Un mois après le début du confinement, nous avons aujourd’hui plus de recul sur ce grand bouleversement. Tantôt difficile, tantôt violent, souvent intimidant, parfois plaisant, ce gros changement met à l’épreuve notre capacité de résilience.
C’est d’ailleurs le thème central creusé avec notre nouvel invité. Le moins qu’on puisse dire, c’est que j’avais hâte de vous le présenter. Dans un moment, il me semble d’autant plus important de s’entourer de belles idées et grandes réflexions. C’est aussi ce qui m’a poussé à cocher une case qui me tenait à cœur : lancer Black Swans Collection.
En vous souhaitant une excellente lecture,
Benjamin
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🎙 INTERVIEW… Rodolphe Dutel, fondateur de Remotive
À chaque newsletter, je vous propose de découvrir le portrait et les idées d’une véritable plume “With Attitude”. Aujourd’hui, c’est au tour de Rodolphe Dutel : entrepreneur évangéliste du télétravail, passionné de voile et auteur d’un premier roman, La Vingt-Cinquaine.
Salut Rodolphe et merci d’avoir accepté l’invitation ! Je me souviens encore de notre dernière rencontre juste avant le lancement de Plumes With Attitude. Tu m’avais donné de nombreux conseils très pragmatiques et je suis heureux de pouvoir dire que, sept mois plus tard, la newsletter est toujours debout. Il y a une chose qui m’a toujours inspiré chez toi, c’est ta capacité à t’intéresser très tôt à des tendances avant qu’elles explosent : à commencer par le télétravail bien sûr, mais aussi le no-code, la passion economy ou encore les communautés payantes. Comment expliques-tu cette propension à être toujours en amont sur des mouvements d’avant-garde ?
Je crois que j'ai toujours été attiré par le décalage, et que celui-ci nourrit mon style de vie et mes aspirations. Pour moi, la richesse est là où les autres ne sont pas. Souvent, j'essaie de prendre le contre-pied de ce qui se passe pour avoir plus d'espace, que ce soit pour réfléchir, vendre ou construire. En école de commerce. j'avais été très marqué par la stratégie “Blue Ocean”, qui consiste à se faire une place sur un marché où personne n’a encore décidé d’aller. C’est aussi à ce moment que j’ai commencé à suivre des entrepreneurs assez perchés de la Silicon Valley, avec des idées très technophiles et libertariennes. Par exemple, Naval Ravikant se réclame du stoïcisme — ce qui n’est pas mon cas — et est convaincu que les individus ne peuvent gagner que par eux-mêmes, et non par la société. Un penseur comme Nassim Nicholas Taleb a lui aussi bâti toute sa théorie dans l’opposition à de grandes idées établies. En tant qu’Européen, je suis plus souvent sensible aux questions soulevées qu’aux réponses apportées. Mais j’ai gardé le réflexe de toujours chercher à prendre le contre-pied de ce qui se fait, et de me soustraire à la majorité tout en restant fidèle à mes valeurs.
Malgré cette volonté d’aller à contre-pied des normes établies, tu as choisi comme moi une orientation très classique et assez formatée : l’école de commerce. Est-ce que ta démarche s’est construite en opposition directe à ce modèle ou est-ce que c’était déjà là avant ?
Je pense que j'ai toujours voulu faire les choses différemment, mais que jai mis longtemps à l’assumer. Quand je suis entré en école de commerce, j’avais 17 ans, et si j’ai fait ce choix, c’était avant tout pour rassurer mes parents. Je pense que c'est en partant à l'étranger, dans un cadre nouveau où je ne connaissais personne, que j'ai véritablement compris que je pouvais me réinventer. Ceci dit, j'ai mis plus de temps à l'assumer auprès des gens que je côtoyais en école. J'ai donc voulu avoir un beau CV et passer par des grandes boîtes pour m'enlever le classique syndrome de l'imposteur. Mais c’est aussi en cochant ces cases auto-imposées que je me suis rassuré sur mes compétences, ce qui m’a donné plus de confiance et de légitimité pour partir sur mon jeu à moi.
