Cette fois-ci, câest la bonne : Plumes With Attitude a deux ans ! đŠđ
Et au cours de ces deux annĂ©es pour le moins mouvementĂ©es, je suis heureux dâavoir Ă©tabli cette newsletter comme une vraie constante dans ma vie.
Ăa fait vingt-quatre mois que je mâarrache les cheveux Ă savoir qui seront mes prochains invitĂ©s, que je cours aprĂšs les demandes de contacts et dates dâinterviews, que je stresse (souvent) pour rĂ©ussir le bouclage Ă tempsâŠ
Et le pire, câest que jâadore ça.
Car ça fait aussi vingt-quatre mois que je rencontre de nouvelles plumes et dĂ©couvre leurs projets, que je creuse des sujets chaque fois diffĂ©rents avec mes invitĂ©s, que je ne compte pas mes heures passĂ©es sur cette newsletter. Comme le dirait notre nouvelle invitĂ©e, Plumes With Attitude est mon âpas de cĂŽtĂ©â, ma respiration dans la journĂ©e.
Et je suis heureux de pouvoir compter sur une aussi belle communautĂ© de lecteurs â quâils soient nouveaux ou fidĂšles de la premiĂšre heure â avec qui la partager. Alors un grand merci Ă vous !
Je vous souhaite une bonne lecture,
Benjamin
Plumes With Attitude est une newsletter sur lâĂ©criture sous toutes ses formes. Si vous avez envie de suivre cette publication, abonnez-vous pour recevoir les prochaines Ă©ditions.
đ INTERVIEWâŠÂ Marie Robert (Philosophy is Sexy)
Ă chaque newsletter, je vous propose de dĂ©couvrir le portrait et les idĂ©es dâune vĂ©ritable plume âWith Attitudeâ. Aujourdâhui, jâai lâimmense plaisir dâaccueillir Marie Robert, la crĂ©atrice de la cĂ©lĂšbre page Instagram @philosophyissexy devenue un mĂ©dia Ă part entiĂšre, qui est aussi romanciĂšre et Ă lâorigine de trois Ă©coles Montessori. Autant dire que je ne pouvais pas trouver meilleure plume pour croiser les thĂšmes de lâĂ©criture et de la philosophie.
Salut Marie et merci dâavoir rĂ©pondu Ă lâinvitation ! Ăa me fait vraiment plaisir de te recevoir et de consacrer une Ă©dition Ă la philosophie. Jâaime souvent commencer mes interviews par les mots que choisissent mes invitĂ©s pour leurs projets. Alors je me demandais : dâoĂč vient ce terme de âPhilosophy is Sexyâ ?
Ăa remonte Ă une quinzaine dâannĂ©es, soit bien avant que je lance mon projet. J'Ă©tais encore en fac de philosophie Ă la Sorbonne. Et il se trouve que j'avais lancĂ© une revue de philosophie analytique avec mes copines de fac. Câest un courant anglo-saxon qui repose beaucoup sur la logique. Autant dire que si la philo a dĂ©jĂ une image assez rĂ©barbative, la philosophie analytique est tout sauf sexy (rires).
Et alors quâon prĂ©sentait cette revue Ă un colloque en Suisse, on a dĂ» crĂ©er une affiche pour notre stand â et donc trouver un nom. Le terme de âPhilosophy is Sexyâ mâest venu alors que je cherchais Ă prendre le contrepied de lâimage quâon pouvait avoir de notre sujet. Et ce slogan est devenu la base de toute ma rĂ©flexion, notamment lorsque jâai créé le compte Instagram.
Au-delĂ du cĂŽtĂ© amusant, câest devenu une Ă©vidence pour moi. Car je trouve quâil nây a rien de plus sexy, de plus excitant, de plus dĂ©sirable que dâutiliser notre cerveau pour analyser, raisonner et mettre le monde en perspective. Ă mes yeux, câest ce que nous avons de plus prĂ©cieux.
Ce que je trouve assez fou, câest que ça me semble un pilier essentiel dâune vie Ă©quilibrĂ©e, aux cĂŽtĂ©s dâĂ©lĂ©ments comme lâactivitĂ© physique, une alimentation saine ou encore le sommeil â tous trois assez âglamourisĂ©sâ aujourdâhui. Comment expliques-tu que la perception de la philosophie ne soit pas au mĂȘme niveau que ces autres piliers ?
