
Black Swans Collection est un projet nĂ© dans lâentre-deux du confinement. Une pĂ©riode marquĂ©e par la solitude et un certain isolement oĂč je nâavais ni Ă courir aprĂšs les gens, ni aprĂšs le temps. En cela, ma seconde newsletter est devenu pour moi un refuge passionnant.
Mais dans le âmonde dâaprĂšsâ, mon rythme de publication sâest avĂ©rĂ© plus difficile que prĂ©vu Ă concilier avec mes autres projets. Si bien que jâai souvent eu lâimpression de perdre de vue cette indĂ©pendance que je recherchais en devenant freelance, ainsi que de voir ma vie parfois plus entravĂ© quâĂ©quilibrĂ©e.
Aujourdâhui, jâai pris ma dĂ©cision de publier la derniĂšre Ă©dition de Black Swans Collection. En littĂ©rature, une collection se dĂ©finit par son unitĂ© de thĂšme ainsi que par son ancrage dans le temps. Et en cela, je ne pensais pas que cette publication Ă©phĂ©mĂšre porterait aussi bien son nom.
Quant Ă vous chĂšres plumes, je tenais Ă vous remercier mille fois pour votre soutien, vos messages, votre engagement et votre assiduitĂ© qui mâont guidĂ©s au fil de ce beau projet. Je reviendrai vers chacun de vous individuellement dans les prochains jours et proposerai naturellement le remboursement des abonnements Ă lâannĂ©e. Quant aux prĂ©lĂšvements mensuels, ceux-ci viennent dâĂȘtre stoppĂ©s.
La suite, ce sera avec Plumes With Attitude que je lâĂ©crirai. Et alors que la publication fĂȘtera en septembre son premier anniversaire (oui, dĂ©jĂ !), je suis heureux de retrouver plus de temps Ă lui consacrer.
Sur ce, je vous laisse vous plonger dans cette derniĂšre Ă©dition. Jâaurai mis longtemps Ă lâĂ©crire, sans doute Ă force de remettre en question lâavenir de la publication. Mais aujourdâhui, je suis convaincu dâavoir pris la meilleure dĂ©cision.
Je vous souhaite Ă toutes et Ă tous une excellente lecture,
Benjamin
đ§  HEAD⊠Le Bon, la Brute et le Truand
Ici il sâagit dâaiguiser sa vision de lâavenir que lâon veut construire demain.
âThe strength of great advisers is in their ability to think about new and complex ideas with a clear sense of their own subjectivity.â
â Aaron Harris (Y Combinator)
Du rĂ©veil Ă 5h du matin aux douches glacĂ©es, en passant par le fasting ou le calcul stratĂ©gique de ses passages aux toilettes : ce ne sont pas les conseils de productivitĂ© farfelus qui manquent dans la sphĂšre entrepreneuriale. Si jâaime dire que les rĂ©ponses Ă toutes nos questions sont dĂ©jĂ sur Internet, reste Ă savoir sĂ©parer le bon grain de lâivraie. Et pour cause : que ce soit dans le dĂ©veloppement personnel ou la gestion de sa vie professionnelle, force est de reconnaĂźtre quâil y a vraiment Ă boire et Ă manger dans la littĂ©rature associĂ©e Ă chacun de ces sujets.
Le termes trĂšs Ă©vocateur de âstartup p*rnâ dĂ©signe prĂ©cisĂ©ment cette surabondance de contenus glorifiant recettes dâentrepreneurs Ă succĂšs et autres techniques de gourous auto-proclamĂ©s. Si bien quâavec ce type de publications, la frontiĂšre est souvent fine entre recherche dâĂ©ducation et⊠de divertissement. Le problĂšme ne vient pas tant de lâasymĂ©trie de leur qualitĂ© que de leur impressionnante quantitĂ©. Crouler sous les conseils est le risque principal associĂ© au fait dâĂȘtre tout le temps en veille. Pour moi, câest Ă la fois une cause et une consĂ©quence de notre obsession pour lâoptionnalitĂ©.