D’ailleurs, tu t’es mis très tôt dans une approche de “hustler”, en lançant tes propres projets personnels à côté de ton activité principale. Mais je ne t’ai jamais associé à la culture parfois toxique qui va avec, notamment vis-à-vis de l’argent ou de l’équilibre de vie. Comment es-tu parvenu à prendre tes distances par rapport à tout ça ?
Je dirais que je suis passé par différentes phases. Quand j'étais chez Google, j'ai par exemple tenu à vendre une intervention en école de commerce là où j’aurais pu simplement accepter de me faire rembourser mon déplacement. C’était juste un défi pour moi mais c’était un vrai enjeu pour l’école, qui ne parvenait pas à trouver d’intervenant sur le sujet. Comme j’étais commercial à l’époque, j’y ai vu l’opportunité d’une vente et j’ai fini par facturer ma venue pour 150€. C’était ridicule d’ailleurs : je gagnais un salaire confortable chez Google et je n’avais pas besoin de cet argent. Mais ça m’a prouvé que j’étais capable de vendre une prestation individuelle en dehors de mon activité principale et que je pouvais monétiser mes compétences. Encore une fois, ça a été une case cochée qui m’a prouvé que je pouvais passer au stade supérieur. Et l’année suivante, j’ai lancé Remotive alors que j’étais salarié chez Buffer.
Aujourd’hui à 32 ans, tu as d’ailleurs coché pas mal de belles cases, aussi bien sur le volet pro avec un début de carrière chez Google puis Buffer, mais aussi sur le volet perso entre le nomadisme, l’écriture d’un premier roman et bien sûr le succès de Remotive sur lequel tu travailles désormais à plein temps. Ton parcours brillant me donne l’impression d’avoir été mûrement réfléchi et très bien calculé. Y-a-t-il des passages que tu regrettes et des choix que tu aurais fait différemment ?
S'il y a bien un truc dont je me serais volontiers passé, ça aurait été de flipper un peu moins. Ça va mieux aujourd’hui mais j’ai longtemps été un vrai angoissé de la vie (rires). Sinon il y a plein de choses que j'aurais pu faire différemment. Il y a aussi beaucoup de choses qui ne seraient pas arrivées si une seule variable avait bougé. Si Buffer ne m’avait pas rappelé, je serais sûrement toujours chez Google. Peut-être que j’aurais fini par vendre des formations ou créer une agence SEO, mais il n’y aurait probablement pas eu Remotive. Ceci dit, je pense que j’aurais fini par m’engager dans une activité où j’aurais été fondateur ou associé. Avoir le contrôle de mon temps et de ma géographie sont des critères qui orientent mes choix de vie depuis longtemps.
Et dans le prolongement de ma question, je vais rebondir sur le thème de la “vingt-cinquaine”, qui est le titre de ton premier roman. Aujourd’hui si tu pouvais donner un conseil à toi-même quand tu avais 25 ans, ce serait quoi ?
Probablement accepter davantage l’aide et le soutien des personnes qui m'entouraient à l’époque. Échanger avec ses amis, s’ouvrir davantage aux autres, voire à la thérapie dès qu’on a besoin de parler : ce sont de véritables opportunités de grandir qu’on a souvent tendance à sous-estimer.
En tout cas, s’il y a bien un mouvement qui t’a influencé c’est celui du télétravail. Je ne vais pas trop m’attarder dessus vu que tu en as déjà largement parlé dans de nombreux podcasts et articles. Mais je voulais ton avis sur un article sur le sujet publié pendant le confinement. L’idée centrale est qu’il est presque indécent dans le contexte actuel de “vendre” le télétravail ou de se vanter de la pratiquer depuis des années. Car aujourd’hui, c’est surtout une solution de secours pour faire en sorte que l’économie ne s’arrête pas entièrement. De ton côté, penses-tu que le coronavirus est-une si bonne nouvelle que ça pour l’essor du télétravail ?