Câest selon moi une question de difficultĂ©. On peut dormir plus ou moins facilement, on peut se mettre au sport en faisant un peu dâexercice dans son salon. Il y a pour ces piliers une certaine notion dâaccessibilitĂ©, lĂ oĂč la philosophie est plutĂŽt vue comme intimidante, bourgeoise et snob. Quand tu prends un texte de philosophie (et notamment de philosophie classique), le degrĂ© de comprĂ©hension est tout sauf Ă©vident. MĂȘme quand tu as fait des Ă©tudes de philo, lire Critique de la Raison Pure de Kant va te demander beaucoup dâefforts. Et quand tu nâas jamais fait de philo, il y a tout un monde pour comprendre la terminologie, la syntaxe, le raisonnement. DĂ©jĂ , ça te demande un certain bagage culturel que tout le monde nâa pas forcĂ©ment. MĂȘme quand tu lâas, ça suppose de la rĂ©flexion, de la patience, du recul. Et ça, tu ne peux pas tây soustraire.
Câest pourquoi jâessaye de me mettre dans une position de âtraductriceâ, que ce soit sur Instagram, dans mon podcast ou dans mes projets dâĂ©criture. Ceci dit, ça ne veut pas dire que je vais rendre ça facile. Car on ne peut pas. MĂȘme pour moi qui ai les codes, comprendre un paragraphe dans un texte dâHeidegger peut me prendre tout un aprĂšs-midi. Et pourtant, ça fait dix-sept ans que je fais de la philo. Donc la philosophie est selon moi bien moins accessible que les autres piliers auxquels tu fais rĂ©fĂ©rence.
En revanche, la pensĂ©e est accessible. Et câest ça mon cheval de bataille. MĂȘme si Kant va alimenter ta rĂ©flexion et tâapporter des Ă©clairages nouveaux, tu nâas pas besoin de lâavoir lu pour rĂ©flĂ©chir. Car tu le fais au quotidien, que ce soit quand tu te demandes si tu aimes ton travail, si tu te sens bien dans ton couple, ou si tu dois donner raison ou pas Ă ton ado sur tel sujet. Et aujourdâhui, on se retrouve face Ă de nombreux cas concrets dâĂ©thique liĂ©s au contexte politique, sociologique, Ă©conomique, et bien sĂ»r Ă©cologique. Donc si faire de la philosophie avec des rĂ©fĂ©rences nâest pas trĂšs accessible, la rĂ©flexion lâest beaucoup plus en comparaison.
Justement, ça me rappelle une de tes interviews passĂ©es dans laquelle tu as dit : âLa philosophie, c'est la vie rĂ©elleâ. Et ça mâavait marquĂ©. Seulement, comment sâen rendre compte quand on n'a aucune base thĂ©orique ?
Il y a plusieurs choses. Quand tu prends par exemple toutes les notions de philo Ă connaĂźtre pour le bac, tu rĂ©alises ce sont des concepts que nous rencontrons au quotidien. DĂ©sir, vĂ©ritĂ©, courage, libertĂ© : qui nây a jamais Ă©tĂ© confrontĂ© ? Au fond, ça fait deux mille ans quâon se pose les mĂȘmes questions. Et mĂȘme pour des mouvements plus rĂ©cents comme lâĂ©cologie ou le transhumanisme, les problĂ©matiques de dĂ©part sont les mĂȘmes que pour certaines notions aussi vieilles que lâhumanitĂ©. Donc la premiĂšre chose, câest de prendre conscience de tout cela.
Ensuite, un autre point essentiel câest dâoser. RĂ©cemment, je plaisantais avec une amie sur le fait quâil y a toujours un silence de cathĂ©drale dans les rayons philo des librairies. Contrairement aux romans, on a lâimpression que les gens ont peur dây jeter un Ćil ou pensent que câest rĂ©servĂ© Ă des initiĂ©s qui savent dĂ©jĂ quel livre choisir. Donc il faut selon moi commencer par oser se promener dans lâunivers philosophique, parcourir les titres, regarder les thĂšmes des derniĂšres sorties. Ensuite, il faut oser ouvrir un livre, lire sa quatriĂšme de couverture, ou quelques lignes, ou quelques pages. Et quand tu le fais, tu te rends compte que ce sont tout simplement des livres qui parlent de nous, de notre vie â que ce soit dans la recherche actuelle ou dans la philosophie classique.
