Grosse édition, petite intro. J’ai pourtant l’habitude de frôler la limite de texte de Substack mais l’épreuve s’est montrée plus périlleuse que jamais. Et pour cause : notre invité est encore plus bavard que moi et lui aussi amateur de long format.
En tant que freelances, entrepreneurs ou salariés, on a tous intérêt à développer une approche Produit dans notre activité, ainsi qu’à soigner nos interactions clients. C’est d’autant plus crucial à l’ère de la passion economy, où notre rapport au travail et au temps prend un tournant (forcément) passionnant.
C’est pourquoi je suis très heureux de vous partager aujourd’hui ma conversation avec Jonathan, qui était dans ma liste de plumes à inviter depuis longtemps.
Enfin un grand merci à celles et ceux qui ont bravé le froid et la pluie pour le premier “Drinks With Attitude”. J’ai passé un excellent moment et perso, j’ai déjà hâte du prochain !
D’ici là, je vous souhaite une bonne lecture,
Benjamin
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🎙 INTERVIEW… Jonathan Lefèvre, le bon génie du service client
À chaque newsletter, je vous propose de découvrir le portrait et les idées d’une véritable plume “With Attitude”. Aujourd’hui, j’ai l’honneur de recevoir Jonathan Lefèvre : auteur d’un des livres les plus importants de l’écosystème tech français, L’Obsession du Service Client. Premier employé non technique de Capitaine Train (devenu Trainline suite à son rachat en 2016), celui-ci était en première ligne d’une des plus belles réussites entrepreneuriales de l’Hexagone. Aujourd’hui, Jonathan est une plume freelance avec un positionnement de niche, à l’intersection du produit, de la relation client et de l’UX Writing. Et surtout, c’est un véritable passionné du travail bien fait qui ne rigole pas avec les outils de productivité.
Comment es-tu entré chez Capitaine Train en sortant d’école ?
J'ai commencé à utiliser le produit vers 2011, alors que j'étais en stage de fin d'études. À l'époque, l’UX de Voyages-SNCF me rendait fou. Alors forcément, quand j'ai découvert Capitaine Train, ça a été le coup de foudre. Pour le produit bien sûr, mais pas seulement. Je suis tout de suite tombé sous le charme de la manière dont ils s'exprimaient, de leur façon de communiquer avec leurs clients. De leurs articles de blog jusqu'aux messages d'erreur dans le produit, en passant par leurs tweets ou la manière dont ils présentaient leur projet sur le site. Chaque mot était minutieusement choisi, et résonnait avec tout ce qui me tient à cœur dans une entreprise. Le projet transpirait la passion, le souci du détail, du travail bien fait, l'humilité, et toutes les valeurs qui caractérisaient l'équipe. Il y a dix ans, le contenu en ligne était loin d’avoir le niveau de maturité d’aujourd’hui et les start-up n’étaient pas encore à la mode. Dans ces conditions, l’approche de Capitaine Train sortait vraiment du lot. Ces mecs avaient tout compris avant tout le monde. En devenant moi-même client et fanatique du projet, je leur ai naturellement envoyé un e-mail, qui ressemblait plus à une lettre d’amour qu’à une candidature. Je ne savais pas faire grand-chose mais visiblement, ils ont bien aimé mon style d’écriture. Quelques mois plus tard, je devenais la première embauche non technique de la boîte, avec pour mission de m’occuper des clients.
Et comment as-tu réussi à construire les bases d’un service client devenu une véritable référence dans le milieu ?
Le plus important était déjà là avant que j’arrive. Rien n’aurait été possible sans la vision de départ des fondateurs. Dès les premiers jours, il était clair que l’expérience client — et le bouche-à-oreille positif qui en découle — serait notre premier canal marketing. Pendant plus de 5 ans, ça a quasiment été le seul ! Bon, c’est plutôt logique pour un projet où l’expérience client est l’unique raison d’être. Je n’ai donc fait qu’essayer, du mieux que j’ai pu, de donner vie à ce qui était déjà dans la tête des fondateurs dès le début du projet : une relation client qui fonctionne. Efficace, fluide, honnête, humaine, et en capacité concrète de résoudre les problèmes. J’entrerais bien volontiers dans les détails du « comment », mais il existe déjà un petit livre vert qui tente d’expliquer tout ça (rires).