Je pense que le coronavirus est une nouvelle neutre pour le télétravail, dans le sens où on ne peut pas l'éviter. Ce qu'il faut garder à l'esprit, c'est qu'on vit une époque troublée dans laquelle le téléravail est forcé, et que ce n’est donc pas la nouvelle ruée vers l’or. Pour moi, les gens qui crient aujourd’hui haut et fort que le télétravail c’est le futur, et que tout le monde devrait faire comme eux, ils sont à côté de la plaque. Pour moi, il y a un double phénomène autour de l’expérience du télétravail dans ce contexte. Premièrement, il y a une vraie déstabilisation dans la mesure où toutes les habitudes du quotidien ont été balayées du jour au lendemain. Aller au bureau, voir ses collègues, discuter à la machine à café : ce sont des rituels importants qui structurent la journée de travail et donnent un certain équilibre de vie à beaucoup de gens. Mais surtout, au télétravail s’ajoute un contexte sombre de crise économique et sanitaire sur lequel tu n’as aucune visibilité, où tu as peur pour ta famille, pour ta santé, pour ton job — en plus de devoir développer une nouvelle façon de vivre et travailler. Donc je pense qu’il va y avoir deux grandes tendances qui vont se dessiner. Tout d’abord, je suis convaincu que beaucoup de gens vont très mal vivre l’expérience d’un télétravail forcé et ne voudront pas y revenir. Et puis, il y a ceux qui se seront trouvés plus efficaces ou plus détendus après avoir l’avoir testé. Après le confinement, je suis persuadé qu’il y aura de nombreuses demandes de la part d’employés qui voudront plus de flexibilité, et donc intégrer le télétravail dans leur emploi du temps.
J’espère de mon côté qu’après toutes les initiatives plus ou moins futiles autour du “bien-être” des employés dans l’entreprise, les dirigeants vont enfin se concentrer sur ce qui me semble le plus important : la santé mentale et l’équilibre psychologique de leurs salariés. Quel est ton ressenti à ce niveau ?
Ce qui est regrettable, c’est que de nombreuses boîtes demandent aujourd’hui à leurs salariés d’être aussi productifs — si ce n’est plus — dans le cadre du confinement, alors que le contexte vécu n’est pas du tout propice à cela. La dernière fois que le management s’est retrouvé en vraie difficulté d'un point de vue macro, c’était lors de la crise économique de 2008. Ça fait donc une douzaine d'années qu'on n’a pas profondément remis en question sa façon de fonctionner en tant qu’organisation. Et c’est justement dans l'adversité que les caractères se révèlent. Le truc, c’est que dans une crise les masques tombent encore plus vite. Donc je pense qu'entre l’incertitude ambiante, la solitude et l’enfermement, on a tous les ingrédients d’une hausse inévitable du nombre de burn-outs à venir. Mais on peut espérer que des leaders à la vision long-termiste — qui sont selon moi de bonnes personnes — essaient de calmer le jeu à leur échelle en incitant leurs employés à trouver leur équilibre, à prendre du temps pour eux et leurs proches, ou encore à parler des spécialistes qui peuvent les aider à appréhender leur stress. Il y a également tout un tas de questions nouvelles auxquelles il faut désormais répondre. Si ma fille a attrapé le coronavirus, comment est-ce que ça se passe au niveau de l'entreprise ? Suis-je en droit et en mesure de prendre ma journée si je me sens stressé et que j’ai besoin de me calmer ? Aujourd’hui, ce sont des questions que tout le monde se pose. Certains employeurs vont y répondre de façon bienveillante et apporter des solutions. D’autres vont les mettre sous le tapis. Et je pense que dès la sortie de crise, de nombreux employés suivront ou fuiront leurs managers en fonction du comportement que ces derniers auront adopté.
