On dit souvent que le hasard fait bien les choses. Si bien quâun simple tweet peut conduire Ă des rencontres inespĂ©rĂ©es. Jâen ai eu la preuve cette annĂ©e avec ceci :
Câest Ă la suite de ce drĂŽle de GIF que Li mâa Ă©crit et quâon a commencĂ© Ă discuter. Aujourdâhui, je suis trĂšs fier de vous dire que ma patience a fini par payer et dâavoir lâhonneur de la recevoir en tant quâinvitĂ©e.
Il y a un an, jâaccueillais sa thĂšse sur la passion economy avec beaucoup dâenthousiasme, et aussi avec lâidĂ©e que mon projet de newsletter sâinscrivait dans quelque chose de beaucoup plus grand. Un an plus tard, câest avec une joie non-dissimulĂ©e que je vous invite Ă faire un premier bilan ensemble sur les prĂ©mices de ce nouveau mouvement.
Excellente lecture Ă tous,
Benjamin
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đ INTERVIEWâŠÂ Li Jin, fondatrice dâAtelier Ventures
Ă chaque newsletter, je vous propose de dĂ©couvrir le portrait et les idĂ©es dâune vĂ©ritable plume âWith Attitudeâ. Aujourd'hui, jâai la chance de recevoir Li Jin en tant qu'invitĂ©e de la newsletter. Ce mois-ci marque le premier anniversaire de sa thĂšse autour de la fameuse âpassion economyâ. AprĂšs quatre ans passĂ©s chez Andreessen Horowitz, Li vient de fonder Atelier Ventures, qui a pour vocation dâaccompagner les entrepreneurs qui construisent lâavenir de â vous lâavez devinĂ© â la passion economy.
EnchantĂ© Li et merci beaucoup dâavoir acceptĂ© cette interview ! Câest un vĂ©ritable honneur de te recevoir en invitĂ©e de la newsletter. Pour la petite histoire, jâai créé celle-ci il y a un peu plus dâun an, quelques semaines avant que tu ne donnes vie Ă ce fabuleux concept de passion economy â dont on a beaucoup parlĂ© depuis. Alors pour commencer, peux-tu mâen dire plus sur le contexte dans lequel sâest inscrite la publication de ton premier article sur le sujet ?
Ă lâĂ©poque, cela faisait trois ans que je travaillais dans lâĂ©quipe Consumer chez Andreessen Horowitz [âa16zâ]. En tant que Partner dans un fonds de venture capital, jâai Ă©tĂ© amenĂ©e Ă rencontrer un grand nombre de fondateurs de start-ups de type marketplaces sur un large Ă©ventail de verticales diffĂ©rentes. Ce qui nous intĂ©ressait particuliĂšrement, câest la façon dont les entrepreneurs utilisent un certain nombre de leviers et effets de rĂ©seaux pour connecter une offre et une demande sur un marchĂ© donnĂ©. Quand jâai commencĂ©, lâapproche dominante Ă©tait le modĂšle âUber for Xâ appliquĂ© Ă tous types de prestations, que ce soit dans lâĂ©ducation, le tourisme ou la santĂ©. Le point commun entre tous ces modĂšles, c'Ă©tait de transformer un service donnĂ© en commoditĂ© accessible Ă la demande via un systĂšme de transaction simplifiĂ©. La consĂ©quence directe est une offre uniformisĂ©e, avec des prestations impersonnelles et indiffĂ©renciĂ©es qui ont tendance Ă accĂ©lĂ©rer la concurrence sur un marchĂ©, et donc tirer les prix vers le bas. Si bien quâil est difficile pour les prestataires concernĂ©s de bĂątir une carriĂšre Ă partir sur ces plateformes et que de nombreux individus nây restent que temporairement. Et donc, le gros enjeu pour ces entreprises se situe au niveau de la rĂ©tention de lâoffre et du maintien dâun service de qualitĂ©. Mais au fil des annĂ©es passĂ©es chez a16z, jâai aussi rencontrĂ© de plus en plus dâentrepreneurs qui se sont lancĂ©s sur des marchĂ©s basĂ©s sur des transactions plus complexes. Ceux-ci sâadressent Ă une demande recherchant des prestations personnalisĂ©es et valorisant lâindividualitĂ© des fournisseurs. La clĂ© du succĂšs de ces start-ups nâĂ©tait plus lâuniformitĂ© de lâoffre : câĂ©tait sa richesse, sa diversitĂ©. Et ça mâa semblĂ© Ă la fois plus valorisant et alignĂ© avec un modĂšle de travail en lequel jâavais envie de croire pour lâavenir.