Du coup, je suppose que ton rôle allait bien au-delà du service client ?
Au début, je faisais tout ce qui n’était pas technique. Avec tout ce qu’il y a à faire au démarrage d’une start-up, je ne risquais pas de m’ennuyer. Et puis, notre vision du support client étant transversale, nous avions un rôle décisif dans la conception et l’amélioration continue du produit. Cette double approche produit/client nous a permis de construire des bases extrêmement solides au niveau de la rétention. Récemment, j’ai été impressionné par l’approche de Superhuman, un client mail que tout le monde s’arrache alors qu’il coûte 30$ par mois. Ils ont une liste d’attente de plusieurs centaines de milliers de personnes, mais refusent d’ouvrir les vannes pour continuer à perfectionner leur produit. Le résultat est exceptionnel, j’ai rarement vu un produit aussi soigné. Même à ce prix, j’aurais maintenant du mal à m’en passer.
Ah ouais, carrément ! Et en quoi le produit est si incroyable que ça ?
Ça m’a tellement marqué que j’en ai fait un long article sur mon site. C’est un des produits les plus brillants que je connaisse. Tout est pensé dans les moindres détails pour te faire gagner du temps. C’est une interface qui te remonte gentiment les bretelles à chaque fois que tu utilises ta souris plutôt qu’un raccourci clavier. J’adore. Il y a toute une approche didactique vertueuse autour de l’utilisation systématique des raccourcis clavier. Ça a tout pour plaire aux adeptes de beaux produits dans mon genre — surtout s’ils s’intéressent à leur productivité.
Qu’est-ce qui t’a le plus impressionné en tant que passionné de la relation client ?
La manière dont ils gèrent leur onboarding (et leur rapport à l’acquisition de clients de façon générale) est au moins aussi intéressante que le produit lui-même. Il y a une multitude de barrières pour accéder au produit : un prix extrêmement clivant, une file d’attente interminable, et même une session obligatoire de 30 minutes avec un membre de leur équipe en partage d’écran, pour tous les nouveaux clients (!), histoire d’être sûr que le produit va répondre à tes besoins les plus spécifiques. Mis bout-à-bout, tout ça fait qu’il est impossible d’utiliser Superhuman en tant que « touriste », avec un faible niveau d’engagement ou de mauvaises raisons d’être arrivé jusqu’au produit. Et ce brillant ciblage, ce refus manifeste de nouveaux clients s’ils ne sont pas exactement dans la cible, il a une valeur incroyable du point de vue de l’expérience client. Parce qu’au lieu de perdre du temps avec des touristes qui tireraient leur produit — et leur service client en passant — dans la mauvaise direction, ils ne s’occupent que des gens qui sont forcément là pour les bonnes raisons. Et ça, c’est une approche extrêmement vertueuse, selon moi gage de l’expérience incroyable qu’ils ont réussi à construire. C’est encore une ligue au-dessus de Capitaine Train (rires).
Après, c’est aussi un luxe que n’importe quel entrepreneur ne pourrait pas se permettre. Et à 30$ par mois pour un client e-mail, on est clairement sur un positionnement très haut de gamme. Même si c’est du jamais vu, ça reste une expérience client de luxe qui ne s’adresse pas à tout le monde. Alors que le mérite de Capitaine Train, c’était justement de délivrer un produit et un service client de très grande qualité qui soient accessibles à tous. Et vous avez aussi une difficulté supplémentaire à mes yeux, dans le sens où vous deviez sans doute recevoir un grand nombre de retours d’une audience bien plus diverse. Et du coup, j’ai une question spécifique pour toi : comment t’y prends-tu pour reconnaître un bon feedback ?
