Je vous avais laissĂ© sur un cliffhanger digne dâune fin dâĂ©pisode de Breaking Bad dans la derniĂšre Ă©dition. Alors, pourquoi choisir le paon en tant quâanimal totem de la communautĂ© ?
Pour commencer, jâaime bien les paons. Et pourtant, câest un oiseau qui vole rarement â mĂȘme si ça arrive. Mais surtout, le paon est le symbole de la beautĂ©. Et quoi de plus beau que les Belles Lettres, la fiction, la poĂ©sie, la puissance de lâĂ©crit ?
HĂ©las aujourdâhui, la rĂ©daction est trop souvent rĂ©duite Ă ses vertus SEO, Ă la course aux clics, Ă la chasse aux leads. Dans un monde idĂ©al, les plumes seraient reconnues â et rĂ©munĂ©rĂ©es â pour la beautĂ© de leur contenu. Et aujourdâhui, câest tout le mal que je vous souhaite.
Mais dans le monde des freelances, mieux vaut savoir faire des pirouettes. Et sur ce terrain, quoi de plus impressionnant que la roue du paon ? Mon ambition avec cette newsletter, câest de (re)mettre les plumes sous le feu des projecteurs. Et sait-on jamais, peut-ĂȘtre aussi de permettre Ă certains talents dâĂ©clore.
Certains clients peu scrupuleux vous prendront pour des pigeons. Et si je vous disais que vous étiez un paon ? Je vous laisse choisir votre camp.
Bonne lecture Ă toutes et Ă tous,
Benjamin
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đźÂ LâINTERVIEW⊠Willy Braun, co-fondateur de daphni
Ă chaque newsletter, je vous propose de dĂ©couvrir le portrait et les idĂ©es dâune vĂ©ritable plume âWith Attitudeâ. Aujourdâhui, câest au tour de Willy Braun, co-fondateur de daphni et VC qui Ă©crit.
Salut Willy et merci dâavoir acceptĂ© cette interview ! Je vais commencer par ma question fĂ©tiche de dĂ©but dâinterview. Ă quand remonte ton goĂ»t pour lâĂ©criture ?
Tout a commencĂ© par un goĂ»t prononcĂ© pour la lecture, que jâai dĂ©veloppĂ© dĂšs mon plus jeune Ăąge. LâĂ©criture est venue assez naturellement par la suite. Quand jâĂ©tais en prĂ©pa, jâavais un blog dans lequel je partageais les lectures et extraits de textes qui mâavaient le plus marquĂ©s. Je nâai jamais arrĂȘtĂ© dâĂ©crire depuis.
Pourquoi écrire quand on est VC ?
TrĂšs bonne question ! Tout dâabord, je pense quâĂ©crire te force Ă apprendre en continu. Quand tu veux maĂźtriser de nouveaux sujets ou comprendre de nouveaux marchĂ©s en tant quâinvestisseur, tu vas provoquer des rencontres et aller dans des lieux oĂč tu ne serais pas forcĂ©ment allĂ©. LâĂ©criture permet de formaliser ce que tu as en tĂȘte : le sujet que tu veux creuser, lâhypothĂšse que tu cherches Ă valider, les idĂ©es que tu veux explorer.
Peux-tu me donner un exemple concret tiré de ton expérience ?
Jâai rĂ©cemment publiĂ© un livre sur les RH en start-up (Human Resources For Startups). Avant de lâĂ©crire, jâavais dĂ©jĂ sorti des articles et conseillĂ© des entrepreneurs sur le sujet. Jâai eu la sensation de tourner en rond avec les mĂȘmes exemples, les mĂȘmes recommandations. Je me suis demandĂ© comment aller plus loin, comment dĂ©velopper ma rĂ©flexion, et aussi comment partager mes idĂ©es Ă plus de start-ups, au-delĂ de mes discussions avec les entrepreneurs du portefeuille ou avec ceux qui cherchent un financement de daphni. LâidĂ©e dâen faire un livre mâest donc venue assez naturellement.
Jâimagine que ça aide Ă©galement beaucoup Ă structurer sa pensĂ©e en tant que VC.
