulant et mettre en place des actions pour augmenter la créativité et le bien-être en interne.
Quand on y réfléchit, les RH sont en quelque sorte les “médecins” de l’entreprise aujourd’hui. Penses-tu que ceux-ci devraient travailler en plus étroite collaboration avec des professionnels de santé ?
En effet, d’autant plus que cela me semble très compliqué pour un RH de diagnostiquer un niveau de fatigue ou d’identifier un problème émotionnel chez un employé. Et puis, il y a aussi un autre problème qui est celui de l’éthique. Car si j’encourage les entreprises à créer des environnements de travail bienveillants, il y a bien sûr des limites. On ne peut pas s'ouvrir de la même façon à son employeur qu’à un médecin. D’où l’importance de travailler avec des intervenants extérieurs avec qui les employés se sentiront en confiance pour parler de façon transparente et anonyme.
De la même façon qu’une entreprise ne doit pas laisser tout le poids sur les épaules de l’individu, celles-ci ne doivent pas non-plus essayer de tout résoudre en interne. Je voudrais profiter de la fin de l’interview pour avoir ton avis de médecin sur un événement qui s’approche pour nous tous, à savoir le déconfinement. Quels sont selon toi les risques au niveau de notre santé mentale que l’on devrait surveiller ?
Il va y avoir une période de transition dans laquelle il va falloir être très vigilant. Le confinement nous a fait vivre dans des conditions d’isolement sans précédent, et il ne s’agit pas de passer d’un extrême à l’autre lorsque celui-ci sera levé. Bien sûr, il va y avoir la joie de retrouver ses amis et sa famille, d’avoir de nouveau une vie sociale et de faire des choses qu’on ne peut pas faire dans la situation actuelle. Mais il faudra faire particulièrement attention aux excès et prises de risque, qui peuvent aller de pair avec l’enthousiasme général et mettre en danger notre santé mentale. Et surtout : la fin du confinement ne veut pas dire la fin de nos soucis, loin de là. Tout d’abord, il y aura toujours la crise sanitaire que nous vivons mais aussi la perspective de nouveaux soucis économiques et financiers, qui sont des sources de stress à part entière. Contrairement à la dernière crise financière, nous sommes dans un contexte dans lequel l’incertitude est à tous les niveaux et auquel il faut se préparer mentalement à faire face à de nouveaux problèmes à venir. Enfin, le confinement n’est seulement une épreuve vis-à-vis de l’isolement. Pour de nombreux couples et familles, celui-ci a pu révéler des tensions et fragilités dont va falloir s’occuper dans un contexte nouveau. Mais je reste optimiste sur le fait que le confinement a aussi été une opportunité d’entamer une réflexion profonde sur soi-même, sur le monde qui nous entoure, et sur les personnes que nous voulons devenir.
Pour finir, peux-tu nous en dire plus sur l’application que tu es en train de créer pour faire face au coronavirus ?
Je suis en train de développer une application personnelle pour auto-analyser la présence d’éventuels symptômes du coronavirus. L’enjeu est de permettre de construire une base de données pour nous aider prendre les meilleures décisions pour notre santé, celle des autres, et connecter les patients avec des médecins disponible. Mon objectif est d’aider les personnes seules chez elles qui ont (ou pensent avoir) le coronavirus. Je veux pouvoir leur apporter une aide médicale personnalisée dans un contexte où les hotlines sont saturés et les médecins traitants, débordés. L'application s’appellera Covid Care et le lancement de la première version est imminent. Je vais annoncer sa sortie dans les jours à venir sur le site d’Akesio et les réseaux sociaux.
Alors on va surveiller ça de près et je ne manquerai pas de relayer l’info à sa sortie. Un grand merci à toi Lavinia pour cette interview passionnante sur tous ces sujets qui sont plus que jamais d’actualité. Je te souhaite beaucoup de courage pour tous ces projets et te dis à bientôt !
4 contenus par Lavinia pour prendre soin de sa santé :
💎 MISSIONS FREELANCES & CDI… Back in the game!
