Plumes With Attitude

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La philosophie dans le perchoir
plumeswithattitude.substack.com

La philosophie dans le perchoir

PWA #43 avec Marie Robert

Benjamin Perrin
Sep 22, 2021
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Cette fois-ci, c’est la bonne : Plumes With Attitude a deux ans ! 🩚🎂

Et au cours de ces deux annĂ©es pour le moins mouvementĂ©es, je suis heureux d’avoir Ă©tabli cette newsletter comme une vraie constante dans ma vie.

Ça fait vingt-quatre mois que je m’arrache les cheveux Ă  savoir qui seront mes prochains invitĂ©s, que je cours aprĂšs les demandes de contacts et dates d’interviews, que je stresse (souvent) pour rĂ©ussir le bouclage Ă  temps


Et le pire, c’est que j’adore ça.

Car ça fait aussi vingt-quatre mois que je rencontre de nouvelles plumes et dĂ©couvre leurs projets, que je creuse des sujets chaque fois diffĂ©rents avec mes invitĂ©s, que je ne compte pas mes heures passĂ©es sur cette newsletter. Comme le dirait notre nouvelle invitĂ©e, Plumes With Attitude est mon “pas de cĂŽtĂ©â€, ma respiration dans la journĂ©e.

Et je suis heureux de pouvoir compter sur une aussi belle communautĂ© de lecteurs — qu’ils soient nouveaux ou fidĂšles de la premiĂšre heure — avec qui la partager. Alors un grand merci Ă  vous !

Je vous souhaite une bonne lecture,

Benjamin

Plumes With Attitude est une newsletter sur l’écriture sous toutes ses formes. Si vous avez envie de suivre cette publication, abonnez-vous pour recevoir les prochaines Ă©ditions.


🎙 INTERVIEW
 Marie Robert (Philosophy is Sexy)

À chaque newsletter, je vous propose de dĂ©couvrir le portrait et les idĂ©es d’une vĂ©ritable plume “With Attitude”. Aujourd’hui, j’ai l’immense plaisir d’accueillir Marie Robert, la crĂ©atrice de la cĂ©lĂšbre page Instagram @philosophyissexy devenue un mĂ©dia Ă  part entiĂšre, qui est aussi romanciĂšre et Ă  l’origine de trois Ă©coles Montessori. Autant dire que je ne pouvais pas trouver meilleure plume pour croiser les thĂšmes de l’écriture et de la philosophie.

Crédits photo : Pascal Ito © Flammarion

Salut Marie et merci d’avoir rĂ©pondu Ă  l’invitation ! Ça me fait vraiment plaisir de te recevoir et de consacrer une Ă©dition Ă  la philosophie. J’aime souvent commencer mes interviews par les mots que choisissent mes invitĂ©s pour leurs projets. Alors je me demandais : d’oĂč vient ce terme de “Philosophy is Sexy” ?

Ça remonte Ă  une quinzaine d’annĂ©es, soit bien avant que je lance mon projet. J'Ă©tais encore en fac de philosophie Ă  la Sorbonne. Et il se trouve que j'avais lancĂ© une revue de philosophie analytique avec mes copines de fac. C’est un courant anglo-saxon qui repose beaucoup sur la logique. Autant dire que si la philo a dĂ©jĂ  une image assez rĂ©barbative, la philosophie analytique est tout sauf sexy (rires).

Et alors qu’on prĂ©sentait cette revue Ă  un colloque en Suisse, on a dĂ» crĂ©er une affiche pour notre stand — et donc trouver un nom. Le terme de “Philosophy is Sexy” m’est venu alors que je cherchais Ă  prendre le contrepied de l’image qu’on pouvait avoir de notre sujet. Et ce slogan est devenu la base de toute ma rĂ©flexion, notamment lorsque j’ai créé le compte Instagram.