âAll good advice tips people toward action, not options. You may think all you need is advice. Practice is what you need.â
â Hiten Shah (First Round Review)
Si les conseils sont lĂ©gion, tout lâenjeu rĂ©side selon moi autour de leur interprĂ©tation. Il ne sâagit pas seulement de savoir quoi demander et vers qui se tourner, mais surtout de dĂ©terminer comment les Ă©valuer et les mettre en application. Et plutĂŽt que de vous donner moi-mĂȘme des conseils, je vous propose une analyse trĂšs personnelle de trois notions que je considĂšre particuliĂšrement utiles pour muscler votre discernement.
Voici une nouvelle grille de lecture au nom assez parlant : le Bon, la Brute et le Truand.
Le Truand : Intellectual Yet Idiot (Nassim Nicholas Taleb)
ThĂ©orisĂ© dans son livre Skin in the Game, le concept dâIntellectual Yet Idiot de Taleb est aussi vaste que sujet Ă controverse. Lâauteur dĂ©signe par lĂ ces personnes qui agissent comme les leaders dâopinion sans avoir Ă subir les consĂ©quences de leurs propos. Le concept sâapplique ainsi Ă ces conseils donnĂ©s sans contexte, ces raisonnements oĂč les biais lâemportent sur les faits, ou encore lâavĂšnement des pseudo-sciences.
Mais ce qui me plaĂźt le plus dans cette notion dâIntellectual Yet Idiot, câest⊠son nom. Bien que volontairement provocateur, celui-ci mâinspire lâidĂ©e de ne pas se laisser impressionner par un track-record donnĂ© ou des rĂ©ussites passĂ©es. Et surtout que le choix des personnes que vous Ă©coutez ne dĂ©pend pas tant dâelles-mĂȘmes que⊠de vous.
La Brute : Le guide NFX pour naviguer entre les conseils (James Currier)
Qui dâautre quâun spĂ©cialiste de la croissance et des effets de rĂ©seaux pour appliquer un cadre implacable sur le sujet du conseil ? Quoique destinĂ©e aux entrepreneurs, la carte des advisors proposĂ©e par James Currier est un petit bijou de dĂ©veloppement personnel et professionnel. Et pour cause : câest de psychologie dont il est question avant tout â la vĂŽtre, mais aussi celle de vos mentors pour chaque situation donnĂ©e.

Mon passage prĂ©fĂ©rĂ© dans lâanalyse de James Currier concerne le volet mĂ©fiance vis-Ă -vis des conseils reçus. La matrice ci-dessus indique le degrĂ© de risque associĂ© Ă la lecture de contenus qui brillent par leur forme, parlent votre langue ou vous sont recommandĂ©s par des personnes de confiance⊠mais dĂ©livrent en rĂ©alitĂ© des conseils qui ne vous aident pas ou ne rĂ©sonnent pas avec votre situation. Il en est de mĂȘme pour ces fameux traits dâesprits souvent dĂ©livrĂ©s au prĂ©sent de vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©rale sous forme de maximes sur Twitter.
Le Bon : Luck Surface Area (Jason Roberts)
Le crĂ©ateur du podcast TechZing thĂ©orisait le terme de Luck Surface Area en 2010. Celui-ci est liĂ© Ă la notion de sĂ©rendipitĂ©, qui se dĂ©finit comme la capacitĂ©, lâart de faire une dĂ©couverte â scientifique notamment â par hasard. Selon Jason Roberts, la Luck Surface Arena est justement la quantitĂ© de sĂ©rendipitĂ© dans la vie dâun individu. Celle-ci est directement proportionnelle Ă lâintensitĂ© mise par ce dernier dans une activitĂ© qui le passionne, combinĂ©e au nombre de personnes Ă qui elle est communiquĂ©e efficacement. RĂ©sumĂ© sous la forme dâune Ă©quation, cela revient Ă dire :
Luck = Doing * Telling
Pour le blogueur Sean Murphy, il existe une troisiĂšme variable dans cette Ă©quation : le temps. Comme celui-ci le souligne dans un article, trouver le ratio qui nous correspond consiste Ă choisir en permanence entre action et communication. Opter pour lâune de ces variables se fait inĂ©vitablement au dĂ©triment de lâautre, dans la mesure oĂč le temps â au mĂȘme titre que lâĂ©nergie associĂ©e â est une ressource disponible en quantitĂ© limitĂ©e.