Tu as soulevé un des grands problèmes associés au télétravail, que beaucoup de personnes vivent en ce moment : la solitude. Toi qui a l’habitude de cette façon de travailler, quelles sont les comportements que tu préconises pour y faire face ?
Je pense déjà qu’il faut accepter qu’il est tout à fait normal de ne pas se sentir bien, voire bouleversé par la situation actuelle. L’enjeu est de transformer un changement de paradigme profond en une nouvelle norme grâce à des habitudes que l’on va mettre en place petit à petit. Je pense que toute la génération qui a moins de 30 ans va redécouvrir la fonction première de son iPhone, à savoir téléphoner pour garder le contact avec ses proches. Pour moi, il est aussi très important de savoir sortir des écrans. Et donc d’éviter de passer toutes ses soirées sur Netflix quand on a déjà travaillé devant son ordinateur toute la journée. D’où l’importance de reconnecter avec son corps, par des activités d’intérieur comme le yoga et la méditation, ou en prenant une bouffée d’air frais aux heures autorisées. On a beau avoir un frigo rempli, une liste de films incroyables à regarder et des audiobooks qu’on s’était tout le temps jurés de lire un jour, la vie d’ermite n’est pas pour de nombreuses personnes. D’où l’importance de savoir aussi revenir à l’essentiel. Comme pour une plante, on ne peut pas fleurir sans eau ni soleil.
Je trouve ça directement relié à ton approche du télétravail, que tu ne considères pas comme une fin en soi mais comme un tremplin vers des objectifs plus grands, comme le recherche du bien-être et le besoin d'accomplissement personnel. Est ce qu'il y a certains sujets que tu n’as pas encore explorés et sur lesquels tu souhaiterais aller plus loin ?
J’ai envie de creuser davantage la notion de résilience. Quand tu vis à Paris aujourd’hui et qu’on te coupe l’électricité ou la chaîne d’approvisionnement alimentaire, tu te retrouves dans une situation de dépendance où tu ne peux rien faire. Mais si tu t’installes à la campagne, tu peux par exemple faire pousser tes légumes dans un jardin et produire ton électricité grâce à un panneau solaire. J’avais beaucoup appris de la période où je vivais en mer et où je passais mes journées à pêcher et récupérer l’eau de pluie. Sans partir dans des délires collapsologues ou survivalistes, ce sont des réflexions que j’aimerais intégrer davantage à ma vie de tous les jours. Pour l’instant, j’ai juste un petit potager. Mais rien que la démarche de retourner à la terre, lâcher un peu l’ordinateur et sortir de l’externalisation de services pour tout et n’importe quoi, c’est déjà un début. Pour autant, j’ai une activité qui me plaît et qui nécessite de passer du temps devant un écran. Mais je trouve ça d’autant plus important de savoir en sortir, de trouver un équilibre, et d’apprendre à développer une certaine résilience physique, mentale, alimentaire ou encore énergétique.
Pour le coup, je trouve qu’il y a un vrai contraste entre la sobriété de ton approche et ta démarche d’exposition sur les réseaux sociaux. Tu as réussi à te faire un nom et à gagner en influence bien au-delà du télétravail. Cette recherche de visibilité faisait-elle partie de ton plan de carrière ou est-ce que c’est venu par la force des choses ?