Au-delĂ  du cĂŽtĂ© amusant, c’est devenu une Ă©vidence pour moi. Car je trouve qu’il n’y a rien de plus sexy, de plus excitant, de plus dĂ©sirable que d’utiliser notre cerveau pour analyser, raisonner et mettre le monde en perspective. À mes yeux, c’est ce que nous avons de plus prĂ©cieux.

Ce que je trouve assez fou, c’est que ça me semble un pilier essentiel d’une vie Ă©quilibrĂ©e, aux cĂŽtĂ©s d’élĂ©ments comme l’activitĂ© physique, une alimentation saine ou encore le sommeil — tous trois assez “glamourisĂ©s” aujourd’hui. Comment expliques-tu que la perception de la philosophie ne soit pas au mĂȘme niveau que ces autres piliers ?

C’est selon moi une question de difficultĂ©. On peut dormir plus ou moins facilement, on peut se mettre au sport en faisant un peu d’exercice dans son salon. Il y a pour ces piliers une certaine notion d’accessibilitĂ©, lĂ  oĂč la philosophie est plutĂŽt vue comme intimidante, bourgeoise et snob. Quand tu prends un texte de philosophie (et notamment de philosophie classique), le degrĂ© de comprĂ©hension est tout sauf Ă©vident. MĂȘme quand tu as fait des Ă©tudes de philo, lire Critique de la Raison Pure de Kant va te demander beaucoup d’efforts. Et quand tu n’as jamais fait de philo, il y a tout un monde pour comprendre la terminologie, la syntaxe, le raisonnement. DĂ©jĂ , ça te demande un certain bagage culturel que tout le monde n’a pas forcĂ©ment. MĂȘme quand tu l’as, ça suppose de la rĂ©flexion, de la patience, du recul. Et ça, tu ne peux pas t’y soustraire.

C’est pourquoi j’essaye de me mettre dans une position de “traductrice”, que ce soit sur Instagram, dans mon podcast ou dans mes projets d’écriture. Ceci dit, ça ne veut pas dire que je vais rendre ça facile. Car on ne peut pas. MĂȘme pour moi qui ai les codes, comprendre un paragraphe dans un texte d’Heidegger peut me prendre tout un aprĂšs-midi. Et pourtant, ça fait dix-sept ans que je fais de la philo. Donc la philosophie est selon moi bien moins accessible que les autres piliers auxquels tu fais rĂ©fĂ©rence.

En revanche, la pensĂ©e est accessible. Et c’est ça mon cheval de bataille. MĂȘme si Kant va alimenter ta rĂ©flexion et t’apporter des Ă©clairages nouveaux, tu n’as pas besoin de l’avoir lu pour rĂ©flĂ©chir. Car tu le fais au quotidien, que ce soit quand tu te demandes si tu aimes ton travail, si tu te sens bien dans ton couple, ou si tu dois donner raison ou pas Ă  ton ado sur tel sujet. Et aujourd’hui, on se retrouve face Ă  de nombreux cas concrets d’éthique liĂ©s au contexte politique, sociologique, Ă©conomique, et bien sĂ»r Ă©cologique. Donc si faire de la philosophie avec des rĂ©fĂ©rences n’est pas trĂšs accessible, la rĂ©flexion l’est beaucoup plus en comparaison.

Justement, ça me rappelle une de tes interviews passĂ©es dans laquelle tu as dit : “La philosophie, c'est la vie rĂ©elle”. Et ça m’avait marquĂ©. Seulement, comment s’en rendre compte quand on n'a aucune base thĂ©orique ?

Il y a plusieurs choses. Quand tu prends par exemple toutes les notions de philo Ă  connaĂźtre pour le bac, tu rĂ©alises ce sont des concepts que nous rencontrons au quotidien. DĂ©sir, vĂ©ritĂ©, courage, libertĂ© : qui n’y a jamais Ă©tĂ© confrontĂ© ? Au fond, ça fait deux mille ans qu’on se pose les mĂȘmes questions. Et mĂȘme pour des mouvements plus rĂ©cents comme l’écologie ou le transhumanisme, les problĂ©matiques de dĂ©part sont les mĂȘmes que pour certaines notions aussi vieilles que l’humanitĂ©. Donc la premiĂšre chose, c’est de prendre conscience de tout cela.