Envoyez-moi les missions que vous ne pouvez pas accepter et elles seront relayées à la communauté : benjamin.perrin.pro@gmail.com ✌️
Projet Communauté (freelance) — Mathieu Ceccarelli a une mission pour plumes analytiques. Celui-ci crée une série d’articles pour expliquer les décisions et leviers marketing qui ont conduit à l’explosion de belles start-ups. Alors si tu aimes l'investigation, les interviews d’entrepreneurs et le long format (2500 mots), c’est une mission qui est faite pour toi. | 📩 mathieu.ceccarelli@gmail.com
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🔭 DANS LE RADAR… Mes petits trésors
Pas de livre recommandé dans la section, une première ! Et pour cause : je suis beaucoup trop absorbé par Dune, de Frank Herbert. 😇
Musique : The Strokes — Ode To The Mets
C’est toujours difficile de voir les groupes de sa jeunesse se vautrer sur les albums qui suivent le pic de leur carrière. Mais quand ils arrivent à conjurer le mauvais sort, c’est un vrai soulagement. Près de vingt ans après Is This It, je suis content de pouvoir enfin dire que cette fois-ci, j’aime le dernier album des Strokes.
Séries : Killing Eve — Phoebe Waller-Bridge (MyCanal)
L’autre série de la créatrice de Fleabag est rapidement devenue une nouvelle alliée de choix dans mon confinement. Malgré des scènes à la violence souvent gratuite, l’histoire de la traque d’une tueuse en série par une agente du MI-5 est remplie de scènes à l’humour décapant.
Documentaire : Wild Wild Country —Maclain & Chapman Way (Netflix)
Quand une secte venue d’Inde rachète un ranch et ses 26 000 hectares dans l’Oregon pour y installer son nouveau “havre de paix”, la panique d’un petit village d’une quarantaine d’âmes va progressivement s’étendre à tout le pays. Je n’avais jamais entendu parler de cette histoire hallucinante des années 80, qui est digne d’un épisode de l’émission Strip Tease… version hollywoodienne.
Photo : Oui, ceci est bien une météorite. Photographié par Prasenjeet Yadav.
🔮 KNOWLEDGE IS POWER… Maintenant vous savez !
If you want to get noticed, why are you doing the same things everyone else does?
— Josh Spector
Communication Breakdown : Après trois romans publiés, des centaines d’articles de blog et des expériences significatives chez eFounders puis Station F, Rachel Vanier a forcément deux-trois trucs — ou plutôt 73 slides — à nous apprendre dans l’art de la communication en start-up.
L’histoire dont vous êtes le héros : Si le calme du confinement vous a donné l’envie de mettre votre plume à l’épreuve de la fiction, mieux vaut connaître le secret des maîtres en la matière — pour mieux vous en détourner. C’est le cas de la structure de Joseph Campbell qui vous aidera à créer une aventure digne de ce nom pour vos futurs héros.
Content Design : Parce qu’il n’y a pas que les articles dans la vie et que l’UX Writing est en plein boom, autant partir avec des bases solides. En voici une excellente introduction.
Bibliothèque sans frontières : Qui de mieux que Tim Urban, auteur du célèbre blog Wait But Why, pour revoir vos ambitions de lecture à la hausse ?
🗣 MEANWHILE… L’actu des lecteurs
Et vous, ils ressemblent à quoi vos projets du moment ? Écrivez-moi pour m’en parler et apparaître dans la prochaine édition.
Julie a lancé sa newsletter sur le surf : Do It Your Swell.
Valentin nous invite dans les coulisses de la création d’un article en vidéo.
Ester détaille les huit leçons de psychologie qu’elle a tiré du coronavirus.
Alexis nous partage son retour d’expérience sur la création d’un podcast.
Noémie a créé sa Content Toolbox sur Notion.
Yoann a lancé le IMDb des newsletters, logiquement appelé… INDb.
Sarah et Bastien ont créé une version en ligne du jeu Hanabi.
Kilian fait le bilan en vidéo de son dernier projet : L’Atelier des Fous.
DERNIÈRE CHOSE…
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Bon courage pour la fin du confinement et prenez soin de vous,
May the words be with you,
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