Enfin, il faut aussi sâhabituer Ă savoir prendre le temps. Et câest quelque chose quâon a de plus en plus de mal Ă faire Ă une Ă©poque oĂč on est habituĂ©s Ă l'immĂ©diatetĂ©. Mais avec la philo, il faut accepter de ne pas comprendre sur le moment, de devoir relire des phrases voire des paragraphes entiers, de devoir faire des pauses dans sa lecture pour rĂ©flĂ©chir. En ce moment, je prĂ©pare un cours sur la philosophie orientale â un mouvement qui est loin dâĂȘtre mon sujet de prĂ©dilection. Et face aux textes en question, je relis, je souligne, je fais des schĂ©mas, je reviens en arriĂšre, jâutilise un dictionnaire⊠Câest une approche presque corporelle de la lecture : ça implique de mettre les mains dans le cambouis, de dĂ©fricher, dâavancer comme une archĂ©ologue.
Dit comme ça, ça peut avoir lâair ingrat. Sauf que câest passionnant. Et câest pour ça que tu le fais â et que tu y prends du plaisir. Pour reprendre lâexemple de la philosophie orientale, je trouve ça passionnant de dĂ©couvrir dâautres valeurs et systĂšmes de pensĂ©es quâen Occident et de me dire que câest une rĂ©alitĂ© pour un trĂšs grand nombre de gens. Et la raison pour laquelle jâinsiste tant sur le fait dâoser se plonger dans la philo, câest parce que rares sont les personnes qui ont essayĂ© et nâont pas trouvĂ© ça passionnant. Câest ma grande conviction.
Alors bien sĂ»r, ça nâempĂȘche pas de trouver ça dur. Mais sâil est difficile de faire le premier pas, câest Ă©galement difficile selon moi de ne pas tomber dedans une fois que tu as passĂ© le cap. Tu vas trouver des Ă©lĂ©ments de rĂ©ponses Ă des questions comme âpourquoi y a-t-il quelque chose plutĂŽt que rien ?â du cĂŽtĂ© de la mĂ©taphysique, ou âpourquoi je trouve cette Ćuvre belle et que mon pote nâest pas dâaccord avec moi ?â en philosophie de lâart. Jâen fais dâailleurs lâexpĂ©rience tous les jours quand je fais des ateliers philo destinĂ© Ă des enfants.
Justement, je voulais aborder ce sujet avec toi. Mais avant ça, je voulais juste rebondir sur cette notion dâimmĂ©diatetĂ©. Car jâai lâimpression que lâautre ennemi de la philosophie, câest la radicalitĂ©, qui est Ă mes yeux de plus en plus omniprĂ©sente dans notre sociĂ©tĂ©. On le voit notamment dans les opinions et discours, qui sont adaptĂ©s aux codes de lâinformation en continu et des rĂ©seaux sociaux. Or, cette recherche dâinstantanĂ©itĂ© et de radicalitĂ© est Ă mille lieues de la philosophie, qui va davantage ĂȘtre dans le recul et la nuance. Et jâai lâimpression que câest un combat aux airs de David contre Goliath. Alors dans un tel contexte, comment la philosophie peut-elle sâimposer aujourdâhui ?
Je ne suis pas convaincue que la philo ait pour vocation de sâimposer au sein dâune sociĂ©tĂ©. Il faut aussi se dire que câest une discipline qui existe depuis plus de deux mille ans. Et je pense que tant quâil y aura des humains sur Terre, alors la philo continuera Ă exister et Ă Ă©voluer. On ne peut pas non plus inciter les gens Ă devenir philosophe.
Ceci dit, jâobserve Ă mon Ă©chelle un mouvement qui tend vers ça. Par exemple, je nâai jamais autant eu de sollicitations (notamment de la presse) que pendant le confinement. Dans des situations dâincertitude totale voire de sidĂ©ration, beaucoup vont choisir de se tourner vers les disciplines de la pensĂ©e. Il y a eu un vrai besoin philosophique de rĂ©flĂ©chir et prendre du recul sur ce qui nous est arrivĂ©.