Ensuite, un autre point essentiel c’est d’oser. RĂ©cemment, je plaisantais avec une amie sur le fait qu’il y a toujours un silence de cathĂ©drale dans les rayons philo des librairies. Contrairement aux romans, on a l’impression que les gens ont peur d’y jeter un Ɠil ou pensent que c’est rĂ©servĂ© Ă  des initiĂ©s qui savent dĂ©jĂ  quel livre choisir. Donc il faut selon moi commencer par oser se promener dans l’univers philosophique, parcourir les titres, regarder les thĂšmes des derniĂšres sorties. Ensuite, il faut oser ouvrir un livre, lire sa quatriĂšme de couverture, ou quelques lignes, ou quelques pages. Et quand tu le fais, tu te rends compte que ce sont tout simplement des livres qui parlent de nous, de notre vie — que ce soit dans la recherche actuelle ou dans la philosophie classique.

Enfin, il faut aussi s’habituer Ă  savoir prendre le temps. Et c’est quelque chose qu’on a de plus en plus de mal Ă  faire Ă  une Ă©poque oĂč on est habituĂ©s Ă  l'immĂ©diatetĂ©. Mais avec la philo, il faut accepter de ne pas comprendre sur le moment, de devoir relire des phrases voire des paragraphes entiers, de devoir faire des pauses dans sa lecture pour rĂ©flĂ©chir. En ce moment, je prĂ©pare un cours sur la philosophie orientale — un mouvement qui est loin d’ĂȘtre mon sujet de prĂ©dilection. Et face aux textes en question, je relis, je souligne, je fais des schĂ©mas, je reviens en arriĂšre, j’utilise un dictionnaire
 C’est une approche presque corporelle de la lecture : ça implique de mettre les mains dans le cambouis, de dĂ©fricher, d’avancer comme une archĂ©ologue.

Dit comme ça, ça peut avoir l’air ingrat. Sauf que c’est passionnant. Et c’est pour ça que tu le fais — et que tu y prends du plaisir. Pour reprendre l’exemple de la philosophie orientale, je trouve ça passionnant de dĂ©couvrir d’autres valeurs et systĂšmes de pensĂ©es qu’en Occident et de me dire que c’est une rĂ©alitĂ© pour un trĂšs grand nombre de gens. Et la raison pour laquelle j’insiste tant sur le fait d’oser se plonger dans la philo, c’est parce que rares sont les personnes qui ont essayĂ© et n’ont pas trouvĂ© ça passionnant. C’est ma grande conviction.

Alors bien sĂ»r, ça n’empĂȘche pas de trouver ça dur. Mais s’il est difficile de faire le premier pas, c’est Ă©galement difficile selon moi de ne pas tomber dedans une fois que tu as passĂ© le cap. Tu vas trouver des Ă©lĂ©ments de rĂ©ponses Ă  des questions comme “pourquoi y a-t-il quelque chose plutĂŽt que rien ?” du cĂŽtĂ© de la mĂ©taphysique, ou “pourquoi je trouve cette Ɠuvre belle et que mon pote n’est pas d’accord avec moi ?” en philosophie de l’art. J’en fais d’ailleurs l’expĂ©rience tous les jours quand je fais des ateliers philo destinĂ© Ă  des enfants.

Justement, je voulais aborder ce sujet avec toi. Mais avant ça, je voulais juste rebondir sur cette notion d’immĂ©diatetĂ©. Car j’ai l’impression que l’autre ennemi de la philosophie, c’est la radicalitĂ©, qui est Ă  mes yeux de plus en plus omniprĂ©sente dans notre sociĂ©tĂ©. On le voit notamment dans les opinions et discours, qui sont adaptĂ©s aux codes de l’information en continu et des rĂ©seaux sociaux. Or, cette recherche d’instantanĂ©itĂ© et de radicalitĂ© est Ă  mille lieues de la philosophie, qui va davantage ĂȘtre dans le recul et la nuance. Et j’ai l’impression que c’est un combat aux airs de David contre Goliath. Alors dans un tel contexte, comment la philosophie peut-elle s’imposer aujourd’hui ?