As-tu eu un moment clĂ© qui sâest rĂ©vĂ©lĂ© dĂ©cisif dans lâĂ©laboration de ta thĂšse ?
Je dirais que ce moment a Ă©tĂ© une rĂ©union avec le fondateur dâOutschool. Il sâagit dâune plateforme d'Ă©ducation qui connecte enfants et professeurs dans le cadre de cours en ligne. La vraie diffĂ©rence quâapporte Outschool, câest que les enseignants inscrits sur cette plateforme ont une libertĂ© totale dans lâĂ©laboration de leur programme et se diffĂ©rencient souvent par des cours trĂšs originaux. Je me souviens notamment dâun professeur qui enseignait la physique par le biais du baseball. Mais ce qui mâa le plus marquĂ©, câest que les fondateurs mâont dit quâune grande partie des professeurs inscrits Ă©taient des mĂšres au foyer. Outschool reprĂ©sentait pour elles lâun des rares moyens Ă leur disposition pour gĂ©nĂ©rer en ligne un revenu intĂ©ressant Ă partir de leur formation et de leur crĂ©ativitĂ©. On est donc loin des propositions des services VTC ou de livraison Ă domicile. Et jâai trouvĂ© ça fascinant de dĂ©couvrir une marketplace qui ne pensait pas seulement Ă satisfaire les besoins de la demande, mais aussi â et surtout â Ă apporter une proposition de valeur unique aux acteurs de lâoffre. Câest Ă partir de cette rencontre que jâai commencĂ© Ă rĂ©flĂ©chir aux fondations de ce que jâallais appeler âpassion economyâ : une façon de monĂ©tiser ses talents plus Ă©panouissante et enrichissante, aussi bien pour lâoffre que pour la demande.
Et pourquoi avoir choisi le mot âpassionâ plutĂŽt quâun autre pour illustrer cette nouvelle Ă©conomie ?
Je suis convaincue quâon a tous une part de crĂ©ativitĂ© en nous et quâon a tous envie de la dĂ©velopper Ă notre façon. Dâune certaine façon, câest la mĂȘme chose pour la passion : câest une notion qui nous inspire, et aussi quelque chose que lâon veut dans notre vie. Aujourdâhui, on peut tous Ă©changer en ligne autour de sujets qui nous passionnent et laisser notre crĂ©ativitĂ© sâexprimer Ă grande Ă©chelle. CâĂ©tait impossible auparavant, et les seules personnes auxquelles on pouvait sâadresser devaient se trouver Ă proximitĂ©. LâĂ©mergence de nombreuses plateformes a facilitĂ© la monĂ©tisation de ses crĂ©ations et permis Ă des individus de vivre de leur passion. Et ça ne fait que commencer. Pour en revenir au choix du mot, je nâai pas choisi âpassionâ par hasard. La littĂ©rature ayant longtemps occupĂ© une place trĂšs particuliĂšre dans ma vie, je suis devenue trĂšs attentive aux mots que jâemploie. Et ce qui lie selon moi la passion Ă cette nouvelle Ă©conomie crĂ©ative, câest cette idĂ©e dâĂ©panouissement qui en dĂ©coule et qui est selon moi une composante du bonheur. Câest peut-ĂȘtre idĂ©aliste de ma part, mais je suis trĂšs optimiste sur le fait que ce mouvement peut apporter beaucoup de joies aux individus.
Et il y a de nombreuses raisons de lâĂȘtre ! Dâune certaine façon, la passion economy telle que tu la dĂ©finis emprunte de nombreux codes au monde de lâart, avec ses mĂ©tiers Ă vocation. Jâai dâailleurs appris que câest un univers qui tâest assez familier. ConsidĂšres-tu quâil a pu influencer ta thĂšse ?