Câest un arbitrage qui nâest pas sans me rappeler le dilemme entre crĂ©ation et distribution bien connu des producteurs de contenu. Mais surtout, celui-ci introduit le fameux facteur chance inhĂ©rent Ă la recherche de sĂ©rendipitĂ©. Ce dernier est dâailleurs un ingrĂ©dient pourtant dĂ©terminant que lâon a souvent tendance Ă sous-estimer.
Quand on est le destinataire dâun conseil, câest lâĂ©lĂ©ment mystĂšre que lâon nĂ©glige en nous concentrant sur la rĂ©solution dâun problĂšme donnĂ©. Et lorsquâon est dans la position du conseiller, câest la variable que lâon peut facilement occulter â consciemment ou non â en guidant quelquâun vers une solution Ă la lumiĂšre de notre propre expĂ©rience.
Câest aussi pour cela que je me mĂ©fierai toujours de ce fameux conseil de ne rien laisser au hasard. Sans aller jusquâĂ croire en lâidĂ©e de destinĂ©e, je suis convaincu quâon a tous Ă gagner Ă prendre davantage en compte la notion de sĂ©rendipitĂ©. Et, sans forcĂ©ment aller jusquâĂ parler de prophĂ©ties auto-rĂ©alisatrices, Ă la provoquer.
Pour aller plus loinâŠ
â HAND⊠âPlusâ ou âMoinsâ ?
Ici on passe du concept au concret, et de la thĂ©orie Ă lâoutil.
âThere are only two ways to make money in business: one is to bundle, the other is unbundle.â â Jim Barksdale
Cette phrase prononcĂ©e dans les annĂ©es 90 par lâancien CEO de Netscape et collĂšgue de Marc Andreessen est presque aussi cĂ©lĂšbre que le fameux âsoftware is eating the worldâ de ce dernier. Pour la petite histoire, câĂ©tait la derniĂšre rĂ©ponse donnĂ©e Ă une confĂ©rence alors que les deux compĂšres devaient se mettre en route pour lâaĂ©roport. Laissant une foule hĂ©bĂ©tĂ©e devant la dimension presque mystique de ses propos, Jim Barksdale sâest contentĂ© de dire que certaines personnes passaient leur temps Ă additionner, dâautres Ă soustraire, et que la vie Ă©tait faite ainsi.
Les dĂ©cennies suivantes lui ont donnĂ© raison. Chaque produit, chaque service, chaque pan de lâĂ©conomie a un jour Ă©tĂ© unbundlĂ©, puis bundlĂ© â ou lâinverse â par un entrepreneur au nez fin. Prenons lâexemple dâApple. En 2001, le catalogue iTunes marquait lâunbundling brillant de lâachat de musique qui se faisait Ă lâĂ©poque sous format CD. Ă peine six ans plus tard, Steve Jobs rĂ©alisait le bundling le plus lucratif de tous les temps avec le premier iPhone : un combo gagnant entre tĂ©lĂ©phone, iPod et Internet â rĂ©sumĂ© avec brio en une slide de prĂ©sentation.

Ce qui est fascinant avec les notion de bundling et dâunbundling, câest quâon les retrouve absolument partout quand on y rĂ©flĂ©chit suffisamment â et ce, bien au-delĂ de lâĂ©conomie. Jâen suis moi-mĂȘme un fervent adepte dans mon quotidien.
Jugez plutĂŽt :
Plumes With Attitude est nĂ©e de lâunbundling de mon prĂ©cĂ©dent job de concepteur-rĂ©dacteur. Câest un projet directement inspirĂ© dâune tĂąche qui me tenait particuliĂšrement Ă cĆur dans mon mĂ©tier : tenir une newsletter.