Je ne suis pas convaincue que la philo ait pour vocation de s’imposer au sein d’une sociĂ©tĂ©. Il faut aussi se dire que c’est une discipline qui existe depuis plus de deux mille ans. Et je pense que tant qu’il y aura des humains sur Terre, alors la philo continuera Ă  exister et Ă  Ă©voluer. On ne peut pas non plus inciter les gens Ă  devenir philosophe.

Ceci dit, j’observe Ă  mon Ă©chelle un mouvement qui tend vers ça. Par exemple, je n’ai jamais autant eu de sollicitations (notamment de la presse) que pendant le confinement. Dans des situations d’incertitude totale voire de sidĂ©ration, beaucoup vont choisir de se tourner vers les disciplines de la pensĂ©e. Il y a eu un vrai besoin philosophique de rĂ©flĂ©chir et prendre du recul sur ce qui nous est arrivĂ©.

Et mĂȘme sur des questions purement sanitaires, les questions et rĂ©flexions qui se sont opposĂ©es Ă©taient issues de visions philosophiques diffĂ©rentes d’autrui et de la sociĂ©tĂ©. Et si l’immĂ©diatetĂ© et la radicalitĂ© sont plus inscrites dans les mƓurs de l’époque que la philo, on y revient trĂšs vite dĂšs que l’on fait face Ă  une situation de crise — mĂȘme si on ne garde pas forcĂ©ment cette habitude une fois que le contexte va mieux.

Oui, c’est un phĂ©nomĂšne que tu as dĂ» voir de trĂšs prĂšs avec Philosophy is Sexy. Et comme tu l’évoquais plus tĂŽt, tu donnes des cours non seulement Ă  des adultes mais aussi Ă  des enfants. Quelles sont les diffĂ©rences les plus marquantes de rĂ©ceptivitĂ© Ă  la philosophie entre ces deux classes d’ñge ? 

En six ans, j’ai créé trois Ă©coles Montessori Ă  Marseille, Paris et Clichy — ce qui me permet d’avoir un peu de recul sur la question. Et selon moi, la diffĂ©rence majeure est que les enfants ont une Ă©vidence philosophique beaucoup plus dĂ©veloppĂ©e que les adultes. À six ans, un enfant est un ĂȘtre mĂ©taphysique : il pose un regard d’étonnement sur le monde et se pose des questions philosophiques au quotidien. Le beau est-il universel ? Pourquoi nos goĂ»ts sont-ils diffĂ©rents ? Peut-on rester en vie par le souvenir ?

La philosophie est trĂšs intuitive pour l’enfant, dans la mesure oĂč il est habituĂ© Ă  ĂȘtre dans la sphĂšre de la rĂ©flexion et non de la rĂ©solution. À cĂŽtĂ© de ça, l’adulte a perdu l’habitude de la curiositĂ© ainsi que son regard d’étonnement. Sortir de ses propres schĂ©mas idĂ©ologiques demande de vrais efforts. C’est un constat qui est Ă©galement valable pour les Ă©lĂšves de terminales, qui ont eux aussi construit des valeurs qui les rassurent
 et qu’ils vont avoir du mal Ă  malmener. C’est totalement diffĂ©rent pour un enfant, qui n’est pas encore passĂ© par cette Ă©tape et sera plus susceptible de poser spontanĂ©ment des questions comme “c’est quoi la mort ?”.

En dĂ©finitive, que peut-on apprendre des enfants sur le volet philosophique ?