Justement, ça mâamĂšne Ă mon second point. Je suis passionnĂ© par tout ce qui touche Ă la prise de dĂ©cision. Câest un autre sujet sur lequel jâai Ă©crit par le passĂ©. Quand tu es VC, tu es dans un flux continu dâinformations, de rencontres, de donnĂ©es de marchĂ©, ... Or, il y a un enjeu crucial dans ce mĂ©tier : câest la vitesse. La question est de dĂ©terminer comment tu fais des analyses et prends des dĂ©cisions sur des croyances dĂ©corrĂ©lĂ©es. Car les gens qui se cĂŽtoient sâinfluencent. Et si tout le monde dit pareil, cela ne veut pas nĂ©cessairement dire quâune chose est valide : simplement que les gens sont proches les uns des autres. Poser toutes ces questions Ă lâĂ©crit mâa permis de prendre du recul sur le mĂ©tier et les processus de dĂ©cision.
Pour un VC, écrire serait donc comme un exercice de mémorisation ?
De mĂ©morisation et de modĂ©lisation, je dirais. LâĂ©crit permet de cristalliser ta rĂ©flexion Ă un moment donnĂ©, mais aussi dây revenir, de la partager. La crĂ©ation et le partage de contenus sont trĂšs prĂ©sents dans la culture daphni. On avait lancĂ© par exemple trois newsletters : une hebdomadaire qui est publique, une mensuelle dĂ©diĂ©e Ă la communautĂ© daphni (la daphnipolis), et une trimestrielle Ă destination de nos limited partners (n.b. : les investisseurs qui financent le fonds), en plus dâune lettre annuelle. Le format de cette derniĂšre sâinspire de la pratique des sociĂ©tĂ©s cotĂ©es qui partagent chaque annĂ©e une lettre aux actionnaires (comme la cĂ©lĂšbre âShareholder Letterâ, de Jeff Bezos). On produisait aussi beaucoup de contenus sur les modĂšles dâaffaires, les industries que nous regardions, la pratique du capital-risque, le financement de lâinnovation, la gestion et le dĂ©veloppement dâune start-up, sa gouvernance, etc. On a Ă©galement rĂ©alisĂ© beaucoup de portrait et dâinterviews, notamment mon associĂ© Mathieu Daix qui en publiait au moins une par semaine. Je parle au passĂ© car je suis sur le point de partir de la sociĂ©tĂ© et ne produis plus de contenu pour daphni en ce moment. LâĂ©quipe Ă©volue, la stratĂ©gie et les formats aussi, mais je sais que lâattachement pour le contenu est maintenu.Â
Est-ce que vous prenez en compte ce goĂ»t pour la lecture et lâĂ©criture lorsque vous recrutez en VC?
En VC, la mission principale des jeunes recrues est de sourcer et trouver les meilleures start-ups qui rĂ©pondent Ă ta thĂšse dâinvestissement. Donc, ce ne sera pas ce que nous recherchons en prioritĂ©. Cela dit, je trouve que les capacitĂ©s rĂ©dactionnelles et Ă©ditoriales sont trĂšs intĂ©ressantes chez un candidat. Ăa dĂ©montre des capacitĂ©s dâanalyse et de synthĂšse, en plus dâagir comme un âproxy socialâ qui va lui permettre de rencontrer plus facilement des entrepreneurs. Enfin, la visibilitĂ© que ça apporte Ă la fois sur la personne et sur le fonds est un facteur non-nĂ©gligeable Ă ajouter Ă lâĂ©quation.
J'ai l'impression que la crĂ©ation de contenu par des VC reste assez peu dĂ©veloppĂ©e en France, contrairement aux Ătats-Unis oĂč il y a de grosses rĂ©fĂ©rences comme Fred Wilson, Andrew Chen ou encore Benedict Evans.
Je pense quâil faut relativiser en fonction de la taille du marchĂ©. Si les gros fonds comme Andreessen Horowitz ou First Round sont trĂšs visibles par leur contenu, il y a aussi Ă©normĂ©ment de VC aux Etats-Unis qui nâĂ©crivent pas. En France, le rattrapage commence Ă se faire et ce sera bientĂŽt comparable proportionnellement Ă la taille du marchĂ©. La grosse diffĂ©rence, câest que ce nâest pas encore dans la culture et les habitudes des seniors. Mais des fonds comme Kima et Kerala sont Ă nos cĂŽtĂ©s sur cette voie depuis plusieurs annĂ©es. The Family produit aussi Ă©normĂ©ment de contenu, en ayant une organisation un peu diffĂ©rente dâun VC.