Et mĂȘme sur des questions purement sanitaires, les questions et rĂ©flexions qui se sont opposĂ©es Ă©taient issues de visions philosophiques diffĂ©rentes dâautrui et de la sociĂ©tĂ©. Et si lâimmĂ©diatetĂ© et la radicalitĂ© sont plus inscrites dans les mĆurs de lâĂ©poque que la philo, on y revient trĂšs vite dĂšs que lâon fait face Ă une situation de crise â mĂȘme si on ne garde pas forcĂ©ment cette habitude une fois que le contexte va mieux.
Oui, câest un phĂ©nomĂšne que tu as dĂ» voir de trĂšs prĂšs avec Philosophy is Sexy. Et comme tu lâĂ©voquais plus tĂŽt, tu donnes des cours non seulement Ă des adultes mais aussi Ă des enfants. Quelles sont les diffĂ©rences les plus marquantes de rĂ©ceptivitĂ© Ă la philosophie entre ces deux classes dâĂąge ?Â
En six ans, jâai créé trois Ă©coles Montessori Ă Marseille, Paris et Clichy â ce qui me permet dâavoir un peu de recul sur la question. Et selon moi, la diffĂ©rence majeure est que les enfants ont une Ă©vidence philosophique beaucoup plus dĂ©veloppĂ©e que les adultes. Ă six ans, un enfant est un ĂȘtre mĂ©taphysique : il pose un regard dâĂ©tonnement sur le monde et se pose des questions philosophiques au quotidien. Le beau est-il universel ? Pourquoi nos goĂ»ts sont-ils diffĂ©rents ? Peut-on rester en vie par le souvenir ?
La philosophie est trĂšs intuitive pour lâenfant, dans la mesure oĂč il est habituĂ© Ă ĂȘtre dans la sphĂšre de la rĂ©flexion et non de la rĂ©solution. Ă cĂŽtĂ© de ça, lâadulte a perdu lâhabitude de la curiositĂ© ainsi que son regard dâĂ©tonnement. Sortir de ses propres schĂ©mas idĂ©ologiques demande de vrais efforts. Câest un constat qui est Ă©galement valable pour les Ă©lĂšves de terminales, qui ont eux aussi construit des valeurs qui les rassurent⊠et quâils vont avoir du mal Ă malmener. Câest totalement diffĂ©rent pour un enfant, qui nâest pas encore passĂ© par cette Ă©tape et sera plus susceptible de poser spontanĂ©ment des questions comme âcâest quoi la mort ?â.
En définitive, que peut-on apprendre des enfants sur le volet philosophique ?
Ătre au contact dâenfants te donne profondĂ©ment confiance en la sociĂ©tĂ©. Chaque jour je suis impressionnĂ©e par leur sens des responsabilitĂ©s, leur conscience Ă©cologique, leur ouverture dâesprit sur des thĂ©matiques comme lâautre, le genre et la diversitĂ©. Je suis convaincue que si on leur laisse suffisamment de marge de manĆuvre, ils sauront faire Ă©voluer la sociĂ©tĂ© dans le bon sens. Et en tant quâadultes, on aurait Ă©normĂ©ment Ă gagner en abandonnant notre pessimisme nihiliste pour adopter leur regard dâĂ©tonnement et de curiositĂ©. Pour moi, cela nous donnerait lâĂ©lan fondamental dont nous avons besoin pour passer Ă lâaction.
Tu parles dâaction et ça mâĂ©voque un terme qui semble te tenir Ă cĆur : le fameux âpas de cĂŽtĂ©â. Philosophy is Sexy a commencĂ© comme un journal intime que tu publies sur Instagram. Et je tâai dĂ©jĂ entendue en interview dire que lâĂ©criture a Ă©tĂ© ton pas de cĂŽtĂ© Ă toi. Je trouve que ce terme illustre parfaitement le lien que tu fais entre philosophie et action. Ce qui mâĂ©voquait une question : comment trouver le pas de cĂŽtĂ© qui nous correspond ?
Pour moi, le plus important câest de ne pas consommer sa journĂ©e. C'est se rendre compte quâon ne peut pas seulement rester dans le âfaireâ. On ne peut pas uniquement se cantonner Ă la productivitĂ©, Ă la performance et Ă l'exĂ©cution. Car si câest le cas, alors on risque tout dâabord de sâen lasser pour la raison quâon est dĂ©vorĂ© par ça. Et câest dommage quand cela concerne des choses que lâon aime faire.