Être au contact d’enfants te donne profondĂ©ment confiance en la sociĂ©tĂ©. Chaque jour je suis impressionnĂ©e par leur sens des responsabilitĂ©s, leur conscience Ă©cologique, leur ouverture d’esprit sur des thĂ©matiques comme l’autre, le genre et la diversitĂ©. Je suis convaincue que si on leur laisse suffisamment de marge de manƓuvre, ils sauront faire Ă©voluer la sociĂ©tĂ© dans le bon sens. Et en tant qu’adultes, on aurait Ă©normĂ©ment Ă  gagner en abandonnant notre pessimisme nihiliste pour adopter leur regard d’étonnement et de curiositĂ©. Pour moi, cela nous donnerait l’élan fondamental dont nous avons besoin pour passer Ă  l’action.

Tu parles d’action et ça m’évoque un terme qui semble te tenir Ă  cƓur : le fameux “pas de cĂŽtĂ©â€. Philosophy is Sexy a commencĂ© comme un journal intime que tu publies sur Instagram. Et je t’ai dĂ©jĂ  entendue en interview dire que l’écriture a Ă©tĂ© ton pas de cĂŽtĂ© Ă  toi. Je trouve que ce terme illustre parfaitement le lien que tu fais entre philosophie et action. Ce qui m’évoquait une question : comment trouver le pas de cĂŽtĂ© qui nous correspond ?

Pour moi, le plus important c’est de ne pas consommer sa journĂ©e. C'est se rendre compte qu’on ne peut pas seulement rester dans le “faire”. On ne peut pas uniquement se cantonner Ă  la productivitĂ©, Ă  la performance et Ă  l'exĂ©cution. Car si c’est le cas, alors on risque tout d’abord de s’en lasser pour la raison qu’on est dĂ©vorĂ© par ça. Et c’est dommage quand cela concerne des choses que l’on aime faire.

Mais surtout, on va s’abĂźmer. Et c’est justement ce qui arrive quand on n’a pas trouvĂ© son pas de cĂŽtĂ©, que j’aime dĂ©crire comme une respiration dans sa journĂ©e. Pour moi ça a Ă©tĂ© l’écriture, mais ça peut aussi ĂȘtre faire du sport, cuisiner ou simplement s’allonger. L’essentiel, c’est de sortir son esprit du “faire” et des cases Ă  cocher dans sa journĂ©e.

Et moi qui travaille Ă©normĂ©ment, je suis bien placĂ©e pour savoir que ça peut ĂȘtre trĂšs tentant de ne pas s’arrĂȘter quand on est dans une logique de productivitĂ©. Sauf que c’est contre-productif. Tout d’abord parce qu’on finit par faire n’importe quoi Ă  force d’enchaĂźner, mais aussi parce que c’est prĂ©cisĂ©ment ce qui t’amĂšne Ă  perdre le sens de ce que tu fais. Donc je pense que la clĂ©, c’est de veiller Ă  avoir ses moments de respiration dans sa journĂ©e. 

En soi, ça revient Ă  ne pas se faire consommer soi-mĂȘme par sa journĂ©e. Quant Ă  ton pas de cĂŽtĂ© Ă  toi, il s’est traduit par la publication de trois livres ces derniĂšres annĂ©es. Si les deux premiers, Kant tu ne sais plus quoi faire il te reste la philo (2018) et Descartes pour les jours de doute (2019), traitent d’applications concrĂštes de la philosophie au quotidien, tu t’es davantage aventurĂ©e dans la fiction avec Le Voyage de PĂ©nĂ©lope (2020). Qu’est-ce qui t’a fait aller dans cette direction ?

Une grande partie de ma thĂšse portait sur notre besoin de narrations. Cela m’a sensibilisĂ© au rĂŽle central de l’écriture fictionnelle pour aborder des concepts philosophiques. Dans mes deux premiers livres, il y a Ă©galement toute une partie qui est de l’ordre de l’invention et du rĂ©cit. Et si j’ai voulu aller plus loin dans l’écriture romanesque, c’est parce que je trouve plus de plaisir dans la libertĂ© de crĂ©er un univers et ses personnages. Plus que l’écriture essayiste, le recours Ă  l’imagination m’aide Ă  dĂ©velopper davantage les concepts philosophiques au cƓur de mes livres.