Dâailleurs, qui sont les VC que tu admires le plus sur le volet contenu ?
La question piĂšge ! (rires) Comme tu as citĂ© plus tĂŽt, lâĂ©quipe dâa16z est clairement au dessus, notamment Benedict Evans sur le mobile et Connie Chan qui couvre la Chine. Jâadmire Ă©galement Fred Wilson pour sa capacitĂ© Ă avoir de la qualitĂ© sur une frĂ©quence incroyable. Ă lâinverse, Bill Gurley de Benchmark nâĂ©crit pas souvent mais câest Ă chaque fois excellent. Hors VC, jâaime beaucoup le blog dâAsmath Damodaran, qui est professeur de finances Ă la Stern School of Business, Ă New-York.
Câest la mĂȘme universitĂ© que Scott Galloway, que jâadore !
Il est un peu remontĂ© contre les VCs en ce moment, mais je le lis aussi. (rires) Il y a aussi Jonathan Hsu (ex-Social Capital) sur tout ce qui est analytics, et Alex Danco qui est en train de percer avec un contenu Ă la Stratechery. Je me rends compte que je lis beaucoup plus de VC que je ne pensais, moi qui pensais te dire que je nâen lisais aucun ou trĂšs peu. (rires)
En parlant de VC, parlons de daphni plus en dĂ©tails ! En voyant ton background de co-fondateur, investisseur et auteur, je trouve que câest difficile de ne pas faire le lien entre le terme de "mutant" associĂ© au branding de daphni et ton propre parcours. Comment ce positionnement vous est-il venu ?
Je suis flattĂ© mais il faut savoir que ce positionnement nâa rien Ă voir avec nos parcours individuels. Le terme de âmutantâ sâapplique Ă notre approche collective en tant quâĂ©quipe : on a voulu faire muter le modĂšle de VC ensemble, en crĂ©ant une organisation âmutanteâ. Mathieu [Daix] et moi, on venait du branding. Lâinspiration graphique venait de Marie [Ekeland], qui Ă©tait trĂšs inspirĂ©e par Gaudi. Elle recherchait un univers colorĂ© et organique, oĂč les codes sont angulaires et noir et blanc. Nous avons collaborĂ© avec un freelance trĂšs talentueux : Quintin Leeds, qui sâest lancĂ© sur un pattern dans lequel sâinscrivaient les lettres âdaphniâ. On a ensuite utilisĂ© le âdaâ pour construire notre slogan âda city for goodâ. Le sens de âfor goodâ est double : Ă la fois âpour le bien communâ, mais aussi âpour de bonâ.
Et dâoĂč vous est venu ce terme de âmutantâ ?Â
La vraie histoire, câest que câĂ©tait un tic de langage de Mathieu et ses amis qui disaient souvent âtruc de mutantâ. (rires) Ăa rĂ©pondait parfaitement Ă notre reprĂ©sentation du monde comme Ă©tant une ville, et des start-ups en tant quâagents de transformation Ă©conomique et sociale. Ă la crĂ©ation de daphni, rares Ă©taient les fonds qui avaient un branding et des vellĂ©itĂ©s Ă©ditoriales aussi affirmĂ©es. On avait des goĂ»ts, des envies, des croyances dĂ©calĂ©s. Et en ce sens, on Ă©tait en quelque sorte des aliens dans le paysage du venture capital français.Â
Et si tu devais lancer un nouveau fonds demain, que ferais-tu différemment sur le volet contenu ?