Je pense que c’est avant tout une question de ciblage. Chaque retour est probablement bon à écouter, mais pas forcément à appliquer. Pour comprendre un feedback, il faut déjà comprendre l’histoire de la personne qui le fait, et le contexte dans lequel il a lieu. Si un client dans ta cible t’exprime sa satisfaction, c’est que tu as bien fait ton boulot. Mais parfois, tu as des utilisateurs qui ne comprennent pas ton produit ou qui ont des demandes qui n’ont rien à voir avec la vision de l’entreprise. C’est bien de les écouter, mais leurs réactions sont à prendre avec des pincettes. Là où il faut être vigilant, c’est qu’un ciblage négligé ou mal défini entraînera un fort volume de support, et aura tendance à détériorer la boucle de feedback. Ça peut vite s’avérer destructeur pour le produit et la survie de l’entreprise.
Pour un produit grand public comme Capitaine Train, j’imagine que le ciblage devait être très large. Et du coup, ça doit être assez difficile d’éliminer des utilisateurs. Comment tu t’y prenais pour faire la différence ?
C’est justement dans cette situation que le service client est un allié précieux pour le product management. Il y a une citation de Phil Libin (fondateur d’Evernote) qui me vient toujours à l’esprit quand je réfléchis à cette question : “Customer feedback is great for telling you what you did wrong. It’s terrible at telling you what you should do next”. Un des rôles d’une équipe support, c’est d’agréger les retours clients pour déterminer ce qui est vraiment intéressant pour le produit et la vision de l’entreprise. D’où l’importance de résoudre les problèmes de l’ensemble de tes utilisateurs, mais aussi d’identifier ceux avec qui passer plus de temps. Car ce sont eux qui te permettront de développer un produit qui ne sera pas seulement meilleur pour eux, mais pour tout le monde. C’est pour ça qu’on disait non à l’immense majorité des suggestions qu’on recevait. Au fond, c’est grâce à ces multiples « non » — et à la simplicité du produit qui en résulte — que notre produit leur plaisait.
Concrètement, vous disiez quoi quand la situation se présentait ?
Si tu es transparent et sincère, il y a juste besoin d’y mettre les formes. Quand tu construis un produit qui plait, tu es bombardé de feature requests tous les jours. Après, je reconnais que c’est un problème de riches (rires). Pour construire un produit qui plait, il faut être capable de dire non à plein de demandes de ses utilisateurs — même quand ce sont des fans de la première heure. Par contre, il faut vraiment tout écouter en essayant à chaque fois de comprendre le pourquoi profond derrière la demande. Certaines remarques peuvent sembler ridicules au premier abord. Or, quand on creuse un peu et qu’on se met véritablement à la place du client, on arrive à trouver du sens derrière des demandes qui nous semblaient farfelues. L’important est de comprendre le contexte de la personne, et pourquoi elle est prête à prendre le temps de nous remonter ça. On s’approche parfois de l’investigation (rires). Tu peux alors découvrir des choses que tu n’aurais jamais imaginées par toi-même. Au fond, un bon service client doit avoir une approche très artisanale.
Une autre chose que je trouvais fascinante chez Captain Train, c’est la diversité des profils au sein de votre équipe consacrée au service client — et ce, avant même que tout le monde commence à parler de diversité. J’ai lu qu’il y avait des personnes issues du journalisme, de l’Éducation Nationale, de la psychologie. Comment avez-vous fait ?
Comme le rôle était assez atypique, je pense qu’on a attiré naturellement des profils atypiques. Entre la passion pour les beaux produits, le goût pour l’écriture, ou encore la technicité ferroviaire, on ne peut pas dire que nos critères de sélection avaient une grande cohérence (rires). Alors forcément, les personnes qu’on a recrutées avaient toutes un profil unique, avec un background souvent éloigné du service client. Et c’est exactement ce dont nous avions besoin pour développer notre propre approche de la discipline.
L’écriture faisait partie de vos critères de recrutement ?