DĂ©finir la structure de la publication revient Ă bundler plusieurs compĂ©tences : prĂ©parer une trame dâinterview, contacter des entreprises pour partager leurs missions, composer une sĂ©lection de contenus, et bien sĂ»r Ă©crire.
Black Swans Collection peut ĂȘtre vue comme une forme dâunbundling de Plumes With Attitude. Dâune certaine façon, il sâagit dâune extension de la section âKnowledge is Powerâ dĂ©diĂ©e Ă la curation.
De nombreux sujets traitĂ©s dans les Ă©ditions prĂ©cĂ©dentes de Black Swans Collection peuvent dâailleurs ĂȘtre analysĂ©s par ce prisme : la distinction entre Zone de GĂ©nie et Zone dâExcellence est un exercice dâunbundling, le modĂšle X for Y est une forme de bundling Ă part entiĂšre, la notion de âstackâ pourrait ĂȘtre un synonyme du mot âbundleâ â que vous pouvez bien sĂ»r unbundler façon Scott Galloway. Oui, je vous avais prĂ©venus quâon les retrouvait partout. Si bien quâon pourrait penser que le concept a rĂ©ponse Ă tout.
Reconnaissons que lâidĂ©e est tentante. Jâaime me dire que la clĂ© dâune vie Ă©panouie est avant tout une question dâĂ©quilibre. La rĂ©flexion de Jim Barksdale va dans ce sens : additionner ou soustraire les Ă©lĂ©ments Ă votre propre Ă©quation a toutes les chances dâapporter de nouvelles solutions Ă vos enjeux. LâIkigaĂŻ est lâapplication du modĂšle de bundling/unbundling Ă des problĂ©matiques de dĂ©veloppement personnel. Et sâavĂšre extrĂȘmement utiles pour simplifier nos questionnements :
Doit-on privilégier la recherche de sens dans son métier (bundling) ou le trouver à cÎté (unbundling) ?
Doit-on intĂ©grer ses centres dâintĂ©rĂȘts Ă sa carriĂšre (bundling) ou les garder pour ses loisirs et projets personnels (unbundling) ?
DĂ©sire-t-on avoir un salaire stable et unique issu de son emploi (bundling) ou des revenus multiples et fluctuants tirĂ© dâune activitĂ© dâindĂ©pendant (unbundling) ?
Pour finir, la beautĂ© du modĂšle de bundling/unbundling est quâil nây a pas une approche meilleure que lâautre. Comme avec les conseils, le contexte est essentiel pour prendre une dĂ©cision valable Ă un instant T. Mais le jour oĂč vous retrouvez bloquĂ©s dans une situation donnĂ©e, essayer de prendre votre problĂšme comme une Ă©quation. Et de voir comment celle-ci Ă©voluerait en âbundlantâ ou âunbundlantâ ses Ă©lĂ©ments. Il y a fort Ă parier que cela vous conduise sur la bonne voie. Plus ou moins.
Pour aller plus loinâŠ
Le grand âunbundlingâ de la Silicon Valley (Gonz Sanchez)
Idea sex : un modÚle de créativité combinatoire (Anne-Laure Le Cunff)
â€ïžÂ HEART⊠Like a Virgil
Ici on fait la part belle Ă la pensĂ©e noble, celle qui vient du cĆur.
"In the future, everyone will be world-famous for 15 minutes."
â Andy Warhol
Avant de faire Ă©merger le terme de âpassion economyâ, lâanalyste Li Jin parlait dââenterprization of consumerâ. Lâexpression dĂ©signait cette tendance quâont des start-ups comme Notion, Webflow ou encore Slack Ă crĂ©er des outils BtoB dĂ©guisĂ©s en produits BtoC. En dâautres termes, celles-ci misent sur le potentiel des individus Ă crĂ©er voire devenir des entreprises demain. RĂ©seaux sociaux, plateformes de publications et outils communautaires avaient prĂ©parĂ© le terrain, en nous conduisant Ă utiliser des produits dans notre vie personnelle pour mieux en faire des armes dans notre arsenal de compĂ©tences professionnelles. Si bien que le mĂ©tier dont rĂȘvaient les enfants occidentaux en 2019 nâĂ©tait plus astronaute mais⊠Youtubeur.