Je pense que je mettrais dĂšs le dĂ©but plus de ressources sur les volets Ă©dito, mĂ©dia et communautĂ©. Un des piĂšges Ă Ă©viter selon moi est ce mimĂ©tisme qui te pousse Ă lancer un podcast ou des Ă©vĂ©nements parce que tout le monde sây met, pour ne pas marcher plus lentement que les autres. Mais derriĂšre, il faut avoir des convictions sur lâutilitĂ© de lâexercice et un attachement Ă la communication : par exemple, partager du savoir, rĂ©vĂ©ler ses fragilitĂ©s ou encore offrir ses interprĂ©tations du monde. Les tentatives Ă©chouent souvent quand les ressources engagĂ©es sont trop limitĂ©es et que les personnes en charge ne sont pas assez influentes. Car il y aura toujours des moments oĂč il y aura des questions dâarbitrages, de doutes ou de petites crises liĂ©es Ă la rĂ©ception dâun sujet. Câest aussi une question dâaudace, et de capacitĂ© Ă tester des formats inattendus, oser un propos dissonant, rĂ©vĂ©ler des donnĂ©es que tout le monde considĂšre comme privĂ©e. Sans aspĂ©ritĂ©, sans parti pris, sans libertĂ©, il nây a pas de communication efficace possible.Â
Selon toi, les VC auraient intĂ©rĂȘt Ă travailler sur ces enjeux avec des freelances ?
Ăa peut ĂȘtre une bonne solution mais il y a des conditions. Tout dâabord, la personne doit trĂšs bien connaĂźtre lâindustrie VC, lâĂ©cosystĂšme entrepreneurial et lâĂ©conomie en gĂ©nĂ©ral. Si elle a un podcast Ă succĂšs mais sans avoir dâintĂ©rĂȘt initial pour la tech, ça va ĂȘtre compliquĂ© dâĂȘtre crĂ©dible aux yeux de ta cible â mĂȘme si la qualitĂ© est lĂ sur la forme. Ensuite, il ne faut pas penser que le seul fait de trouver un(e) freelance qualifiĂ©(e) pour le job va ĂȘtre la solution Ă tout. Sans onboarding dĂ©diĂ©, sans immersion dans la culture interne, sans Ă©change avec lâensemble de lâĂ©quipe, sans rĂ©elle volontĂ© et effort collectifs, la personne ne peut pas rĂ©pondre Ă ce qui est attendu dâelle. DâoĂč lâimportance pour les fonds de reconnaĂźtre que travailler avec des freelances sur du contenu, ce nâest pas seulement une pige ou un tweet de temps en temps mais un vrai mĂ©tier avec une expertise technique et des connaissances spĂ©cifiques derriĂšre. Câest un investissement qui coĂ»te certes, mais aussi qui rapporte.Â
Personnellement, je vois les VC comme des connecteurs entre les start-ups et leurs futures recrues, clients ou investisseurs potentiels⊠mais pas forcément avec des freelances. Imagines-tu un rapprochement entre VC et indépendants dans les années qui viennent ?
Pour moi, la question sous-jacente serait : jusquâoĂč les ressources dâun VC peuvent-elles ĂȘtre consacrĂ©es Ă des fonctions qui ne sont pas spĂ©cifiquement dĂ©diĂ©es Ă lâinvestissement ? Aujourdâhui, on commence Ă voir les premiers indices de cette transition, avec lâextension des ressources des fonds vers des activitĂ©s connexes. Certains VC de premier plan passent notamment beaucoup de temps Ă Ă©crire. Le blog First Round Review en est sans doute la meilleure illustration. Pour en revenir aux freelances, nâoublions pas quâune grande majoritĂ© de lâargent des VC a vocation Ă recruter des talents dans les start-ups. Et il nây a pas que du recrutement, mais aussi â et de plus en plus â des collaborations avec des travailleurs indĂ©pendants. Dans un sens, on peut dire que les VC financent dĂ©jĂ lâĂ©conomie freelance.Â
Dans la derniĂšre Ă©dition de Plumes With Attitude, jâavais Ă©voquĂ© ce mouvement Ă©mergent de passion economy qui me fascine. Aujourdâhui, des start-ups comme Patreon, Podia ou Substack (que jâutilise pour cette newsletter) permettent Ă des indĂ©pendants de monĂ©tiser leurs crĂ©ations. Alors je me demandais : Ă quand des âmicro-VCâ pour freelances ? Penses-tu que ces derniers pourraient accĂ©der au capital risque de la mĂȘme façon quâun fondateur de start-up ?