Quand je me suis mis à LinkedIn et Twitter entre 2009 et 2010, j’ai su que ça allait être mon passeport pendant un bon moment. J’ai été très sensible dès le début à cette notion de compétences transférables que tu peux valoriser d’une activité à l’autre. C’est pourquoi j’ai tenu à ce que chaque aventure professionnelle puisse être assimilable à mon nom. Ce qui fait que je n’ai pas l’impression de repartir à zéro quand j’arrive à la fin d’une expérience. J’ai ce besoin de savoir comment je peux rebondir dès qu’une aventure s’arrête. C’est aussi bien valable au niveau de ma présence sur les réseaux sociaux que dans mes interactions humaines. En soi, c’est une démarche qui reste alignée avec ma recherche de résilience, cette fois-ci appliquée au domaine professionnel. Par exemple, j’accorde beaucoup d’importance aux références, aussi bien pour soi-même que pour avoir une idée des personnes qui peuvent être amenées à travailler avec moi.
Tu prêches un convaincu. Dix ans après la création de ces réseaux, j’hallucine de voir ce que des “pros” en font, avec des approches hyper-archaïques du personal branding ou même du networking. Pourtant, ce sont deux compétences de base qui sont à mes yeux fondamentales pour espérer vendre, entreprendre ou même créer du contenu qui sera lu. Quelles sont tes bonnes pratiques à ce niveau ?
Je considère ma présence sur les réseaux sociaux comme s’il s’agissait d’un média pour lequel je suis en diffusion quotidienne. Aujourd’hui, je dirais que je réponds à 30-50% des personnes qui me contactent, et que j’essaye d’aider celles-ci de mon mieux à partir de mon expérience. Je préfère concentrer toute mon énergie et attention sur un groupe limité, dans la mesure où j’ai moi aussi du temps à consacrer à mes clients et prospects. Pour moi, la quête de l’indépendance est là aussi : réduire le bruit et limiter les flux entrants pour avoir plus de liberté et de tranquillité. Pour en revenir au networking, je pense que sa première composante doit être l’intégrité. Quand on te rend une faveur, il faut aussi savoir renvoyer l’ascenseur. Quand on accepte de te donner la main, il ne faut pas chercher à prendre le bras. Et si tu ne prends pas l’habitude de dire merci, que tu n’es ni poli ni sympa, je pars sur le principe que ça se saura. Je crois beaucoup aux logiques de karma.
C’est marrant parce que je vois une vraie différence entre ta capacité à prendre du recul et l’attitude assez arrogante et désinvolte du personnage principal de ton roman. Alors bien sûr, ça reste une fiction mais on retrouve toujours une partie de l’identité de l’auteur dans les personnages d’un livre — notamment quand celui-ci est écrit à la première personne. Comme je te suis depuis un moment mais que notre premier contact reste relativement récent, je me demandais : as-tu toujours eu cette discipline, cette forme de sagesse même, ou les as-tu acquis sur le tard ?
Effectivement, j’ai pas mal grossi le trait dans mon roman mais je pense aussi m’être calmé par rapport à la personne que j’étais à 25 ans. J’ai eu la chance de rencontrer très tôt des gens qui étaient déjà très brillants à l’époque, et qui m’impressionnent encore aujourd’hui. Donc je peux te dire que ça m'a mis une belle claque d'humilité. Et puis, il y a aussi eu toutes ces personnes que j’ai trouvé incroyables dans leur prise de risque à des moments comme la crise de 2008. Et aujourd’hui particulièrement, l’impact du personnel soignant aide à relativiser ce que l’on peut dire en 280 caractères. On se sent obligatoirement planqué quand on est derrière un écran, alors que d’autres luttent nuit et jour contre un virus qui remet tout en question. Il y a également des lectures qui m’ont beaucoup influencé comme How To Win Friends & Influence People, par Dale Carnegie — dont le titre ne lui rend d’ailleurs pas du tout justice puisqu’il est sur l’empathie — ou encore Les Quatre Accords Toltèques, de Miguel Ruiz.
Tu parles de livres et ça tombe bien, puisque c’est sur ce point que je voulais conclure l’interview. J’avais trouvé ça à la fois courageux et admirable d’avoir mis toutes tes activités entre parenthèses pour te consacrer à l’écriture de ton premier roman. Qu’est-ce qui t’a poussé à prendre la plume pour décrire cette fameuse “crise de la vingt-cinquaine” ?