C’était même le critère numéro un. L’essentiel de notre communication se faisait par écrit. Avec les clients bien sûr, mais aussi lors des discussions internes. Nous étions des adeptes de la communication écrite et asynchrone, dont la puissance est décuplée à mesure que l’équipe grandit. Dans ces conditions, il était important que tous les membres de l’équipe aient une certaine aisance pour faire passer leurs idées par écrit. Notre processus de recrutement donnait l’occasion aux candidats de nous écrire une quantité significative de texte. En plus de leur e-mail d’approche, ils devaient répondre à de vraies questions de nos clients, ainsi qu’à des questions plus personnelles, du genre : « Pourquoi voulez-vous faire du service client ? » ; « Qu’est-ce que vous trouvez nul dans notre produit ? » ; « Qu’est-ce que vous feriez pour changer ça ? » ou encore de nous décrire une belle expérience qu’ils avaient eue récemment. L’analyse de ces textes donne énormément d’informations sur les compétences rédactionnelles des candidats. On peut vite se rendre compte de leur souci du détail, leur orthographe, leur façon de s’exprimer, de structurer les paragraphes, d’expliquer les choses simplement. Là encore, il s’agit de faire le bon ciblage pour perdre le moins de temps possible avec une étape synchrone et très chronophage : les entretiens. Pour tout dire, je m’intéressais tellement aux candidatures écrites qu’il m’est arrivé assez rarement d’avoir d’énormes surprises au moment de la rencontre physique. On avait aussi la chance d’avoir un produit qui plaisait. D’un autre côté, c’est aussi le résultat de ce qu’on avait cherché à construire depuis le début.
J’imagine que tu as dû toi aussi attirer pas mal de gens vers toi quand tu es devenu freelance ?
J’ai eu pas mal d’opportunités en lien avec le service client, notamment après la sortie de mon livre en octobre 2018. C’était le moment où jamais pour m’y consacrer à plein temps. D’autant que la relation client en start-up n’est pas un métier très représenté en freelance.
Au fond, c’est une vraie niche que ton parcours te permettait d’explorer. Et du coup, ça a pris quelle forme ? Du conseil ?
On peut dire ça, oui. J’ai accompagné pas mal de start-up sur la mise en place de nouvelles stratégies d’expérience client. Ce qui m’éclate le plus, c’est d’aider les services clients à gagner en efficacité en optimisant certains processus, en améliorant leur documentation interne, ou en les sensibilisant aux meilleurs outils de productivité. J’ai aussi découvert l’univers incroyable des conférences en entreprise (rires). Je suis plutôt du genre à écrire dans mon coin qu’à monter sur scène, mais ça a quand même donné lieu à des opportunités uniques. J’ai notamment eu l’occasion de rencontrer Xavier Niel, avec qui j’ai pu bosser sur un beau projet.
Wow, la classe ! Et quels enseignements as-tu tiré de tes différentes expériences en freelance jusqu’ici ?
Devenir freelance m’a poussé à chercher ma véritable singularité sur le marché du travail. J’ai trouvé des réponses au croisement de ma volonté d’aider les autres, de mon penchant pour l’optimisation, et de ma passion pour les produits efficaces. Ça m’a beaucoup inspiré sur un projet perso qui me trottait dans la tête depuis un moment. En tant que fan d’outils en tout genre, je pourrais t’en parler pendant des heures. Mais j’ai été surpris de constater que même dans des environnements plutôt technophiles comme les start-ups, la culture des outils de productivité est relativement faible. Par exemple, beaucoup de gens n’arrivent pas à adopter des outils merveilleux comme Alfred, alors qu’ils en tireraient d’énormes bénéfices au quotidien.
C’est marrant parce que je suis typiquement ce genre de personne. J’ai beau passer un temps fou à chasser de nouveaux produits sur Product Hunt et les partager sur Twitter, j’en utilise au final très peu. Par exemple, on m’a recommandé mille fois Alfred mais je n’arrive pas à m’y mettre. Je dois avoir une résistance au changement chronique, et peut-être aussi une allergie à l’utilisation de raccourcis clavier pour tout et n’importe quoi (rires).
L’onboarding de ce type de solution est généralement assez faiblard. Il est rare de tomber sur des outils qui te prennent par la main aussi efficacement que Superhuman. Du coup, les raisons d’abandonner — ou d’écrire au support (rires) — sont nombreuses. La seule manière de cerner des très bons produits, c’est d’en maitriser les moindres détails. Pour moi, c’est vraiment crucial d’expliquer concrètement à un nouvel utilisateur en quoi cette solution peut lui changer la vie. Il m’arrive de faire des démonstrations d’outils de productivité appliqués aux tâches récurrentes d’une équipe support. Et dès que la proposition de valeur devient claire pour eux, ça leur retourne le cerveau.