Par dĂ©finition, les freelances sont libres et indĂ©pendants. Ils nâont donc aucune obligation envers qui que ce soit, Ă©tant donnĂ© quâils ne construisent pas une Ă©quipe. Or, câest prĂ©cisĂ©ment ce qui lie une start-up Ă un VC. Si on peut tout Ă fait imaginer que des investisseurs financent des indĂ©pendants pour leur lancement (par exemple : financer des actifs, faire du marketing et dĂ©velopper leur clientĂšle), je ne suis pas sĂ»r quâil existe un besoin durable et significatif de leur cĂŽtĂ©, car il faut se dire que cela grĂšverait leur revenus nets. En tout cas, je ne pense pas que cela puisse fonctionner dans un modĂšle de financement tel que celui du capital risque.Â
Ceci dit, les freelances ont des difficultĂ©s pour accĂ©der au capital auprĂšs dâacteurs traditionnels comme les banques. Quel serait selon toi le modĂšle qui leur offrirait de meilleures opportunitĂ©s de financement ?
Pour moi, la passion economy est effectivement un modĂšle prometteur, dans la mesure oĂč tu tâaffranchis des distributeurs de contenus (mĂ©dias) via lâabonnement et/ou le paiement direct pour accĂ©der Ă ton contenu. Câest une sorte de mise en pratique du concept des â1000 True Fansâ de Kevin Kelly, qui te permet de gĂ©nĂ©rer des revenus passifs. CĂŽtĂ© financement, je suis trĂšs inspirĂ© par les formules dâĂ©ducation basĂ©es sur lâISA (Income Sharing Agreement). Holberton School (oĂč nous sommes investisseur) et Lambda School en sont des exemples parfaits : tu ne paies aucun frais de scolaritĂ© Ă lâentrĂ©e pour ta formation de dĂ©veloppeur, mais tu seras prĂ©levĂ© dâun certain pourcentage sur le salaire de ton premier job pendant les premiĂšres annĂ©es. Pour un freelance qui doit se former en permanence, dĂ©velopper de nouvelles compĂ©tences, ou qui souhaite se reconvertir, je pense quâun modĂšle comme lâISA serait vraiment intĂ©ressant.Â
Acheter du temps pour se lancer, se former : câest gĂ©nial. Mais en tant que freelance, tu dĂ©pends plus que quiconque de ton travail. Et comme discutĂ© avec Laetitia Vitaud, tu nâas pas le mĂȘme âbundleâ (santĂ©, retraite, chĂŽmage, âŠ) quâun employĂ©. Câest pourquoi je mâintĂ©resse de plus en plus Ă lâinvestissement. RĂ©cemment, jâai dĂ©couvert une initiative fascinante lancĂ©e par Naval Ravikant, qui sâappelle Spearhead. LâidĂ©e, câest dâaider des entrepreneurs Ă devenir business angels. Ăa passe par de la formation, du mentoring et un soutien Ă hauteur dâun million de dollars pour crĂ©er leur premier fonds. Personnellement, jâaimerais beaucoup voir ce genre dâinitiatives sâouvrir au-delĂ du monde souvent Ă©litiste de lâentrepreneuriat. Et pourquoi pas aux freelances ? Je suis convaincu que les plus expĂ©rimentĂ©s dâentre eux feraient dâexcellents business angels.Â
Je pense quâil y a dĂ©jĂ des freelances qui mettent des tickets dans des start-ups. Et câest effectivement une bonne idĂ©e dâun point de vue purement Ă©conomique, dans la mesure oĂč tu ne peux devenir vĂ©ritablement riche que par le capital, et non le travail. Ce nâest bien entendu pas une fin en soi, mais ça peut te permettre dâacheter une sĂ©curitĂ© que tu nâas pas forcĂ©ment quand tu es freelance. En tout cas, la discussion sous-jacente concerne le partage de la crĂ©ation de valeur avec les freelances. Une piste intĂ©ressante se trouve du cĂŽtĂ© des entreprises qui proposent leurs services contre de lâequity. Câest le cas de certains cabinets dâavocats. Ceux-ci peuvent offrir leurs services Ă des start-ups early-stage contre de lâequity. Sur la cĂŽte Ouest, il y a une agence cĂ©lĂšbre de production vidĂ©o qui sâappelle Sandwich. Celle-ci est rĂ©putĂ©e pour avoir rĂ©alisĂ© des vidĂ©os trĂšs virales qui ont contribuĂ© Ă la notoriĂ©tĂ© de start-ups comme Slack ou Airbnb Ă leurs dĂ©buts. Et comme le coĂ»t de production est Ă©levĂ©, elle propose souvent Ă ses clients une rĂ©munĂ©ration en equity. Depuis, ça a plutĂŽt bien marchĂ© pour eux. (rires)
Que penses-tu de lâĂ©closion de modĂšles alternatifs de VC comme Indie.vc ? Penses-tu que ceux-ci sont lĂ pour rester ? Le traitement mĂ©diatique de lâaffaire WeWork mâa semblĂ© remettre plus que jamais lâindustrie en question. Certains annoncent mĂȘme la fin de lâĂšre des start-ups dĂ©ficitaires et trĂšs gourmandes en capital comme Uber.