J’en ai ressenti le besoin, comme s’il s’agissait d’un rappel à moi-même. Si j’ai choisi de l’écrire, c’était avant tout pour moi, pour me souvenir des dangers et pièges autour du confort du monde moderne. Je pense que ça va plus vite qu’on ne peut le penser de se mettre à pantoufler, que ce soit dans la luxure, dans la fausse gloire, ou dans le cercle de l'entreprise au sens large. Il y aussi une démarche de nostalgie autour de tous ces moments fantastiques que j’ai pu vivre en mer quand j’ai fait mon école de voile. Ça me rappelle beaucoup cette distinction entre “freedom from” et “freedom to” faite par Naval Ravikant [dans son interview pour le podcast de Farnam Street]. D’un côté, tu as le “freedom from” quand tu te libères de certaines normes et obligations pour reprendre le contrôle de ton destin. De l’autre, il y a le “freedom to” dans lequel tu choisis de parcourir le monde, démarrer tes propres projets ou prendre la moitié d’une année pour écrire un roman. Enfin, il faut savoir que je ne suis pas non-plus parti de zéro dans l’écriture. J’avais déjà des dizaines de carnets remplis d’idées et de notes, qui constituaient une sorte de journal de bord. Et c’est à partir de là que j’ai pu partir dans mes délires fictifs (rires).
Voilà qui me semble une conclusion parfaite pour cette interview ! Mais je ne peux pas te laisser partir avant de te poser une question qui me démange : as-tu prévu de te remettre à l’écriture d’un second roman bientôt ?
J’a très envie de réitérer l’expérience en tout cas. La Vingt-Cinquaine était très inspiré de certains moments de ma vie, avec de nombreux faits qui se sont vraiment produits. Pour le prochain livre, j’aimerais aller plus loin dans la fiction. Reste que pour l’instant, je reste fixé sur mes objectifs d’indépendance. Mais on peut en reparler à horizon deux-trois ans.
En tout cas, j’ai hâte de savoir ce que tu nous réserves. Un grand merci Rodolphe pour cette conversation digne d’un podcast de Farnam Street ! J’attendais cette interview depuis le début de Plumes With Attitude, et le moins que je puisse dire c’est que tu ne m’as pas déçu. C’est un vrai plaisir de partager tes idées et convictions dans cette édition, en plus d’avoir passé un excellent moment. Je te souhaite bon courage pour la suite du confinement et te dis à très bientôt !
Les 5 alliés de Rodolphe pendant le confinement :
Farnam Street — “Pour me creuser la tête.”
Arte — “Une belle chaîne YouTube où me perdre sans culpabiliser”
9GAG — “Pour poser mon cerveau.”
Sampson Boat Co & My Mechanics — “Pour apprendre de ceux qui aiment travailler de leurs mains.”
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En temps de crise, l’entraide entre plumes est plus que jamais la bienvenue. Alors si vous recevez des propositions de missions que vous ne pouvez pas assurer, pensez à me les transmettre (benjamin.perrin.pro@gmail.com) pour que je les relaye à la communauté.
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🔭 DANS LE RADAR… Mes petits trésors
Vous reprendrez bien un peu d’écran pendant votre confinement ?
Soutenir les hôpitaux par la lecture, c’est possible. Ce recueil de textes écrits pendant le confinement est une porte d’entrée vers l’univers d’une soixantaine d’auteurs, parmi lesquels on retrouve Eric Orsenna, Michel Bussi ou encore une certaine Rachel Vanier.
Musique : Benedikt Frey — Trance Unlimited
Une track infernale qui a rythmé mon marathon d’écriture de ces deux dernières semaines — et illustre aussi le calvaire sonore que vivent mes voisins au quotidien.