Câest trĂšs probable. Tout dâabord, les industries crĂ©atives regorgent de gens qui sont passionnĂ©s par leur mĂ©tier. Et dans le monde de lâart en particulier, nombreux sont ceux qui choisissent la passion plutĂŽt que la rĂ©munĂ©ration. Le parallĂšle va se retrouver selon moi au niveau de lâexpression de lâimagination et de la crĂ©ativitĂ© dâune personne. Les produits issus de la passion economy ont quelque chose dâunique. Tout comme une Ćuvre dâart est rĂ©vĂ©latrice de la personnalitĂ© de lâartiste, ceux-ci vont reflĂ©ter la personnalitĂ© de leur crĂ©ateur. Et cette dimension identitaire compte beaucoup dans lâĂ©panouissement des individus. Cela vient dâailleurs sâinscrire en opposition directe Ă lâapproche âUber for Xâ qui a cette tendance Ă considĂ©rer un prestataire comme une commoditĂ©.Â
Ce que je trouve Ă©tonnant, câest que suivre sa passion est un conseil souvent considĂ©rĂ© comme Ă double tranchant. Je pense notamment Ă cette citation de Scott Galloway, qui considĂšre que âceux qui nous encouragent Ă vivre de leur passion sont dĂ©jĂ richesâ. Il y a aussi Cal Newport qui a thĂ©orisĂ© le concept de âpassion trapâ. De ton cĂŽtĂ©, quel est ton point de vue sur la question ?
Je ne pense pas quâavoir un travail qui te passionne est la voie royale vers le bonheur. Jâai dâailleurs tendance Ă penser que tout ce qui vaut la peine d'ĂȘtre vĂ©cu requiert une certaine propension Ă faire des sacrifices. Pour moi, la notion de passion va ĂȘtre plus profondĂ©ment liĂ©e Ă un sentiment d'accomplissement personnel et Ă lâimportance accordĂ©e Ă certains objectifs de vie plutĂŽt qu'Ă la recherche dâun sentiment de bonheur minute par minute.
Je suis plutĂŽt dâaccord avec toi, et pas uniquement vis-Ă -vis des crĂ©ateurs. Car dans tes publications, tu peux donner cette impression que la passion economy est un modĂšle essentiellement rĂ©gi par lâoffre. Et donc, que ladite passion va nĂ©cessairement ĂȘtre une caractĂ©ristique associĂ©e au crĂ©ateur. Mais jâai tendance Ă penser quâelle est tout aussi importante du cĂŽtĂ© de la demande â qui, au fond, peut elle aussi suivre sa passion. Peut-on alors la considĂ©rer comme une sorte de monnaie dâĂ©change au cĆur de cette nouvelle Ă©conomie ?
Je nây avais pas forcĂ©ment pensĂ© auparavant, mais je trouve que câest un point vraiment intĂ©ressant. Lâune des meilleures façons de sâimposer sur un marchĂ© reste dâavoir une offre qui va effectivement passionner ses clients. Dans mon approche, je mets lâaccent sur les crĂ©ateurs â ce qui est dâailleurs assez paradoxal vis-Ă -vis de mon parcours. Car dans la branche Consumer dâun fonds dâinvestissement, le point de dĂ©part est toujours la demande. Une dimension essentielle de mon travail chez a16z Ă©tait ainsi dâĂ©valuer le besoin pour un produit ou service sur un marchĂ© donnĂ©. Câest dâailleurs un point que les crĂ©ateurs ne doivent pas perdre de vue. Car il serait vain de se concentrer uniquement sur son offre sans considĂ©rer les attentes de la demande.
Dans une de tes publications, tu compares la passion economy au modĂšle dâinnovation disruptive thĂ©orisĂ© par Clay Christensen. Tu as notamment Ă©crit que âles plus profondes transformations au sein dâune industrie ont lieu lorsquâune non-production rencontre une non-consommationâ. Peux-tu mâen dire plus sur ce sujet ?