Mais surtout, on va sâabĂźmer. Et câest justement ce qui arrive quand on nâa pas trouvĂ© son pas de cĂŽtĂ©, que jâaime dĂ©crire comme une respiration dans sa journĂ©e. Pour moi ça a Ă©tĂ© lâĂ©criture, mais ça peut aussi ĂȘtre faire du sport, cuisiner ou simplement sâallonger. Lâessentiel, câest de sortir son esprit du âfaireâ et des cases Ă cocher dans sa journĂ©e.
Et moi qui travaille Ă©normĂ©ment, je suis bien placĂ©e pour savoir que ça peut ĂȘtre trĂšs tentant de ne pas sâarrĂȘter quand on est dans une logique de productivitĂ©. Sauf que câest contre-productif. Tout dâabord parce quâon finit par faire nâimporte quoi Ă force dâenchaĂźner, mais aussi parce que câest prĂ©cisĂ©ment ce qui tâamĂšne Ă perdre le sens de ce que tu fais. Donc je pense que la clĂ©, câest de veiller Ă avoir ses moments de respiration dans sa journĂ©e.Â
En soi, ça revient Ă ne pas se faire consommer soi-mĂȘme par sa journĂ©e. Quant Ă ton pas de cĂŽtĂ© Ă toi, il sâest traduit par la publication de trois livres ces derniĂšres annĂ©es. Si les deux premiers, Kant tu ne sais plus quoi faire il te reste la philo (2018) et Descartes pour les jours de doute (2019), traitent dâapplications concrĂštes de la philosophie au quotidien, tu tâes davantage aventurĂ©e dans la fiction avec Le Voyage de PĂ©nĂ©lope (2020). Quâest-ce qui tâa fait aller dans cette direction ?
Une grande partie de ma thĂšse portait sur notre besoin de narrations. Cela mâa sensibilisĂ© au rĂŽle central de lâĂ©criture fictionnelle pour aborder des concepts philosophiques. Dans mes deux premiers livres, il y a Ă©galement toute une partie qui est de lâordre de lâinvention et du rĂ©cit. Et si jâai voulu aller plus loin dans lâĂ©criture romanesque, câest parce que je trouve plus de plaisir dans la libertĂ© de crĂ©er un univers et ses personnages. Plus que lâĂ©criture essayiste, le recours Ă lâimagination mâaide Ă dĂ©velopper davantage les concepts philosophiques au cĆur de mes livres.
Dans Le Voyage de PĂ©nĂ©lope, jâai trouvĂ© ça trĂšs stimulant dâimaginer quâun personnage aussi statique, qui attend Ulysse pendant vingt ans, puisse Ă son tour partir. Pour moi, LâOdyssĂ©e dâHomĂšre est un texte universel, avec une multitude de portes dâentrĂ©e diffĂ©rentes â que ce soit dâun point de vue philosophique, romanesque ou poĂ©tique. Dans mon livre, jâai voulu lui crĂ©er sa propre odyssĂ©e, Ă la fois dans son histoire personnelle que dans lâhistoire de la pensĂ©e, puisquâelle est amenĂ©e Ă voyager dans les grandes villes de la philosophie.Â
Et alors, mon petit doigt mâa dit que tu Ă©tais en pleine Ă©criture dâun nouveau livre. Tu accepterais de mâen dire plus ?
En fait, ce sera le second volet du Voyage de PĂ©nĂ©lope et il sâappellera Les Chemins du Possible. MĂȘme si lâhistoire se passe cinq ans plus tard, ce ne sera pas une suite directe et les deux livres pourront se lire indĂ©pendamment. On retrouvera donc le personnage de PĂ©nĂ©lope qui sâest affranchie de sa vie amoureuse, de sa famille, mais aussi de son pays. La grande question que je pose dans ce nouveau roman, câest âĂ quoi donne-t-on naissance ?â.