Le confinement m’a finalement donné le temps (et le courage !) de me lancer dans les 3h30 de film du dernier Scorsese, produit par Netflix. Le résultat est un vrai voyage initiatique dans les entrailles et les rouages de la mafia américaine d’après-guerre. C’est loin d’être mon Scorsese préféré, mais ça reste une très belle réussite.
La production Netflix allemande est la digne héritière de créations devenues cultes comme Lost et Twin Peaks. Jamais je n’avais regardé une série aussi exigeante au niveau de l’attention du spectateur. Chaque détail compte, la symbolique est partout, et votre mémoire va être mise à rude épreuve. Un chef-d’œuvre !
Photos : Red Dead Redemption 2 — divers
De vrais photographes de rue réalisent des clichés fantastiques sur… un jeu vidéo. Le résultat est aussi fantastique que l’idée peut sembler farfelue. Jugez plutôt.
🔮 KNOWLEDGE IS POWER… Maintenant vous savez !
Une sélection spéciale pour corser votre jeu et vous préparer à repartir comme en quarante !
Statut du Commandeur : En tant que créateur de contenu, freelance ou entrepreneur, il me semble indispensable de s’approprier la notion de “signaling”. Cet article génial d’un employé de Stripe est une excellente introduction au concept.
Mine d’or : L’article le plus passionnant sur le storytelling que j’ai pu lire récemment est signé Sari Azout, VC et auteure de la newsletter Check Your Pulse. C’est brillant, c’est complet et il y a même un framework à appliquer. Must-read !
La part des anges : L’alter ego de Naval et second co-fondateur d’AngelList, Nivi, n’en est pas moins fascinant dans ses leçons de vie. Son approche de l’écriture est un point de départ — ou rappel en cours de route — idéal pour lancer et/ou affûter sa plume.
Qui est-ce : Perso, je ne savais pas que le joyau de la philosophie moderne “You Only Live Once” — a.k.a “YOLO” — avait été popularisé par Drake. Ce dont je me doutais encore moins, c’est qu’on le retrouvait avant lui chez… Balzac ?! Oui oui, dans la traduction anglaise de La Comédie Humaine. Si vous êtes amateurs de belles citations et des histoires qui les entourent, ou que vous aimez simplement rendre à César ce qui est à César, j’ai le plaisir de vous présenter le petit bijou qu’est Quote Investigator.
“If you were waiting for a sign, this is it” :
🗣 MEANWHILE… L’actu des lecteurs
Une communauté confinée n’est pas une communauté à l’arrêt. La preuve !
Caroline a un projet d’écriture pour ceux qui partent (et cherche des bénévoles).
Remi met en lumière 11 modèles mentaux pour voir la crise autrement.
Camille écrit son premier livre — et vous propose 5 min d’introspection.
Maxime vient de créer sa très mystérieuse Secret Company.
Rachel lance une école de danse (pour l’instant en ligne) en plein confinement.
Laetitia et Nicolas prennent un Nouveau Départ à deux sur Substack.
Christian a lui aussi une newsletter Substack, que je viens de découvrir.
Sephora m’a partagé une très belle initiative citoyenne : Désengorgeons le 15.
Noémie a interviewé Estelle (une autre lectrice de PWA !) dans son podcast.
Alexis et Valentin vous recommandent 10 livres à prendre sur une île déserte.
DERNIÈRE CHOSE…
L’ami Thomas Burbidge m’a lancé sur la question de la spécialisation. Erreur fatale : celui-ci a eu droit à 20 minutes de digression. Si la lecture de cette longue édition ne vous a pas achevés, libres à vous d’enchaîner sur la vidéo. À vos risques et périls.
À la prochaine et prenez soin de vous,
Benjamin
P.S : Retrouvez toutes les newsletters précédentes dans l’archive de Plumes With Attitude. Et si vous avez aimé cette édition, n’hésitez pas à la partager autour de vous, ainsi qu’à vous abonner pour recevoir les suivantes par e-mail.