Je trouve que cette phrase rĂ©sume bien lâidĂ©e que câest lorsque des individus se mettent Ă crĂ©er des produits et services autour de leurs passions que la demande va vĂ©ritablement se dĂ©velopper. Câest le cas lorsquâun crĂ©ateur vise une audience de niche et que son offre va inspirer au-delĂ des initiĂ©s, avec pour consĂ©quence dâĂ©tendre le marchĂ© Ă un plus grand public.
Je trouve que ça rejoint le concept dâaspiration economy dĂ©veloppĂ© par Ana Andjelic, que je trouve dâailleurs trĂšs complĂ©mentaire de ton analyse. Celle-ci met lâaccent sur lâeffet que peuvent avoir les goĂ»ts personnels des crĂ©ateurs et leur propension Ă la curation sur le dĂ©veloppement du volume de la demande pour leurs produits. Je pense notamment Ă lâexemple de Marie Kondo, qui a bĂąti un vĂ©ritable empire Ă partir dâune niche qui pouvait sembler assez restreinte au premier abord. Ăa mâĂ©voque aussi cet autre aspect fascinant de la passion economy dont je voulais parler avec toi, qui est la dissociation du travail de lâemploi et que tu illustres par la montĂ©e du micro-entrepreneuriat. Quels sont selon toi limpact auquels on peut sâattendre au niveau de lâidentitĂ© des individus ?
Je pense que ça va ĂȘtre lâun des aspects de la passion economy les plus intĂ©ressants Ă suivre. Le travail est encore aujourdâhui lâun des marqueurs identitaires les plus influents sur notre identitĂ©. Câest dâautant plus vrai dans la tech, avec le dĂ©veloppement de rites et signes dâappartenance presque tribaux qui diffĂšrent selon que lâon travaille chez Google, Airbnb ou autre. Ce que jâimagine, câest un retour Ă une conception particuliĂšrement prĂ©sente dans la pĂ©riode prĂ©-industrielle, Ă savoir une approche de lâidentitĂ© au sens presque artisanal et qui serait davantage influencĂ©e par nos crĂ©ations que par notre employeur.
Ce sont des idĂ©es que lâon retrouve Ă©galement dans le mouvement software craftsmanship. Ce qui me semble inĂ©vitable, câest aussi que la passion economy va continuer Ă brouiller les pistes entre le perso et le pro, la vie privĂ©e et lâimage publique. Jâimagine aussi que cela reprĂ©sente des risques potentiels au niveau de la santĂ© mentale des crĂ©ateursâŠÂ
Je pense que les identitĂ©s personnelles et professionnelles des crĂ©ateurs seront de plus en plus souvent amenĂ©es Ă ne faire quâun. Dâun autre cĂŽtĂ©, câest prĂ©cisĂ©ment cette individualitĂ© que ces derniers vont monĂ©tiser au travers de leurs crĂ©ations. Et bien sĂ»r, ce nâest pas sans risque. Jâai rĂ©cemment regardĂ© une interview du Youtubeur David Dobrik dans laquelle celui-ci confiait quâil ne pouvait pas sâempĂȘcher de penser en permanence Ă ce quâil allait pouvoir filmer pour sa prochaine vidĂ©o. Et que dĂšs quâil en poste une nouvelle, il se retrouve dĂ©jĂ obsĂ©dĂ© par la suivante. Ou encore que la seule perspective de ne rien filmer dâintĂ©ressant dans une journĂ©e pouvait facilement lâinquiĂ©ter. Sur le volet Ă©motionnel, les choix de vie dâun crĂ©ateur peuvent vite sâavĂ©rer Ă©prouvants. Et ce qui est certain, câest que ce mode de vie nâest pas pour tout le monde.
Jâen suis convaincu. Mais si la passion economy est effectivement un vecteur dâinnovation au sens disruptif comme lâa thĂ©orisĂ© Christensen, alors celle-ci aura un impact sociĂ©tal qui ira bien au-delĂ des crĂ©ateurs. Et je ne peux pas mâempĂȘcher de penser Ă la sharing economy, qui a rapidement laissĂ© place au concept dâubĂ©risation. Alors selon toi, quelles sont les conditions pour que la passion economy reste accessible Ă tous et ne devienne pas un nouveau marchĂ© âwinner-takes-allâ ?