Et les rĂ©ponses vont se trouver du cĂŽtĂ© des villes qui ont fait lâhistoire de la philo, notamment au XXĂšme siĂšcle, avec des courants de pensĂ©e qui se sont justement demandĂ© Ă quoi on pouvait donner naissance dans le chaos. Enfin, on retrouvera dâautres personnages comme celui de ShĂ©hĂ©razade des Mille et une Nuits. Cela me tenait Ă cĆur de me mettre dans la tĂȘte de figures aussi importantes de la littĂ©rature et dâen faire des gens comme nous, avec des questionnements philosophiques que lâon peut soi-mĂȘme avoir au quotidien.
En voilĂ un beau teaser ! On arrive Ă la fin de notre interview, que jâai vraiment adorĂ©e. Je te souhaite bon courage pour lâĂ©criture de ce nouveau livre et te remercie encore dâavoir pris le temps de rĂ©pondre Ă mes questions. Ă bientĂŽt Marie !
Les 4 livres de philosophie qui ont le plus influencé Marie :
Le Tractatus logico-philosophicus â Ludwig Wittgenstein : âCar câest le livre qui m'a donnĂ© le goĂ»t de la philo.â
MĂ©moire d'une jeune fille rangĂ©e â Simone de Beauvoir : âUn regard fascinant sur soi-mĂȘme.â
AccĂ©lĂ©ration â Hartmut Rosa : âUne critique sociale du temps pour comprendre nos sociĂ©tĂ©s obsĂ©dĂ©es par la vitesse.â
La Divine ComĂ©die â Dante Alighieri : âCar il contient le monde entier.â
đźÂ KNOWLEDGE IS POWER⊠Maintenant vous savez !
PassĂ©. PrĂ©sent. Futur. Ăcriture.
Porteur dâHistoire : Saviez-vous quâIsaac Asimov, lâauteur de Fondation, avait un jour Ă©crit pour le New Yorker une critique du chef-dâĆuvre de George Orwell, 1984 ? Moi non-plus. JusquâĂ ce que je tombe sur ce trĂ©sor dâarchive qui date de 1980 et retrace trois dĂ©cennies dâhistoire analysĂ©es par le prisme de la science-fiction. Un rĂ©gal.
Ăloge de la spĂ©culation : Oui, câest possible. Et si lâinterview de Jackson Dame sur les NFT vous a donnĂ© des idĂ©es, alors pensez Ă prendre vos responsabilitĂ©s. Aussi court que brillant, cet excellent essai du co-fondateur de Zora, Jacob Horne, est un petit bijou de rhĂ©torique sur le sujet.
D(A)O Your Own Research : Les Ă©ditions de PWA consacrĂ©es Ă la crypto (cf. #38 et #42) ont mentionnĂ© le terme de âDAOâ. Si vous ĂȘtes dans la gestion de communautĂ©s, je vous recommande vivement de vous renseigner sur ces nouvelles âorganisations autonomes dĂ©centralisĂ©esâ. Le mĂ©dia de rĂ©fĂ©rence sur les musiques Ă©lectroniques Resident Advisor vient justement de publier un long format sur lâune de ces clubs virtuels les plus emblĂ©matiques : Friends With Benefits.
BoĂźte noire : Câest la mĂ©taphore de lâauteur George Saunders pour dĂ©crire la construction dâune histoire. Et il y a des chances que cette belle leçon dâĂ©criture en vidĂ©o vous donne envie dâen crĂ©er. Ou au moins, dây songer.
đŁÂ PETITES ANNONCES⊠Missions freelances & CDI
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Livi aussi !
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đŁÂ MEANWHILE⊠Lâactu de la communautĂ©
Et vous, ils ressemblent Ă quoi vos projets du moment ? Ăcrivez-moi pour mâen parler et apparaĂźtre dans la prochaine Ă©dition : benjamin.perrin.pro@gmail.com
Vanina mâa interviewĂ© Ă la croisĂ©e des chemins.
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DERNIĂRE CHOSEâŠ
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Et pourtant, câest toujours un vrai plaisir que de lire des retours enthousiasmĂ©s de personnes qui ont passĂ© un bon moment en me lisant. Et si ça peut inspirer quelquâun de votre entourage Ă sâintĂ©resser Ă de nouveaux sujets, Ă lancer un petit projet Ă cĂŽtĂ© de son activitĂ©, voire Ă prendre la plume, alors câest gagnĂ©.
Un grand merci pour tout,
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