Ton projet perso, c’est un outil d’éducation sur tous ces sujets ?
Dans l’esprit, quasiment. Dans la pratique, c’est un peu plus spécifique, car c’est un outil logiciel. Je travaille sur l’outil d’expansion de texte de mes rêves. Mon rêve, c’est que les gens comprennent à quel point l’expansion de texte peut changer leur vie, autant qu’elle a changé la mienne. Or les produits existants sont assez mauvais pour faire le faire comprendre. Mais effectivement, il y a un énorme marché sur le volet éducation — notamment en freelance. C’est aussi pour ça que je publie pas mal d’articles à ce sujet.
Peut-être qu’il y a justement trop d’outils et de conseils liés à la productivité aussi ?
C’est vrai qu’il y a une offre énorme, mais elle répond à une véritable demande. Par exemple, après avoir lu La 25e Heure, je ne m’attendais pas à ce qu’il rencontre un tel succès. En mettant un pied dans le monde de l’édition, j’ai découvert que les ordres de grandeur sur les ventes de livres n’ont rien à voir avec le web. À 10 000 unités vendues, tu es un best seller.
De ton côté, comment a marché L’Obsession du Service Client ?
En fin d’année 2019, on s’approchait des 4000 unités vendues. N’ayant pas de référentiel, je ne sais pas trop quoi en penser — je sais juste que mon éditeur est très content de ces chiffres (rires). De mon côté, j’ai surtout été content des retours des lecteurs, surtout lorsqu’ils viennent de personnes que j’admire. Il n’y a rien de plus puissant que les réactions enthousiastes à un truc dans lequel tu as mis autant de passion. Pour revenir aux ventes, je pensais qu’il y aurait un pic à la sortie et que ça se tasserait par la suite. Mais il s’est avéré que la courbe des ventes a relativement peu fléchi dans le temps. Et ça, c’est une super nouvelle à une époque où le contenu devient de plus en plus vite obsolète.
Après, je pense personnellement que Capitaine Train représente l’exception plutôt que la norme des start-ups en France. Ça reste encore aujourd’hui une grosse référence. Et puis, le format livre est aussi à mes yeux un certain gage de qualité. Ça change du contenu poubelle et des sauts de ligne à chaque phrase sur LinkedIn. (rires)
Je suis trop content d’entendre ça (rires) ! Je n’en peux plus de ces paragraphes d’une phrase. Ça a pourtant l’air très répandu chez les copywriters ou autres posts à succès sur LinkedIn. Je rate sans doute quelque chose. Mais du coup, c’est devenu difficile de parler sérieusement d’outils de productivité. Il y a une partie de moi qui ne peut pas s’empêcher de penser à tous ces infopreneurs qui cherchent la viralité à tout prix en partageant leurs hacks contre des likes.
Je ne te cache pas que j’ai eu un peu peur en voyant que tu te mettais à écrire sur la productivité (rires).
Tu n’as pas dû être le seul (rires). C’est pour ça que j’ai commencé par publier un article qui permet de prendre du recul et réfléchir sur la question. Pour moi, écrire sur des produits que j’utilise au quotidien est un vrai plaisir. Alors que la grande majorité de ces vendeurs de “formations” me font plus penser à une pyramide de Ponzi géante qu’autre chose. Cela dit, il existe quand même des personnes qui gagnent leur vie avec des formations tout en proposant des contenus vraiment intéressants. Stan Leloup, par exemple.
Et c’est quoi ta démarche derrière cette nouvelle série de contenus ?