CĂŽtĂ© VC, il y a plusieurs questions qui en dĂ©coulent. Sur le volet micro, on peut se demander jusquâoĂč un fonds late-stage comme SoftBank pourra rĂ©ussir Ă trouver et financer des boĂźtes amenĂ©es Ă devenir indĂ©trĂŽnables sur leur marchĂ©. La traduction Ă Ă©chelle macro, câest de dĂ©terminer si lâĂ©cosystĂšme tech peut grandir Ă lâinfini ou sâil existe un goulot dâĂ©tranglement au niveau du nombre de gĂ©ants qui peuvent Ă©merger via ce modĂšle de financement.
Aujourdâhui, les VC ont-ils de quoi sâinquiĂ©ter par rapport Ă lâavenir de leur modĂšle ?
Tout dâabord, il ne faut pas oublier que câest en bout de chaĂźne que la question sâest posĂ©e avec le cas WeWork. Cela veut dire quâil nây a pas nĂ©cessairement de remise en question du bien-fondĂ© de lâinvestissement early-stage, mĂȘme si toute la chaĂźne est interconnectĂ©e. Je pense donc que le VC traditionnel va perdurer. Ce qui va ĂȘtre particuliĂšrement intĂ©ressant avec des fonds comme Indie.vc, câest la prise en compte de lâimpact dans la performance des entreprises, au-delĂ de la seule crĂ©ation de valeur purement Ă©conomique. Donc oui, je pense que ce nâest que le dĂ©but et que lâon va dĂ©couvrir de nouveaux types dâentreprises âĂ missionâ, de nouveaux modĂšles de gouvernance, de nouvelles relations entre shareholders et plus largement, entre stakeholders. La question est de savoir si ces start-ups rĂ©ussiront Ă crĂ©er de la valeur (qui nâest pas nĂ©cessairement uniquement reflĂ©tĂ©e par le prix), la mesurer et convaincre des investisseurs, ou Ă dĂ©faut de sâautofinancer. Cela dĂ©pendra notamment de qui sera derriĂšre ces nouveaux fonds, et du retour que ces personnes attendront. Je suis sĂ»r quâil y aura de plus en plus dâentreprises Ă forte croissance, fort impact et fort retour financier, mais le challenge de financement nâest pas ici.Â
Ăa pourrait ressembler au modĂšle du mĂ©cĂ©nat en fait ?
En effet, il y a des similitudes sur une partie de ces sociĂ©tĂ©s (celles qui ne pourront pas offrir en parallĂšle un retour financier). LâĂ©conomie a longtemps reposĂ© sur trois piliers : les entreprises âfor profitsâ, le milieu associatif et les pouvoir rĂ©galiens. Les entreprises âĂ missionâ sont souvent dans un modĂšle âfor profitsâ, mais peuvent aussi grignoter sur de lâĂ©tatique. Ce nâest pas une mauvaise chose, bien au contraire. Quand la notion de valeur et la gouvernance Ă©voluent, les frontiĂšres bougent assez vite. Câest mĂȘme trĂšs probablement une excellente nouvelle. Car si des entrepreneurs mettent leurs compĂ©tences au service du bien commun, tout en Ă©tant capable de se financer jusquâĂ pouvoir ĂȘtre bĂ©nĂ©ficiaires, alors câest gagnĂ©.Â
Et je nâaurais pas pu trouver de meilleure fin pour clĂŽturer cette belle interview. Un grand merci Willy, câĂ©tait juste gĂ©nial de balayer tous ces sujets avec toi. Jâai hĂąte de savoir ce que tu nous prĂ©pares aprĂšs daphni et te souhaite bon courage pour tes futurs projets.