Dans Le Voyage de PĂ©nĂ©lope, j’ai trouvĂ© ça trĂšs stimulant d’imaginer qu’un personnage aussi statique, qui attend Ulysse pendant vingt ans, puisse Ă  son tour partir. Pour moi, L’OdyssĂ©e d’HomĂšre est un texte universel, avec une multitude de portes d’entrĂ©e diffĂ©rentes — que ce soit d’un point de vue philosophique, romanesque ou poĂ©tique. Dans mon livre, j’ai voulu lui crĂ©er sa propre odyssĂ©e, Ă  la fois dans son histoire personnelle que dans l’histoire de la pensĂ©e, puisqu’elle est amenĂ©e Ă  voyager dans les grandes villes de la philosophie. 

Et alors, mon petit doigt m’a dit que tu Ă©tais en pleine Ă©criture d’un nouveau livre. Tu accepterais de m’en dire plus ?

En fait, ce sera le second volet du Voyage de PĂ©nĂ©lope et il s’appellera Les Chemins du Possible. MĂȘme si l’histoire se passe cinq ans plus tard, ce ne sera pas une suite directe et les deux livres pourront se lire indĂ©pendamment. On retrouvera donc le personnage de PĂ©nĂ©lope qui s’est affranchie de sa vie amoureuse, de sa famille, mais aussi de son pays. La grande question que je pose dans ce nouveau roman, c’est “à quoi donne-t-on naissance ?”.

Et les rĂ©ponses vont se trouver du cĂŽtĂ© des villes qui ont fait l’histoire de la philo, notamment au XXĂšme siĂšcle, avec des courants de pensĂ©e qui se sont justement demandĂ© Ă  quoi on pouvait donner naissance dans le chaos. Enfin, on retrouvera d’autres personnages comme celui de ShĂ©hĂ©razade des Mille et une Nuits. Cela me tenait Ă  cƓur de me mettre dans la tĂȘte de figures aussi importantes de la littĂ©rature et d’en faire des gens comme nous, avec des questionnements philosophiques que l’on peut soi-mĂȘme avoir au quotidien.

En voilĂ  un beau teaser ! On arrive Ă  la fin de notre interview, que j’ai vraiment adorĂ©e. Je te souhaite bon courage pour l’écriture de ce nouveau livre et te remercie encore d’avoir pris le temps de rĂ©pondre Ă  mes questions. À bientĂŽt Marie !

Les 4 livres de philosophie qui ont le plus influencé Marie :

  • Le Tractatus logico-philosophicus — Ludwig Wittgenstein : “Car c’est le livre qui m'a donnĂ© le goĂ»t de la philo.”

  • MĂ©moire d'une jeune fille rangĂ©e — Simone de Beauvoir : “Un regard fascinant sur soi-mĂȘme.”

  • AccĂ©lĂ©ration — Hartmut Rosa : “Une critique sociale du temps pour comprendre nos sociĂ©tĂ©s obsĂ©dĂ©es par la vitesse.”

  • La Divine ComĂ©die — Dante Alighieri : “Car il contient le monde entier.”


🔼 KNOWLEDGE IS POWER
 Maintenant vous savez !

PassĂ©. PrĂ©sent. Futur. Écriture.

Porteur d’Histoire : Saviez-vous qu’Isaac Asimov, l’auteur de Fondation, avait un jour Ă©crit pour le New Yorker une critique du chef-d’Ɠuvre de George Orwell, 1984 ? Moi non-plus. Jusqu’à ce que je tombe sur ce trĂ©sor d’archive qui date de 1980 et retrace trois dĂ©cennies d’histoire analysĂ©es par le prisme de la science-fiction. Un rĂ©gal.