La rĂ©ciproque est vraie du cĂŽtĂ© des entreprises, pour qui le dĂ©veloppement dâune vĂ©ritable personnalitĂ© de marque est devenu un enjeu central. Lâobsession pour la fameuse expĂ©rience utilisateur, lâadoption de tonalitĂ©s conversationnelles, ou encore la glorification des entrepreneurs Ă succĂšs tĂ©moignent dâune vĂ©ritable volontĂ© (stratĂ©gique) dâhumanisation du business. La consĂ©quence est que ces entreprises font tout pour se positionner dans lâair du temps â le fameux zeitgeist. Et que dire des termes de âtalentsâ, de âcultureâ ou de âcrĂ©ativitĂ©â Ă©rigĂ©s en valeurs cardinales de lâĂ©conomie entrepreneuriale ? Ce ne sont pas les exemples qui manquent pour illustrer les clins dâĆil et appels du pied de la Silicon Valley Ă sa voisine prĂ©fĂ©rĂ©e : Hollywood. Au point que de simples morceaux de code peuvent se transformer du jour au lendemain en fragments de culture.
Les frontiĂšres sont donc toujours plus floues entre les aspirations identitaires des individus et entreprises. Chaque camp emprunte Ă lâautre, aussi bien sur le volet de la crĂ©ation, des canaux de diffusion ou de lâappropriation de rĂ©fĂ©rences culturelles. La consĂ©quence est que nous sommes tous devenus des mĂ©dias en puissance. Dans sa newsletter The Sociology of Business, Ana Andjelic parle de âvirgilizationâ en rĂ©fĂ©rence Ă la dĂ©marche (toujours stratĂ©gique) de donner une valeur artistique au travail dâun individu. Celle-ci prend lâexemple de Virgil Abloh, passĂ© en seulement en huit ans de styliste prometteur Ă vĂ©ritable icĂŽne de crĂ©ativitĂ© que tout le monde sâarrache et dont lâinfluence va bien au-delĂ de la mode. Mais le designer star nâest pas tant une exception quâun reflet des aspirations de son Ă©poque. Il illustre selon moi deux tendances de fond : lâartification et la starification de lâĂ©conomie.
Et câest prĂ©cisĂ©ment lĂ oĂč le mouvement naissant de la âpassion economyâ sâavĂšre particuliĂšrement intĂ©ressant. Pour une gĂ©nĂ©ration marquĂ©e par la quĂȘte de sens, il y a une dimension identitaire presque symbolique associĂ©e Ă cette facultĂ© de pouvoir crĂ©er et partager son travail, sa dĂ©marche, ses idĂ©es, ses projets au monde entier. Le retour en vogue des valeurs de lâartisanat (voir PWA #3) nâest pas sans rappeler les codes de lâart et du luxe : des univers oĂč lâintention, le message, lâesthĂ©tique et bien sĂ»r le talent sont omniprĂ©sents. Et de la mĂȘme façon quâune marque voudra signer une collaboration avec Virgil Abloh, la perception des entreprises et de leurs crĂ©ations est de plus en plus influencĂ©e par les idĂ©es et personnalitĂ©s de celles et ceux avec qui elles vont travailler. En tĂ©moignent la course Ă la crĂ©ation de contenu Ă©ditorialisĂ© Ă tous les niveaux, lâimportance des influenceurs dans le lancement de produits sur des plateformes comme Product Hunt, ou encore le recours de plus en plus systĂ©matique au freelancing, vu comme la nouvelle destination des meilleurs talents. Alors au fond, lâĂ©mergence de la passion economy ne serait-elle pas lâextension Ă notre quotidien de dynamiques auparavant rĂ©servĂ©es au monde hollywoodien ? Et si nous Ă©tions Ă lâaube dâune nouvelle interprĂ©tation du terme de âshowâ business ?