L’idée, c’est de faire un wiki perso accessible à tous, avec une analyse poussée des outils de productivité que j’utilise pour me simplifier la vie. Ce que j’aimerais, c’est éclairer toute personne qui a besoin d’un avis de passionné sur un produit ou un problème donné. Je tombe régulièrement dans le format long pour entrer dans un sujet en profondeur et récompenser l’attention du lecteur par du contenu de qualité. Par exemple, tu peux lire des dizaines d’articles sur la procrastination sans trouver de réponses concrètes pour y remédier. Ou alors, tu peux lire les articles de Wait But Why sur le sujet. Tu vas certes y passer une heure, mais tu ressortiras de ta lecture avec des idées qui vont bien au-delà de tes attentes.
Alors là, tu prêches un convaincu (rires) ! D’ailleurs, tu as dû remarquer la peluche de l’Instant Gratification Monkey derrière moi [l’interview s’est faite en visio depuis chez moi]. Je n’ai jamais caché que Tim Urban est un véritable modèle pour moi, ainsi qu’une grande source d’inspiration pour ma newsletter. Dans la dernière édition, j’évoquais une autre initiative brillante : YourStack par Product Hunt, qui me fait beaucoup penser à ta démarche avec ces nouveaux contenus.
Pour tout dire, c’est exactement ce que je veux faire à mon humble échelle : documenter et partager ma stack. Sauf qu’au lieu de mettre juste un commentaire de quelques lignes, j’en profite pour décrire en profondeur mes workflows ou autres méthodes d’organisation. Mais l’idée de passer de la perspective produit de Product Hunt à une perspective utilisateur avec YourStack est une chouette initiative. Ils se sont même pris pour Superhuman avec leur système de file d’attente (rires). C’est aussi un endroit privilégié pour faire de la recherche utilisateur, en plus de la veille perso sur les outils.
En attendant, je n’ai toujours pas bougé dans la file d’attente (rires).
Moi non-plus mais j’ai peut-être un tuyau, donc je croise les doigts pour que ça change bientôt.
En tout cas, un grand merci Jonathan pour cette conversation très riche. Je suis soulagé d’avoir pu faire tenir en une interview l’ensemble des sujets que je voulais aborder avec toi. Je suis convaincu que la grande majorité de tes enseignements sur la relation client et ton approche passionnée du produit peuvent totalement s’appliquer à l’échelle d’un individu, et particulièrement en freelance. Et aussi, je pense que je vais devoir redonner une chance à Alfred (rires).
3 produits cultes et sous-estimés selon Jonathan :
Ulysses : « Parce qu’on est sur une newsletter pour les plumes, et que Ulysses est le meilleur outil d’écriture que je connaisse. »
Notion : « J’ai tellement de choses dithyrambiques à dire sur Notion que mon article à son sujet risque de mettre des plombes à arriver. »
Alfred : « Juste au cas où vous seriez passé à travers les mailles du filet. Un jour, j’arrêterai de bassiner les gens avec, promis. »
💎 MISSIONS FREELANCES & CDI… Pour un jour ou pour la vie
Welcome To The Jungle (freelance) — Le média phare du recrutement cherche des plumes journalistiques pour des articles de fond. | 📩 matthieu@wttj.co
Rooit (freelance) — L’app de chat qui cartonne en Asie (600 000 utilisateurs) se lance aux US et a besoin de plumes anglophones capables de fédérer une communauté par l’écrit autour de leur passion. | 📩 kays@rooit.me
Transtelling (freelance) — L’agence de traduction axée storytelling a besoin de plumes multilingues familières de l’univers beauté/luxe pour des projets de naming, branding, presse et de localisation de contenus. | 📩 mona@transtelling.com
The Editorialist (freelance) — Le pool éditorial spécialisé BtoB cherche de nouvelles plumes aux affinités journalistiques pour s’étendre dans de nouveaux domaines : du luxe à l’immobilier, en passant par le droit ou encore le patrimoine. | 🎏 Offre
Multis [YC S19] (CDI) — Si vous vous y connaissez en acronymes ou que vous me lisez depuis un petit moment, vous savez que la petite mention derrière le nom de cette FinTech dans les cryptomonnaies est gage d’une extrême qualité. | 🎏 Offre
Agricool (CDI) — L’agriculture du turfu a besoin de renfort sur le volet création de contenu et social media. Alors si vous avez la main verte (et la plume aussi !), foncez les yeux fermés. | 🎏 Offre
Nalo (CDI) — Nul doute que cette start-up FinTech ira (très) loin. La question est : voulez-vous commencer à écrire pour eux aujourd’hui ou attendre qu’il soit trop tard demain ? | 🎏 Offre
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✌️ Envoyez-moi les missions que vous ne pouvez pas accepter et je les relayerai à la communauté : benjamin.perrin.pro@gmail.com
🔭 DANS LE RADAR… Mes petits trésors
Livre : Dune — Frank Herbert
Après un mois de février sans alcool (en passe d’être réussi !), j’ai trouvé un nouveau défi pour 2020 — finir la série de livres avant la sortie du film par Dennis Villeneuve.