Je suis convaincue que lâaccueil des produits et services issus de la passion economy va souligner une hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© toujours plus vaste au niveau des prĂ©fĂ©rences des individus. Par exemple, une newsletter considĂ©rĂ©e par certains lecteurs comme la meilleure sur un sujet donnĂ© peut trĂšs bien ne pas convenir aux attentes et aux goĂ»ts dâautres personnes. Je pense que la consĂ©quence sera un effet longue traĂźne, avec de nombreux produits qui seront populaires auprĂšs dâune infinitĂ© de niches plus ou moins restreintes. Et pour un crĂ©ateur indĂ©pendant, il nây a pas forcĂ©ment besoin dâun public aussi large pour rĂ©ussir Ă vivre de sa passion. Câest justement le point de mon approche des â100 vrais fansâ dĂ©rivĂ©s du concept thĂ©orisĂ© par Kevin Kelly : avoir la possibilitĂ© de gĂ©nĂ©rer un revenu supĂ©rieur en apportant plus de valeur Ă un nombre plus restreint de personnes. Et pour moi, câest ça la promesse de la passion economy en laquelle je crois.
Câest vrai, cette publication mâavait dâailleurs beaucoup marquĂ©. Ăa me fait penser Ă une question que jâavais sur ton rapport Ă lâĂ©criture. On en parlait plus tĂŽt : ton premier article sur la passion economy a Ă©tĂ© un Ă©norme succĂšs et tâa Ă©tabli comme une rĂ©fĂ©rence dans ce nouvel Ă©cosystĂšme. Depuis, jâimagine que tes interventions et publications sont beaucoup plus suivies, beaucoup plus attendues. Dirais-tu que ça a eu un impact sur ta façon dâĂ©crire ?
Je ne trouve pas que ça a changĂ© mes habitudes. Jâai toujours Ă©crit en gardant Ă lâesprit les besoins et attentes de mon audience â que jâapprends Ă©galement Ă connaĂźtre. Je tiens Ă mâassurer que mes publications sont dignes de lâintĂ©rĂȘt et de lâattention de mes lecteurs. Le temps est notre ressource la plus prĂ©cieuse et chaque minute passĂ©e sur un article se fait au dĂ©triment dâune autre activitĂ©. Câest pourquoi je tiens Ă ce que chacune de mes publications soient des moments de lecture bien investis. Je me demande toujours si ce que jâĂ©cris apporte quelque chose de nouveau, et aussi comment lâarticuler avec ce qui existe dĂ©jĂ . Câest par exemple le raisonnement derriĂšre mon article sur la passion economy analysĂ©e au travers de la thĂ©orie de Christensen. Pour tout dire, jâai toujours Ă©tĂ© trĂšs exigeante vis-Ă -vis de mes Ă©crits. Jâai des dizaines dâarticles terminĂ©s, mais que je nâai pas partagĂ© car je ne les trouvais pas dignes dâĂȘtre publiĂ©s.
Pour moi, Ă©crire et publier sont sans aucun doute les plus puissants vecteurs de sĂ©rendipitĂ© Ă lâĂ©chelle dâune vie. De ton cĂŽtĂ©, quels ont Ă©tĂ© les Ă©vĂ©nements les plus mĂ©morables qui te sont arrivĂ©s cette annĂ©e ?
Pour moi, il y a eu trois Ă©vĂ©nements majeurs qui ne se seraient pas produits sans cet article. Il y a bien sĂ»r la crĂ©ation dâAtelier Aventures qui mâa fait devenir entrepreneure moi-mĂȘme et me permet aujourd'hui dâaccompagner plus activement les acteurs de la passion economy. Ensuite, il y a eu une rencontre : celle dâAdam Davidson, qui est un journaliste de premier plan qui Ă©crit pour le New Yorker et qui a travaillĂ© pour le New York Times ou encore NPR oĂč il a co-fondĂ© un podcast trĂšs connu, Planet Money. En dĂ©but dâannĂ©e, il a publiĂ© un livre qui sâappelle Passion Economy et dans lequel il va Ă la rencontre de crĂ©ateurs qui vivent de leurs projets. Depuis, on travaille en Ă©troite collaboration et on a participĂ© Ă des podcasts et talk-shows ensemble. Pour finir, je me suis appropriĂ© le concept de passion economy Ă titre personnel. Jâai notamment rejoint la publication payante Everything, dans laquelle jâĂ©cris et rĂ©alise des podcasts pour Means of Creation avec Nathan Baschez. Enfin, jâĂ©cris aussi dans ma newsletter personnelle et prends davantage le temps de peindre.