Le best-of lecture de Willy :
đ FICTION
Risibles Amours, de Milan Kundera
Citadelle, dâAntoine de Saint-ExupĂ©ry
Martin Eden, de Jack London
Les FrĂšres Karamazov, de Fiodor DostoĂŻevski (Cadeau : le meilleur chapitre Ă lire ici)
đ NON-FICTION
Une Logique de la Communication, de Paul Watzlawick
Thinking Strategically, de Avinash K. Dixit et Barry J. Nalebuff
Source of Power, de Gary Klein
Telling True Stories, de Mark Kramer
đ BONUS
La liste complĂšte des recommandations de Willy
đ MISSIONS FREELANCES & CDI⊠Quoi de prĂ©vu pour demain ?
Et bien, rien du tout. Car aprĂšs tout, demain câest fĂ©riĂ©. đ
Les deux éditions étant trÚs rapprochées, je vous laisse le temps de saisir les (nombreuses) opportunités dénichées dans la derniÚre newsletter.
Et comme je nâaime pas venir les mains vides, voici quelques conseils tirĂ©s de mon chapeau (Halloween oblige) pour vous aider Ă gagner en street-credâ :
Connaissez-vous le schĂ©ma AARRR utilisĂ© par toute start-up qui se respecte ? Il semblerait que celui-ci est rĂ©plicable pour un(e) freelance, et mĂȘme pour des groupes de rap de qualitĂ© plus que douteuse⊠Essayez et vous verrez !
Les VC, ça vous parle ? Si la rĂ©ponse tend plutĂŽt vers le ânonâ, la bonne nouvelle est que vous allez bientĂŽt en savoir plus. Vous trouverez difficilement de meilleurs interlocuteurs pour ce qui sâagit des effets de rĂ©seaux. Sâen rapprocher peut vous ouvrir les portes des start-ups de leur portefeuille.
Vous voulez un seul conseil SIMPLE pour ĂȘtre plus productifs dans lâĂ©criture (ou tout le reste) ? Fermez tous les onglets de votre navigateur. Ou plutĂŽt, gardez uniquement ceux qui vous sont indispensables Ă lâinstant T. Recommencez plusieurs fois par heure/jour en fonction de votre propension Ă en ouvrir de nouveaux. TĂ©lĂ©chargez lâextension OneTab pour tous les regrouper en un seul onglet. VoilĂ , vous pouvez arrĂȘter de lire du start-up p*rn sur la productivitĂ©.
đ đ benjamin.perrin.pro@gmail.com pour me suggĂ©rer une mission Ă ajouter Ă la prochaine newsletter. Ă noter que je me rĂ©serve le droit de publier (ou non) les offres reçues, et ce afin de garder mon indĂ©pendance Ă©ditoriale.
đ DANS LE RADAR⊠Mes petits trĂ©sors
Et si les rĂ©ponses Ă tous nos problĂšmes Ă©taient dĂ©jĂ sur Internet ? Câest mon mantra, et Ă chaque newsletter je compte vous montrer pourquoi. Voici donc ma petite sĂ©lection de ce qui mâa le plus marquĂ© rĂ©cemment et que jâestime digne de votre attention.
Le concept : La candidature spontanĂ©e du freelance sâappelle une âLetter of Interestsâ. Et il y a une mĂ©thode pour ça, Ă retrouver dans une (autre) newsletter en or pour les indĂ©pendants. đ
Le raccourci : Sipreads est un recueil de résumés des plus grands livres de non-fiction) pour vous éviter de⊠vous avez deviné, les lire en entier.