Track : Tame Impala — Breathe Deeper
Le morceau préféré de l’album que j’attendais le plus cette l’année. C’est aussi le premier titre que j’ai entendu à leur “listening party” deux jours avant sa sortie : une expérience atypique — et aussi une stratégie brillante de distribution de contenu.
Album : Grimes — Miss Anthropocene
Le nouvel opus d’une artiste visionnaire qui partage sa vie avec un certain Elon Musk est sorti aujourd’hui. Je suis d’ailleurs assez curieux de voir l’inspiration que ce dernier a pu donner à l’univers déjà très riche de Grimes. À l’heure où j’écris ces lignes, je ne l’ai pas encore écouté. Et je peux vous dire que mes attentes sont aussi hautes que le cours de l’action Tesla.
Premier film réussi par une réalisatrice qui a fait ses armes avec les clips de Lady Gaga et Beyoncé. Difficile de ne pas comparer ce road-trip entre violence et poésie à l’excellent Green Book, couronné de l’Oscar du Meilleur Film l’an dernier. Message fort, tension permanente et jeu d’acteur très convainquant : combo gagnant.
🔮 KNOWLEDGE IS POWER… Maintenant vous savez !
“Twitter peut-il sauver la science ?” : Le milieu de la publication académique a longtemps été un enfer pour les nouveaux entrants, avec de hautes barrières à l’entrée. Alex Danco voit toutefois une lueur d’espoir pour ces derniers : Twitter.
Business books, le guide du cynique : Délicieusement provocateur, cet article vous apprend à lire entre les lignes des classiques de la littérature business et entrepreneuriale.
Micro > Macro : Pour le collectif Enspiral Tales, ce n’est pas la taille qui compte. Ces passionnés d’expérimentations sociales ont observé de nombreux bienfaits à tester ses idées à petite échelle plutôt que de viser large. Une excellente lecture pour tout toute personne impliquée dans des communautés.
Oubliez la théorie des 1000 vrais fans : Et visez plutôt 100 ! J’étais sûr que le dernier article de Li Jin (a16z) sur la Passion Economy serait un classique avant même de l’avoir lu. Spoiler : j’avais bien vu.
🗣 MEANWHILE… L’actu des lecteurs
Valentin et Alexis ont un nouveau podcast : Tuk Tuk
Barbara a publié un article sur Neuralink et le biohacking.
Hugo n’a attendu l’avis de personne pour lancer son podcast Sans Permission.
Anne-Laure a exploré le concept du trilemme de l’ambition.
Samuel ne peut plus se passer de newsletters — et cite PWA.
Diane a besoin de vous pour réinventer la marque Agricool.
Nicolas Colin a son dernier livre Hedge maintenant publié en français.
🖖 Et vous… ils ressemblent à quoi vos projets du moment ? Écrivez-moi pour m’en parler et apparaître dans la prochaine édition : benjamin.perrin.pro@gmail.com
DERNIÈRE CHOSE…
On y a fait allusion avec Hind dans la dernière édition, aujourd’hui c’est une réalité. Le nouveau syndicat des travailleurs indépendants est lancé !
C’est tout nouveau, tout beau, et ça s’appelle indépendants.co.
Sinon la prochaine édition arrive samedi 29 février, soit le jour de l’anniversaire de la prochaine invitée. Pour les plumes les plus curieuses de la communauté, je vous laisse libres d’enquêter.
May the words be with you,
Benjamin
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