Éloge de la spĂ©culation : Oui, c’est possible. Et si l’interview de Jackson Dame sur les NFT vous a donnĂ© des idĂ©es, alors pensez Ă  prendre vos responsabilitĂ©s. Aussi court que brillant, cet excellent essai du co-fondateur de Zora, Jacob Horne, est un petit bijou de rhĂ©torique sur le sujet.

D(A)O Your Own Research : Les Ă©ditions de PWA consacrĂ©es Ă  la crypto (cf. #38 et #42) ont mentionnĂ© le terme de “DAO”. Si vous ĂȘtes dans la gestion de communautĂ©s, je vous recommande vivement de vous renseigner sur ces nouvelles “organisations autonomes dĂ©centralisĂ©es”. Le mĂ©dia de rĂ©fĂ©rence sur les musiques Ă©lectroniques Resident Advisor vient justement de publier un long format sur l’une de ces clubs virtuels les plus emblĂ©matiques : Friends With Benefits.

BoĂźte noire : C’est la mĂ©taphore de l’auteur George Saunders pour dĂ©crire la construction d’une histoire. Et il y a des chances que cette belle leçon d’écriture en vidĂ©o vous donne envie d’en crĂ©er. Ou au moins, d’y songer.


🎣 PETITES ANNONCES
 Missions freelances & CDI

Pour relayer une mission freelance ou une offre en CDI : benjamin.perrin.pro@gmail.com

  • PayFit recrute un(e) UX Writer.

  • Livi aussi !

  • BlaBlaCar cherche un(e) Content Designer.

  • Paris 2024 recrute un(e) Community Manager.

  • Bling recherche un(e) Copywriter.

  • Skello recrute un(e) Senior Content Manager.

  • France TV recherche un(e) RĂ©dacteur-trice en Chef Adjoint.

  • Brickstone cherche une plume freelance pour son site → thibault@brickstone.fr


🗣 MEANWHILE
 L’actu de la communautĂ©

Et vous, ils ressemblent Ă  quoi vos projets du moment ? Ă‰crivez-moi pour m’en parler et apparaĂźtre dans la prochaine Ă©dition : benjamin.perrin.pro@gmail.com

  • Vanina m’a interviewĂ© Ă  la croisĂ©e des chemins.

  • Jean-François revisite les AnnĂ©es Folles Ă  la sauce Internet.

  • Lauren parle de tempĂȘte solaire sur Nova.

  • Thomas part Ă  l’aventure avec le crowdfunding de Recto Verso.

  • Marianne interviewe les avocats sur leur “premiĂšre fois” en podcast.

  • Hugo veut nous faire croquer le parc Montsouris comme jamais.

  • Manon annonce un podcast sur les Troubles du Comportement Alimentaire.

  • Hans documente par newsletter la construction d’une moto Ă©lectrique.


DERNIÈRE CHOSE


Je ne le demande pas souvent, mais je vais le faire pour les deux ans. Si vous tenez à me faire un petit cadeau qui m’ira droit au cƓur, alors partagez la newsletter. Par manque de temps mais aussi par choix, je ne fais pas beaucoup d’efforts pour aller chercher de nouveaux lecteurs.

Et pourtant, c’est toujours un vrai plaisir que de lire des retours enthousiasmĂ©s de personnes qui ont passĂ© un bon moment en me lisant. Et si ça peut inspirer quelqu’un de votre entourage Ă  s’intĂ©resser Ă  de nouveaux sujets, Ă  lancer un petit projet Ă  cĂŽtĂ© de son activitĂ©, voire Ă  prendre la plume, alors c’est gagnĂ©.

Un grand merci pour tout,

May the words be with you,

Benjamin

P.S : Retrouvez toutes les newsletters prĂ©cĂ©dentes dans l’archive de Plumes With Attitude. Et si vous avez aimĂ© cette Ă©dition, n’hĂ©sitez pas Ă  la partager autour de vous, ainsi qu’à vous abonner pour recevoir les suivantes par e-mail.

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