La botte secrÚte : Nicolas Colin a de nombreuses cordes à son arc, notamment la production de contenu et la stratégie. Combinez les deux et vous obtiendrez la recette de vos futurs meilleures alliées, à savoir les start-ups qui misent gros sur le contenu.
đŁÂ MEANWHILE⊠Lâactu des lecteurs
AprÚs Laurent Garnier, mon frÚre a interviewé un nouveau DJ : Daniel Avery.
Anne-Laure continue dans sa sĂ©rie dâarticles fantastiques, cette fois-ci sur le mythe de lâoriginalitĂ©.
Alexis a sorti un Ă©pisode de podcast sur lâĂ©thique et le design humain.
Samuel nous révÚle comment écrire au président.
Léa a participé à un concours de nouvelles sur le thÚme de⊠la solidarité.
Constant lance la nouvelle version de sa newsletter pour VC, Break.fast.
Et vous⊠ils ressemblent Ă quoi vos projet du moment ? RĂ©pondez Ă cet e-mail pour mâen parler et apparaĂźtre dans la prochaine Ă©dition.
đ LA COLLABâ DU MOIS⊠Planet With Attitude
En novembre, ma plume risque de faire quelques écarts.
Je suis abonnĂ© Ă plusieurs dizaines de newsletters anglophones. Mais dans la langue de MoliĂšre, une seule : Planet. Ses deux auteurs Arthur et Kevin passent lâactualitĂ© business et tech mondiale au peigne fin pour ne garder que le meilleur.
Le rĂ©sultat, câest :
3 éditions par semaine
10 000 lecteurs
Une audience high-level fĂ©rue dâinnovations (50% de dĂ©cideurs, 20% dâentrepreneurs, des journalistes, des influenceurs et⊠Xavier Niel himself)
Des tribunes chez Usbek & Rica
Et aussi des taux dâouverture et de clics dont il serait indĂ©cent de parler ici đ
Bref, en novembre je file un coup de main aux copains sur le volet sponsoring et copywriting. Alors si avez un produit taillĂ© pour cette audience et que vous voulez votre petite annonce native rĂ©digĂ©e par mes soins, le tout dans une newsletter de qualitĂ© lue par les initiĂ©s⊠faites-moi signe : benjamin.perrin.pro@gmail.com. đ
Et si vous avez des ami(e)s entrepreneur(e)s ou employĂ©(e)s de start-ups BtoB qui ont des enjeux de Branding, Marque Employeur ou Acquisition (qui nâen a pas ?), je vous fais confiance pour leur passer le mot.
đŁÂ MUSIQUE MAESTRO⊠Du contenu dans les oreilles
Petite sĂ©lection de ce qui me passe par la tĂȘte entre deux Ă©ditions, le tout thĂ©matisĂ© en fonction du contenu de lâinterview. Il y en aura pour tous les goĂ»ts, mais surtout les miens. đ
Fous dâEBITDA : Tame Impala - It Might Be Time
TournĂ©e dâIPO : BRYZ - Morning Light
Winner takes all : Fazerdaze - Last To Sleep
Bullish market : Midland - The Alchemy of Circumstance
Free cash-flow : Interplanetary Criminal - Pain (All I Want)
THE END⊠à qui le tour ?
Et oui, Ă votre tour dâĂ©crire maintenant. Trois voies sâouvrent Ă vous :
Vous pouvez mâĂ©crire (benjamin.perrin.pro@gmail.com) pour me partager vos rĂ©actions, mâaider Ă trouver des missions ou mâenvoyer vos derniĂšres lectures.
Vous pouvez aussi parler de Plumes With Attitude (@PWA_newsletter) sur Twitter, LinkedIn, ou encore dans vos groupes Slack respectifs pour mâaider Ă faire grandir la communautĂ©.
Vous nâavez pas le temps ou lâenvie dâĂ©crire maintenant ? OK, transfĂ©rez cet e-mail en quelques secondes Ă 5 personnes susceptibles dâĂȘtre intĂ©ressĂ©es par le contenu de cette newsletter. đ Freelances, entrepreneurs, VC, employĂ©s, Ă©tudiants ou simples curieux : vous avez le choix !
Joyeux Halloween Ă toutes et Ă tous, profitez bien de la Toussaint et Ă bientĂŽt,
Benjamin
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