Pour aller plus loinâŠ
La leçon des labels de musique à destination des médias (Jarrod Dicker)
De lâĂąge de lâinformation Ă la rĂ©putation (Gloria Origgi)
đŠžââïž HERO⊠đđđ
Ă chaque Ă©dition : un petit topo sur mes hĂ©ros dâun jour ou de toujours.
Si vous Ă©tiez sur Twitter vendredi dernier, vous avez sans doute vu par vous-mĂȘmes lâimpressionnante hype autour dâun site obscur, dâune drĂŽle de combinaison dâemoji (đđđ ) et dâune explication Ă tout cela rĂ©sumĂ©e par : âit is what it isâ (IIWII). Le tout, quelques semaines seulement aprĂšs un engouement similaire pour les lancements successifs du rĂ©seau social Clubhouse, puis du nouveau client e-mail par lâĂ©quipe de Basecamp : Hey.
Alors le monde avait-il besoin de ça ? Et bien, paradoxalement oui.
Car aprĂšs une journĂ©e de suspense pour Twitter et plusieurs nuits blanches pour lâĂ©quipe derriĂšre IIWII, le mystĂšre a finalement Ă©tĂ© levĂ©. Point de nouvelle app ou de rĂ©seau social rĂ©volutionnaire, đđđ est un canular destinĂ© Ă pointer du doigt le ridicule du FOMO inhĂ©rent au monde de la tech, son manque de diversitĂ© et sa distanciation de grands problĂšmes contemporains comme les discriminations raciales.
IIWII a toutes ses chances dâentrer dans la postĂ©ritĂ© comme un cas dâĂ©cole de guerilla marketing, utilisĂ© Ă bon escient et menĂ©s par de parfaits inconnus. Jâai personnellement trouvĂ© ça aussi brillant quâun Ă©pisode de Black Mirror. La force de frappe du meme illustre la puissance des communautĂ©s en ligne et de leurs rĂ©fĂ©rences culturelles, dans un contexte oĂč Internet est devenu un vĂ©ritable refuge au milieu dâune annĂ©e marquĂ©e par une actualitĂ© des plus sombres. Le mot de la fin est pour Josh Constine, qui a la meilleure explication pour rĂ©sumer cet Ă©trange moment :
âWe crave the sense of affiliation stripped from our lives by isolation, and a break from home lifeâs monotony. In this moment, what could have been more tempting than a secret society behind a locked door â a mystery that leaves you đđđ.â
â Josh Constine (source)
Pour aller plus loinâŠ
đłïžÂ HOLEâŠ
Retour une derniĂšre fois dans le labyrinthe du paon.
âBentoismâ : Câest le nom dâune nouvelle Ă©cole de pensĂ©e dĂ©veloppĂ©e par Yancey Strickler, lâancien CEO of Kickstarter. Et vous faites bien de vous demander sâil y a un rapport avec les boĂźtes Ă bento, car vous avez entiĂšrement raison.
Plaisir mimétique : Quand on assiste à un concert, notre appréciation de la musique est directement liée à la façon dont notre cerveau se synchronise avec ceux des musiciens. Explication ici.
Caisse Ă outils : Arbres et matrices de dĂ©cision, modĂšle de lâiceberg ou encore inversion font partie de cette petite collection illustrĂ©e de modĂšles mentaux simplifiĂ©s.
Retour aux sources : DâoĂč viennent les trolls ? Et comment devient-on soi-mĂȘme un troll ? Il suffit de demander au Dr Adam Bell.
DERNIĂRE CHOSEâŠ

Encore un grand merci Ă tous pour avoir fait partie de lâaventure Black Swans Collection ! CâĂ©tait un vrai plaisir de vous donner rendez-vous avec ce petit club de lecture. Dâun cĂŽtĂ©, je ne doute pas un seul instant que ces publications me manqueront. De lâautre, jâai hĂąte dâĂ©crire un nouveau chapitre de ma vie de freelance.
Je vous retrouve cette semaine par e-mail et courant juillet avec Plumes With Attitude. Dâici lĂ , prenez soin de vous et bien sĂ»râŠ
May the words be with you,