En soi, tu rĂ©ponds parfaitement Ă la dĂ©finition dâune personne multipotentielle, avec des passions trĂšs dĂ©veloppĂ©es qui occupent une place importante dans ta vie. Et le moins quâon puisse dire, câest que ça te rĂ©ussit bien. Alors je demandais, comment articules-tu ces passions avec tes choix de vie et de carriĂšre ?
Quand jâĂ©tais enfant, ma mĂšre me disait que le temps est comme une Ă©ponge et quâon peut toujours en trouver pour ce quâon aime faire. Ăa mâa Ă©normĂ©ment influencĂ©e dans mes choix. On me demande souvent comment je fais pour ĂȘtre si active et mener tous mes projets de front. Ce que je leur rĂ©ponds, câest que je concentre mon temps sur ce qui me donne de lâĂ©nergie plutĂŽt que sur ce qui mâen draine.
Câest justement un conseil de Justin Khan qui mâavait marquĂ© [voir BSC #2]. Reste que je connais des gens qui affirment ne pas avoir de vĂ©ritable passion, voire qui ne trouvent pas de sens Ă ce qu'ils font. Toi qui est passĂ©e maĂźtre dans lâart dâexplorer tes passions, que leur recommanderais-tu dans cette situation ?
Je ne crois pas quâon naĂźt avec une passion donnĂ©e ou une propension particuliĂšre Ă la trouver. Pour moi, la passion est surtout le rĂ©sultat de son Ă©ducation et du temps quâon lui consacre. Je ne serais sans doute pas autant fascinĂ©e par la peinture si je nâavais pas pris de cours depuis lâenfance, et ce pendant une trentaine dâannĂ©es. MĂȘme mon intĂ©rĂȘt prononcĂ© pour la passion en elle-mĂȘme est au final trĂšs influencĂ© par la vie de mes parents, qui ont choisi de quitter la Chine pour vivre leur propre American Dream en sâinstallant aux Ătats-Unis. Je ne vois pas dâautre recette miracle pour trouver sa passion que de la chercher, que celle-ci soit ancrĂ©e dans notre histoire personnelle ou quâelle nĂ©cessite dâĂ©largir nos horizons, de cultiver notre curiositĂ©, et de nous ouvrir Ă de nouveaux centres dâintĂ©rĂȘts.
Et je ne vois pas de plus belle façon de conclure cette interview. Ce sera donc le mot de la fin. CâĂ©tait un immense plaisir de pouvoir te poser toutes ces questions sur ton parcours et tes idĂ©es. Alors mille mercis Li, et je suis trĂšs heureux que tu aies choisi Plumes With Attitude pour ta premiĂšre interview en français.
5 livres qui ont marqué sa vie :
DaphnĂ© du Maurier â Rebecca : « Dans mon adolescence, ce livre a Ă©tĂ© le point de dĂ©part de ma plongĂ©e dans la littĂ©rature gothique. »
Charlotte BrontĂ« â Jane Eyre : « Parce quâil contient certains des plus beaux passages romantiques de la langue anglaise. »
Arundhati Roy â The God of Small Things : « Pour sa prose aux frontiĂšres de la poĂ©sie. »
Clay Christensen â How Will You Measure Your Life : « Un an aprĂšs mon diplĂŽme alors que je vivais Ă New York, j'ai traversĂ© une crise existentielle majeure autour de mon travail et du sens de ma vie. Ce livre a Ă©tĂ© comme une bouffĂ©e d'oxygĂšne au sommet d'une montagne. Il m'a donnĂ© de nouvelles perspectives sur mon travail et ce que jâattendais de ma vie en gĂ©nĂ©ral »
Sylvia Plath â The Bell Jar : « Une vĂ©ritable mĂ©ditation sur ce que signifie ĂȘtre une femme. »
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